Entetien avec Bastien, l'un des plus créatifs espoirs de My Major Company, le site participatif de production musicale. Ce rockeur de 28 ans, né à Gisors, petite ville célèbre pour son château "templier", pratique en autodidacte la guitare acoustique et électrique depuis plusieurs années. Pour un débutant n'ayant pas eu l'occasion de s'affûter au sein de formations locales ou d'orchestres amateurs, les maquettes proposées à l'écoute témoignent d'une belle maîtrise et d'une grande adaptabilité musicale : R'n'B, pop, ballades, rock, punk, métal, rien ne lui résiste. Cela méritait bien une interview pour faire connaissance avec cet oiseau rare :
Arianil : Pourquoi avoir choisi "My Major Company", un label sur internet ?
Bastien : C'est en entendant Grégoire en parler que l'idée a fait son bonhomme de chemin. Le concept est sympa en soit : laisser le public décider. En revanche, les choix du public (français particulièrement) me laissent parfois dubitatif. Donc, ça me fait très peur aussi. En tous cas, cela peut être un joli pied de nez aux maisons de disques traditionnelles. Mais je regrette une chose, c'est d'avoir attendu trop longtemps pour m'y inscrire. J'aurais pu le faire il y a déjà 6 mois au moins ; cela aurait été bien plus simple qu'aujourd'hui [Note d'Arianil : on note en effet une inscription croissante d'artistes en devenir attirés par la renommée du label].
A : Quels sont tes goûts musicaux ? Qu'écoutait-on chez toi quand tu étais enfant, puis adolescent ?
B : J'ai beaucoup écouté les Beatles (Abbey Road) et John Lennon, puisque mes parents avaient les vinyles. Puis j'ai découvert Queen via le film Highlander. J'ai pris une bonne claque en découvrant "Bullet with butterfly wings" des Smashing Pumpkins. Plus tard Nirvana, et encore plus tard Metallica. Sinon, je suis très sensible aux musiques de film et à la musique classique. Donc prenez le tout, secouez, et vous avez Bastien !
A : Quel a été le déclic pour tes premières créations d'auteur-compositeur ?
B : Je pars du principe que les gens connus n'ont pas forcément plus de talent que nous, anonymes. Je pense qu'avec quelques idées et en s'en donnant la peine, on peut tous faire des choses pas mal. En fait, j'ai d'abord commencé à écrire des scénarios de films, car au sortir d'une scéance, je m'étais dit "je peux en faire autant, voire mieux !". Au départ, c'est vraiment : "pourquoi pas moi ?"
A : Comment as-tu composé les dix chansons mises en ligne ?
B : J'ai mis à profit ma période de chômage pour enfin aller au bout de mes idées. Auparavant, je n'avais pas le courage d'écrire le soir après le boulot. Alors j'ai ressorti mes vieilles notes et en 5 mois, j'ai écrit 50 chansons.
A : Tout seul, paroles et musiques ?
B : Oui, j'ai tout fait tout seul.
A : Quelle est ta formation musicale ?
B : Aucune formation académique. Ah si ! un peu de flûte au collège ! Apprentissage seul de la guitare avec des tablatures. Pas de notions de solfège. J'aimerais apprendre le piano maintenant.
A : As-tu une expérience de la scène, avec tes chansons ou avec celles des autres ?
B : Aucune à ce jour !
A : Peux-tu me décrire ton processus de création ?
B : Ouh là, vaste question ! Je procède comme suit, à savoir toujours la musique d'abord. J'ai souvent des thèmes de côté, donc dès qu'une musique peut lui correspondre, j'attaque l'écriture. Ce fut le cas pour "Revenge" notamment. Comme je suis très perfectionniste, il m'arrive fréquemment d'avoir plusieurs versions d'une même chanson si je suis indécis quant à la meilleure version. J'ai aussi pour habitude de conserver les premières phrases qui me viennent naturellement en composant. Par exemple, pour "Maverick", pendant des années j'ai laissé cette chanson de côté, mais j'avais le texte de l'intro "When I get up everyday". La spontanéité peut avoir du bon parfois. Comme je n'aime pas rester sur une seule chanson, j'ai donc plein de chantiers commencés. Quand je bloque, ce qui arrive souvent, je préfère passer à une autre plutôt que de perdre mon temps. J'y reviens plus tard.
A : Sur ta page, il y a des photos où l'on te voit près d'une table de mixage. As-tu des compétences en ingéniérie du son ? As-tu fait de l'auto-production ?
B : Moi, m'auto-produire ? impossible ! Je n'ai pas cette compétence. L'informatique et moi, déjà çà fait 2. En plus j'ai vraiment besoin d'être encadré, d'avoir quelqu'un qui sache me diriger et me dire "ça c'est bien, par contre ça tu oublies". Je pense que le risque c'est de s'enfermer dans ses positions, donc je préfère avoir un avis extérieur, quelqu'un qui pourra me prodiguer de précieux conseils. La production je laisse ça à d'autres, c'est quelque chose que j'admire mais qui n'est pas fait pour moi. Cela demande un grand sens de l'organisation, de savoir gérer les musiciens et le studio, le tout dans un minimum de temps.
A : Tu indiques avoir contacté des maisons de disques. Récit des échanges avec cet "univers impitoyable" ?
B : Univers impitoyable comme tu dis. Pire que Dallas même. C'est un vrai parcours du combattant, ne serait-ce que pour se procurer une adresse mail. J'aurais plus de facilité à joindre Sarkozy par exemple. Une réponse est un exploit. Je ne sais pas comment ils travaillent, ou quels sont leurs critères, il y aurait beaucoup de choses à changer je pense. Il faut vraiment garder le moral et persévérer.
Fiche bio : Bastien, né le 09 novembre 1981 à Gisors. Bac S. Vit toujours dans le Vexin. Père d'une petite fille. Plutôt rêveur et insouciant, hédoniste. Sa philosophie : "Tant qu'on a la santé, on peut escalader des montagnes et on n'a pas le droit de se plaindre !"