« Le nez de Cléopâtre : s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé ». Se prenant pour un nouveau Pascal, Christian Estrosi a déclaré le 26 novembre : « Si, à la veille du second conflit mondial, dans un temps où la crise économique envahissait tout, le peuple allemand avait entrepris de s'interroger sur ce qui fonde réellement l'identité allemande, héritière des Lumières, patrie de Goethe et du romantisme, alors peut-être aurions nous évité l’atroce et douloureux naufrage de la civilisation européenne ». Il me semble mériter d’être qualifié par un adjectif de trois lettres, comportant un o en son centre. Vous aurez compris que ce ministre est sot. Sa phrase commence par une hypothèse exprimant un irréel du passé, qu’il fait suivre d’une supposition qu’absolument rien ne vient étayer.
A propos, où donc place-t-il la veille du second conflit mondial ? En 1938, au temps de Münich, en 1933, lors de l‘accession d’Hitler au pouvoir, ou en 1929, à l’éclatement de la crise économique ? D’autre part, si l’identité de notre vieux pays peut être complexe à définir, que dire de celle d’un pays comme l’Allemagne dont l’unité avait alors moins d’un siècle et qui se trouvait surtout héritier de la Prusse ? Or, parmi les valeurs de ce pays, son identité nationale en quelque sorte, on trouvait le sens du devoir, la discipline et l'organisation, la hiérarchie, la fidélité au chef, la soumission au pouvoir établi, le besoin d'ordre. Cela ne vous rappelle rien ?
Les Nazis ont su exalter de grandes figures de l’histoire allemande : Arminius, vainqueur d’Auguste, les chevaliers teutoniques, Frédéric Guillaume Ier de Prusse, Frédéric II ou Bismarck. Si un preux chevalier, neveu de Charlemagne, est le héros de notre Chanson de Roland, les Nazis, eux, glorifièrent leur épopée nationale, celle des Niebelungen, dans laquelle triomphent le meurtre, la mort, la trahison et la vengeance. Avec la même suavité, la tradition littéraire allemande plonge ses racines dans un monde où mythes et héros rivalisent de force, de violence et de volonté de puissance. C’est en s’appuyant sur cette identité que les Nazis ont entraîné tout un peuple où l’on sait.
N’ayant pas de goût particulier pour les égouts, je ne me suis pas rendu sur le site du sieur Besson. Mais je serais fort surpris qu’il fourmille de références à Descartes, Pascal, Racine, Voltaire ou Diderot, pour ne citer que ceux-ci. A vouloir justifier l’injustifiable et soutenir le volage Besson et l’infidèle Sarko, ce malheureux Estrosi démontré le contraire de ce qu’il prétendait prouver.
Nous dirons qu’il est parvenu à conjuguer malhonnêteté et, pour rester polis, sottise.