Récemment au boulot on m'a demandé un top 10 pour la décennie qui s'achève, tâche qui s'est rapidement révélée insurmontable (pas réussi à descendre ne serait-ce que sous les 40... Mais quoi,
c'est une souffrance ineffable de devoir choisir, parce que ces choix sont d'une certaine manière censés me représenter, et qu'à un moment cela implique donc de figer son identité dans une pose
factice, ce que j'ai fini par refuser de faire - oui je suis un peu chiant aussi).
Toutefois, une chose ne faisait aucun doute, c'était l'identité du numéro 1.
The New World, sorti début 2006, n'est que le quatrième film (pour autant de chefs-d'oeuvre) de Terrence Malick en plus de
trois décennies, mais il vient seulement 7 ans après le précédent, déjà un monument (La Ligne rouge), presque une cadence
de stakhanoviste pour le bonhomme... Je ne vais pas me lancer dans une analyse, on s'en sortirait jamais. Je me souviens juste être sorti du cinéma, m'être assis sur un banc pour attendre un
bus qui jamais ne vint (et pour cause, si j'avais été dans mon état normal je me serais rendu compte qu'il n'en passait plus depuis une heure), et être resté là une heure, complètement immergé
dans mes visions. Puis je me revois rentrer comme un zombie, allumer mon PC, et passer une bonne partie de la nuit à écrire, en transe, pas une critique ou une analyse, juste des phrases, qui ont
fini par faire un texte, qui s'est avéré être un poème (et pour une fois il était lumineux - je n'ai pas dit qu'il était bon).
Bref, j'ai la chance d'avoir quelques amis qui ont un goût exquis (le mien, en gros), et qui partagent cette opinion au sujet du Nouveau monde, mais jusqu'ici j'avais quand même
l'impression que nous nous heurtions dans notre enthousiasme à un monde plutôt hostile... Jusqu'à ce que je vois cet article (http://www.guardian.co.uk/film/2009/dec/10/the-new-world-terrence-malick) sur le site
du Guardian. Béni soit son auteur... Je ne souscris pas à tout ce qu'il dit (notamment ses réserves sur La Ligne rouge, son visible et un peu imbécile mépris pour
Tony Scott, ou sa certitude que ce 4ème opus constitue le sommet de l'oeuvre de Malick, ce qui se défend mais dévalue injustement ses trois métrages précédents), mais l'essentiel est
qu'il situe Le Nouveau monde à sa juste place, dans la stratosphère. Amen.