C'était vraiment un sacré cinéma

C'était pas du cinéma, son affaire. Il l'a fait ! Neuf mois de "moteur" dans la tête. Il a bientôt la soixantaine et l'été dernier, il tournait un film. Réalisait un court métrage. Son quatrième, ou son cinquième. Un objet cinématographique assez étrange que cet autotidacte aux plusieurs vies avait décidé de faire coûte que coûte, de débrouille en bouts de ficelles et de bouts de ficelles en débrouille. Sans autres coups de mains que ceux des amis et des voisins.
Tout a du coup été fait maison, quasiment. Scénario, musiques, déboulé de motos, bouchon dans une ville, bagarre sur une plage.
Il fallait le voir organiser son affaire, laquelle a l'air de rien embarqué plus de 150 personnes.
Il fallait le voir conduire son projet qui devait le mener de la Lorraine à Sète en traversant la France, chercher des abbayes et des campings, caler des agendas, imaginer son histoire, en raconter le déroulement.
L'autre soir, c'était présentation du film. Avant première, comme on dit. Il fallait le voir, ce film, enfin devenu réalité et projeté sur un mur.
J'étais fier de ce gars-là. Il était heureux de son coup. La salle était pleine. Son épouse, sa fille, sa petite fille étaient là. Tout cela était sans prétention.
Il m'avait dit : Je vais deux ou trois fois au cinéma par semaine. C'est normal de rendre au cinéma tout ce qu'il me donne. Chapeau l'artiste !Donc, on peut soulever des montagnes. Quelle foi !
Magnifique !