La syrah australienne en 3 vallées !

Par Eric Bernardin

(Mon texte étant envoyé en avance par erreur, il n'y en aura pas demain matin...)

Tout amateur de vin ouvert sur le monde a une idée plus ou moins précise de ce à quoi peut ressembler une syrah australienne. L'idée du QSCB était de faire une exploration plus en profondeur en étudiant les trois grandes vallées viticoles du pays : Clare, Barossa et Mc Laren.

Les vins ont été servis à une température relativement fraîche (env 14°), car d'une façon générale, c'est du lourd ! Cela n'a pas empêché certains d'avoir malgré tout des finales chaleureuses.

La Clare Valley
Située à 100 kms au nord d'Adélaïde, son climat est très chaud. Cette vallée est très connue pour ses rieslings expressifs pourvus paradoxalement d'une grande acidité. Mais le climat convient bien pour la Syrah.
Kilikanoon, killerman's run 2003 (60% Syrah 40% Grenache) : robe sombre, au disque légèrement évolué. Nez très expressif sur la liqueur de fruits noirs, la réglisse, la noix de coco. Bouche ample, fraîche, avec beaucoup de fruit, et des tannins ronds, doux. Finale mûre, épicée. Vin équilibré, assez digeste (16 €).

Killikanoon, Covenant shiraz 2004 : robe sombre, pourpre. Nez sur la mûre, le caramel, le clou de girofle et la vanille. Bouche plus dense que le précédent, avec un côté presque crémeux, tout en restant plutôt frais. Les tannins sont doux, et le restent jusqu'en finale, sans une once de sucrosité. Une syrah presque idéale (30-35 €).

La Barossa Valley
Certainement la vallée la plus connue d'Australie. Elle est située à 50 kms au nord d'Adélaïde, avec un climat relativement proche de celui de Clare Valley. Nous commençons par un vin du même producteur que précédemment.
Kilikanoon, Testament shiraz 2004 : robe encore plus sombre, atramentaire. Nez d'une grande distinction, sur le chocolat noir, la liqueur de myrtille, les épices nobles, et une touche de poivre. Bouche très ample, toute en rondeur, avec une matière dense et tannins enrobants. La finale est fraîche (menthol, eucalyptus) et un peu amère (élevage un peu trop marqué). Un beau vin (30-35 €).
Schutz, Stonewell red nectar shiraz 2004 : robe très sombre. Nez sur les fruits noirs bien mûrs. Bouche vive, élancée, avec une matière douce, sans tannins apparents. Finale fraîche, mentholée. Vin d'une grande digestibilité (19 €)

Rusden, Stockade shiraz 2005 :
nez sur l'olive noire, le cade, le poivre, évoquant plus une syrah française qu'australienne. Bouche ample, tapissant le palais, avec de la fraîcheur. Finale puissante, un peu desséchante, marquée par l'eucalyptus (16 €)
Rusden, Black guts shiraz 2002 : robe un peu plus marquée par l'évolution. Nez balsamique sur des notes de cèdre, de poivre et d'eucalyptus. Bouche ample, avec une matière mûre, aux tannins moelleux, d'un bel équilibre. Finale épicée marquée par la réglisse et l'eucalyptus (encore...). Sympa, mais un peu cher (63 €).
La McLaren Vale
Elle est située à 50 kms au sud d'Adélaïde. Comme nous sommes dans l'autre hémisphère, c'est une vallée plus fraîche que les précédentes, d'autant qu'elle est à proximité de la mer.
Wirra Wirra Woodenge shiraz 2006 : nez sur l'olive noire, les épices, l'eucalyptus. Bouche ample, douce, soyeuse, sensuelle. Finale un peu chaude (15 €).

Ulithorne, Frux frugis shiraz 2002 :
nez plus discret, avec de la réduction. Bouche  toute en rondeur, très ample, aux tannins polis, savoureuse. Finale légèrement sucrée (le premier depuis le début, 22€).
Clarendon Hills, Piggot range syrah 2001 : nez vif, sur l'eucalyptus et le poivre. Bouche riche, dense, mais avec des tannins terriblement asséchants. Totalement rédhibitoire :o( A 65 €, je passe mon tour...
Pour finir, une rareté : un liquoreux à base de shiraz de 1982 !
Trevor Jones, A/T liqueur Shiraz 1982 : robe acajou aux reflets cuivrés. Nez évoquant certains vins espagnols : café, noix, figues, épices. Bouche ronde, douce, suave, sans trop de lourdeur. Finale intense, épicée, au sucre très discret. C'est bon, voire très bon, mais de là à coller un 100/100 comme Parker, ça m'échappe un peu :oS (20 €)
Au final, il ne paraît pas évident de distinguer les vallées les unes des autres. Bien malin celui qui peut y arriver. C'était malgré tout intéressant, car peu des syrah bues ce soir tombaient dans le cliché du vin lourd, sirupeux, difficile à boire.

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