Caencaens à Caen

Publié le 17 décembre 2009 par Nicolas007bis



Décidément, cette bonne ville de Caen qui même si elle ne m’a pas vu naitre m’a néanmoins vu évoluer pendant de nombreuses années de ma tendre jeunesse, est sur tous les fronts de l’actualité, ce qui est suffisamment rare pour le signaler.

Ca bouge à Caen..si, si !

Après la magnifique victoire d’une de ses plus belle représentante lors de cette prestigieuse et extrêmement classieuse manifestation que constitue l’élection de Miss France, 2 autres informations la concernant font quasiment la Une des journaux les plus prestigieux….euh….quasiment…disons qu’elles figurent dans quelques journaux….quelque part ….en cherchant bien on les trouve…bref, Caen fait encore l’actualité !

La première concerne Orelsan…vous savez ce rappeur caennais qui a fait scandale il y a quelques mois à cause d’une chanson au titre extrêmement explicite « Sale pute » dans lequel dans laquelle il évoque avec une violence immonde la manière dont il conçoit une relation féminine : « Mais ferme ta gueule ou tu vas te faire marie-trintigner », ou encore « J'vais te mettre en cloque, sale pute, et t'avorter à l'opinel » …tout dans le raffinement et la délicatesse cet homme !!!

Cette chanson ne figurait pas sur un disque mais avait été diffusée sur Internet et la blogoboulle s’en était fort justement indignée. Par la suite, les vrais gens ont pris le relai et l’indignation a montée en puissance jusqu’à aboutir à la déprogrammation de l’artiste des Francofolies de La Rochelle !

Bien entendu, le cuistre évoquait une inadmissible censure, mais le plus ahurissant fut le soutien qu'il reçut de la part de plusieurs artistes ou « intellectuels » dont notamment notre inénarrable Ministre de la Culture Frédéric Mitterrand !

A cette époque j’ai été tenté de le croire lorsqu’il évoquait les suites d’une rupture amoureuse mal acceptée, une sorte de chanson défouloir qui n’était même pas destinée à figurer sur un album !

Mais si j’évoque maintenant ce triste individu, ce n’est pas pour relancer cette polémique mais parce que tout récemment, ce pitoyable caennais s’est retrouvé sous les feux de l’actualité ….et de certaines associations féministes !

Il se trouve que La FNAC a présenté son album dans son catalogue de Noel accompagné d’un commentaire plutôt élogieux « La polémique sur l'un de ses textes ne doit pas occulter le talent de ce jeune rappeur. Son ton volontairement très provocateur et son flow nerveux, boosté par un son impressionnant, servent une écriture serrée, digne des plus grands. Il y a du Eminem chez Orelsan ! »

Voyant cela, les représentantes du réseau « Encore féministes » ont fait des bonds de 2 mètres et pris leur plus belle plume pour demander au PDG de la FNAC et à François-Henri Pinault, président du Groupe PPR, de retirer au plus vite ce disque et son commentaire du catalogue de Noël, invoquant le fait que « Les textes d'Orelsan sont fondés sur la violence sexiste et la haine des femmes. » !!

Suite à cette missive, la FNAC a retiré toute référence à l’album d’OrelSan du catalogue de Noel figurant sur son site (la version papier ayant déjà été largement diffusée).

En apprenant cela, j’ai d’abord pensé que ces dames tombaient (encore une fois) dans l’excès et que ce rappeur ne méritait peut-être que l’on s’acharne sur lui de cette manière considérant que la malheureuse « chanson » qui a fait scandale pouvait n’être qu’un péché de jeunesse et qu’effectivement « La polémique sur l'un de ses textes ne devait pas occulter le talent de ce jeune rappeur » !

Et puis par principe, je ne suis pas franchement fan de la censure, liberticide, souvent la traduction de la bien pensance du moment et par-dessus le marché contre-productive !

Mais, en l’occurrence, il ne s’agit pas tout à fait de cela puisque personne ne demande à la FNAC de dé-référencer le disque d'OrelSan.

