François Bayrou et les absences inexpliquées

Publié le 19 décembre 2009 par Exprimeo
Le leader du Modem reste étrangement à l'écart de faits d'actualité qui sont pourtant supposés aller dans son sens. Certes, la dure épreuve d'une disparition familiale est de nature à le fragiliser tout naturellement. Mais faut-il rechercher d'autres explications ailleurs ? La période actuelle voit progressivement la naissance d'une nouvelle exception Française : une comédie permanente sans prise sur les réalités. Est-ce l'émergence d'une nouvelle "exception Française" ? Au départ, la situation est simple. Les Italiens sont supposés avoir inventé l'art tandis que les Français sont supposés avoir inventé la pensée à une époque où le Français était d'ailleurs la langue de la civilisation. Ce rappel de l'histoire permet de mieux comprendre les raisons de la première exception Française. Une autre excpetion Française est-elle en train de naître ? Prenons quatre exemples récents. Le 17 décembre, le patron d'un grand groupe industriel est reçu sur plateau TV à une heure de grande écoute. De quoi est-il question ? De la crise économique ? De la reprise ? Des mutations de l'édition ? Aucun de ces sujets "accessoires" n'a trouvé grâce aux yeux des journalistes comme du patron en question. Dans un rire permanent de grande complicité, des questions portent sur des couvertures de magazines et le point de savoir si l'intéressé a ... couché avec un joueur de tennis. Second exemple : la décision de l'AMF dans le dossier EADS. Que traduit-elle ? La France dispose d'analystes financiers hors pair qui décident de vendre tous en même temps des actions d'un groupe sans savoir qu'il s'apprête à traverser des moments difficiles qui vont faire chuter le cours. Avec des financiers d'un tel talent, comment comprendre que le pays puisse être confronté à une crise de quelque nature que ce soit ? Troisième exemple : Julien Dray. Pendant des mois, il fut question d'une affaire qui mêlait des comptes qui auraient dû être étrangers et imperméables. Les sommes en question sont très élevées. L'objet des dépenses concerne des frais purement privés et futiles : des montres de collection. A quelques jours de Noël, sans élément nouveau, le dossier est dénoué par un rappel à la loi, procédure originale qui s'apparente à une petite fessée publique. Quatrième exemple : Copenhague. Pendant des mois, une campagne publicitaire a proclamé "il n'y a pas de petits gestes quand on est 60 millions à le faire". Quels "petits gestes" ont été invités à faire les Français pour donner l'exemple pendant le sommet de Copenhague ? Aucun puisque Copenhague c'est l'enjeu que la France porte en dehors de son territoire où là l'enjeu est ... l'identité nationale. Il est rare de trouver de tels décrochages entre la réalité et la version officielle. C'est le politique show permanent qui évite de s'attaquer aux problèmes de fond. Pendant encore combien de temps cette nouvelle exception française peut-elle durer ? Ce contexte amène de l'eau au moulin du leader du Modem. Mais dans le même temps, il reste à l'écart. Faut-il y voir une situation ponctuelle exceptionnelle liée au décès de sa maman et le flottement personnel légitime qui peut en résulter ? Faut-il y voir bien au-delà une lassitude, voire un doute plus global, sur la stratégie à suivre ? Cette question mérite une attention particulière dans les prochaines semaines.