Poezibao rappelle que Valérie Rouzeau a publié tout récemment Quand je me deux, aux Éditions Le Temps qu’il fait.Lire ici et là
Ce soir je vais écrire un long poème lyrique
je trouverai le titre après
l'herbe verte tendrement bruit de campanules
l'amour supposé plume perdue bleue
le geai
un vent infidèle à Éole un vent épidermique
amour d'homme à homme
d'homme à femme
Rimbaud blessé en Angleterre mais Nevermore
miaulements angoissants de la nuit nasillarde
je trouverai le titre après
j'avance à tâtons vers une farce une farce
et j'aurai beau nommer l'Amour le toucher
je resterai toujours terriblement seule
avec ma peau sur le dos
ma peau comme un symbole et que sais-je
ma peau
qui dort l'été qui dort
tendrement l'herbe est verte une fillette l'apporte
sur un plateau de verre
d'où le monde peut paraître limpide
je trouverai le titre après
Le jour fuit sous la tôle ondulée
des hangars de désespérances
où traîne un vieux poème en loques
Le caniveau charrie noir du sang
c'est la petite poupée morte
c'est le joli songe amputé !
Ah une autre planète le nom l'adresse
le numéro de téléphone
du neuf à palper autrement gémir
s'il faut gémir
nouveaux l'être et l'avoir
le cimetière est mort !
Valérie Rouzeau, Je trouverai le titre après, éditions Le Pont sous l'eau, 1989, p. 16 et 25.