S’il y a bien une chose sur laquelle toute l’équipe de Génération Y 2.0 se bat depuis sa constitution, c’est la réduction (et la classification) des individus, des générations ou des personnalités en cases ou en “listes de courses”. Pourtant, vu les formations proposées sur le sujet (pas de liens mais vous reconnaitrez) la catégorisation à la hache a encore de bons jours devant elle.
Alors voilà, vous venez de signer avec votre prestataire de formation habituel une formation sur la génération Y. Pour la commencer, c’est incontournable, le formateur intergénérationel (qui sera seul, pour info nos formations sous toujours à deux) va commencer par vous présenter une description des différentes générations :
Les vétérans (ou génération silencieuse) :
Les Baby boomers (1945 – 1964):
Les X (1965 – 1977):
Les Y (1978 – 1994) :
Et là dessus, pour enfoncer le clou il vous dira que :
1. “Les boomers sont critiques à l’égard des jeunes!Pourtant, ils les ont éduqués! Pour les boomers, les jeunes d’aujourd’hui manquent de respect envers l’autorité (77%), ne connaissent pas leur héritage culturel québécois (75%), vivent dans la ouate (71%), sont plus égoïstes qu’eux (70%), ont perdu le sens des valeurs collectives (70%), sont trop individualistes (68%), sont moins travailleurs (58%). Les boomers critiquent les jeunes au niveau de leurs qualités individuelles.”
2. “Les jeunes dressent un bilan négatif de l’héritage laissé par les boomers ! 73% des jeunes trouvent injuste que les boomers leur laissent une planète polluée, 74% trouvent aussi injuste que les boomers leur fassent payer la dette gouvernementale qu’ils ont créée. 58% estiment que les boomers laissent le monde en pire état que lorsque ces derniers en ont hérité! Les boomers avaient la prétention de changer le monde, pour la moitié des jeunes (48%) ils ont échoué. Les jeunes critiquent les boomers pour ce que leur génération a fait!”
3. “Comparativement à la génération Y (18-29 ans), la génération X ou la génération sandwich est plus critique à l’égard des boomers, plus pessimiste face à son avenir et plus à droite politiquement que les plus jeunes. C’est la génération négligée, flouée, qui a une dent face aux générations qui l’ont précédé.”
Selon l’enquête que le formateur aura trouvé ici
C’est bien joli. Les listes sont toujours pratiques et faciles à retenir. En plus ces descriptions sont pour la majorité des cas très justes. Il y a pourtant un léger souci.
Comment voulez vous créer des équipes soudées et efficaces si vous mettez dans la tête de vos stagiaires des clichés et des comportements générationnels qui c’est-prouvé-il-y-a-une-enquête-internationale-d’un-cabinet-conseil-en-management-très-connu-qui-l’a dit ? Je ne veux pas non plus dire que nous manquons d’esprit critique et appliquons aveuglément ce que nous apprenons dans les formations, mais en diffusant des clichés nous pouvons très facilement commencer inconsciemment à agir et réagir en fonction de ces croyances. Nous ne l’avons que trop vu dans les pays anglophones où beaucoup de managers, attirés par la simplicité et le coté “automatique et sexy” de ces descriptions ont commencé à cloisonner leurs pratiques de management ou de fidélisation selon l’âge de leurs collaborateurs :
Et encore, là je vois les choses très positivement.
Si vous voulez créer une équipe intergénérationnelle ou faciliter le travail et la compréhension entre les générations, la première étape n’est pas dans ces listes mais dans le dialogue !.
Commencez plutôt à ouvrir ce dialogue ebn rassemblant vos équipes lors de plusieurs rencontres d’une heure qui permette à chacun de donner ses pensées sur :
Vous allez vite vous appercevoir que beaucoup de valeurs sont intergénérationnelles mais qu’elles ne se démontrent pas de la même façon. Vous allez aussi identifier les “imposteurs générationnels” ceux qui n’ont pas la culture associée habituellement à leur âge et qui attendent d’être reconnu pour cela !
Les formations ne doivent donc pas donner des clés de comportements aux managers mais les aider à animer ce type de réunion et s’assurer que chacun parle de son expérience et de ses observations sans jamais tomber dans le jugement ou l’attaque et dans le “Les Y sont des Bra..”, “Les X des Los…” etc. ”