De plus, l'éloge est trompeur, puisque contrairement à ce que peuvent laisser penser les termes de son introduction, le texte qui a fait polémique et qui d’ailleurs ne figure par sur l’album, ne peut pas être considéré comme une malheureuse exception.

Après avoir lu le mail envoyé aux dirigeants de la FNAC et avoir vérifié moi même qu’elle était la teneur des textes de cet album, et même si tout n’est pas dans la même veine, on y trouve quand même sur plusieurs morceaux, des propos que ces dames ont tout à fait raison de qualifier de « violemment sexistes ».

Manifestement OrelSan a un problème qui va bien au-delà de l’habituelle misogynie déjà largement répandue dans le milieu du rap et il n’est pas acceptable que dans un catalogue très largement diffusé, l’on vante les mérites d’un gars qui traite les « meufs » de « putes » ou de « chiennes » à longueur de "chansons" !

Un exemple éloquent extrait de « Courrez courrez » :

« Les féministes me persécutent me prennent pour Belzébuth
Comme si c'était d'ma faute si les meufs c'est des putes
Elles ont qu'à arrêter d'se faire péter l'uc
Et m'dire merci parce que j'les éduque j'leur apprends des vrais trucs »

Mais ce n’est pas tout, sa violence verbale s’exerce également sur une palette bien plus large que la seule gente féminine, tout le monde y passe (extrait de « Changement »):
« Les mecs fashion sont plus pd qu'la moyenne des phoques
Les vieux rêvent d'être morts
Sont nostalgiques de la bonne vieille époque
Les jeunes sont complètement paumés donc ils prennent des drogues
Les plus jeunes sont cons, sont bons qu'à faire des blogs »

Pour autant l’honnêteté m’oblige à reconnaitre que ses textes ne peuvent être réduits à ces grossières et inadmissibles provocations révélatrices d’un esprit quelque peu perturbé.

A coté de cela on y trouve quelques éclairs de lucidité assez bien exprimé si on aime le genre (extrait de « Peur de l'échec ») :
« Quand j'dis qu'j'déteste les filles j'me donne du crédit
J'me suis jamais vraiment investit, j'ai fui
J'ai triché sur mes sentiments en croyant rester vrai
J’esquivais l'amour par peur de m'faire baiser
Par lâcheté j'croyait que plus j'm’attachais moins sa marchait
J'ai trahi, j'ai sali, j'ai haïs, j'ai banni,
Qu'est ce que j'ai acquis à part des remord et des maladies»
Ou encore (extrait de « Changement ») :
« Des fois j'sais plus si j'suis misogyne ou si c'est ironique
J's'rai peut-être fixé quand j'arrêterai d'écrire des textes où j'frappe ma p'tite copine »
Et de manière étonnante un élément d’explication sinon de justification de ce comportement agressif (extrait de « Courrez courrez »):

« ai toujours été une victime mais j'vais me venger
A moins qu'j'tente le suicide ou d'refaire pas vie à l'étranger
Quand j'étais p'tit j'me faisais courser du collège jusqu'à chez moi
(…)
Y avait toujours un p'tit bâtard qui voulait m'casser l'bras
(…)
Depuis j'considère que la terre entière a une dette envers moi »
Je ne suis pas psychomachin mais ce gars n'a, manifestement, pas trop bien vécu sa jeunesse ce qui par une mécanique psychologique que je ne me hasarderai pas à expliquer, fait qu'il en veut à la terre entière en général et au genre féminin en particulier.

Pour conclure, je serais tenté de lui conseiller de terminer son auto-analyse et de régler ses problèmes, il me semble qu’il y gagnerait le respect et aurait tout à gagner à ce que la polémique autour de ses insanités n’occulte plus l’éventuel talent que semblent lui prêter certains !
Accessoirement cela me permettrait de parler de ce qu'il se passe à Caen de manière un peu plus positive !

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