Certains se souviennent probablement de l’époque où le Gouvernement d’Unité Populaire conduit par Salvador Allende faisait office de laboratoire pour la gauche française. C’était l’époque où l’on expliquait aussi que l’armée chilienne était la plus légaliste du monde. On connaît la suite. Grève des camionneurs. Coup d’état de Pinochet et de ses généraux barbares appuyés par Washington. Allende martyr. C’était un 11 septembre, celui de 1973. Très vite les militants et élus de gauche étaient pourchassés, torturés, assassinés. La nuit noire s’abattait sur le Chili.
Plus de 25 ans après ces horreurs, le Chili, est à nouveau à la « une » des gazettes européennes mais pour des raisons fort heureusement bien différentes même si ce qui se joue actuellement là-bas mérite quelques commentaires. Michelle Bachelet quitte la présidence forte d’une côte de popularité à faire pâlir les trois-quarts de la planète démocratique. La dirigeante socialiste est en effet créditée de plus de 75% d’opinions favorables. Impressionnant. Cette performance ne doit pourtant pas masquer la situation politique livrée par le premier tour de l’élection du successeur de Michelle Bachelet.
Arrivé en tête avec 44% des voix, Sebastian Piñera est une sorte de Berlusconi local, propriétaire de médias et du Colo-Colo, le grand club de football professionnel. Un milliardaire qui en appelle « au changement » tout en traînant dans ses valises les héritiers de Pinochet. En face de lui, à plus de 15 points, Eduardo Frei, l’ancien président et champion du courant démocrate-chrétien. Et la gauche dans tout cela ? Elle est incarnée par l’ex socialiste Marco Enriquez, le fils du Fondateur du MIR, Miguel Enriquez, assassiné par la dictature en 1974. Avec 20% des voix, donc non qualifié pour le second tour, Enriquez refuse d’appeler à voter pour l’un ou l’autre des candidats en lice pour ce deuxième tour. Le…