Travestissements, île étrange régentée par un duc mélancolique, fous raisonnables et raisonneurs, farces bouffonnes, envolées lyriques, situations burlesques ou saugrenues, tours de passe-passe convergeant vers l’illusion théâtrale poussée dans ses derniers retranchements, « je ne suis pas ce que je joue » affirme un personnage, autant d’éléments délicieusement shakespeariens qu’on retrouve dans cette comédie proposée à La Rochelle mercredi soir.
La mise en scène de Jacques Vincey est à la hauteur du brio de la pièce. Musique, danse, chansons (souvent paillardes et jubilatoires), astuces diverses emmènent le spectateur dans un dédale dont l’île d’Illyrie est la toile. Les situations de voyeurisme sont délectables (le ridicule Malvolio, espèce de Matamore aux airs de Mr Bean, se laisse piéger par les faux semblants d’une lettre énigmatique écrite par une servante malicieuse... Et le voilà qui dindonne en jarretière jaune cacatoés sous l’œil narquois des farceurs) La scène offre un plateau en surplomb qui convient parfaitement à cette situation et qui souligne davantage encore la nervosité des mouvements et des répliques.
Les comédiens prennent plaisir à jouer ce texte et le metteur en scène est
l’artificier en chef... Moments de danse enragés, éclairs de musique branchée, lumière saturée, paillettes, pétards, chapeaux pointus, confettis,
explosions de rire et le bouquet final du salut de l’ensemble de la troupe qui recueille un tonnerre d’applaudissements. Il y a des soirs où on
voudrait bien enfiler le costume !