Clap de fin... peut-être ! Après des années de procédures judiciaires, la chambre criminelle de la Cour de Cassation vient de rendre un arrêt ce 15 décembre demandant la remise en état du site qui abrite quelque 3 000 "oeuvres d'art" formant la désormais célèbre Demeure du Chaos à Saint-Romain-au-Mont-d'Or, dans le Rhône.
On se souvient que cette Demeure, créée par l'homme d'affaires et fondateur de Art Price Thierry Ehrmann et ouverte au public, fait l'objet d'une violente polémique depuis une décennie, la municipalité locale n'ayant de cesse que les lieux, qu'elle juge saccagés, soient remis en état. Il faut dire que l'endroit où sont exposées ces oeuvres censées "se nourrir du chaos alchimique de notre 21e siècle, tragique et somptueux" est un ancien relais de poste du XVIIe siècle, défiguré par des enchevêtrements de carcasses de chars et de voitures calcinées. Une vision apocalyptique qui n'est pas du goût de tous, en particulier des riverains de cette petite commune résidentielle de la région lyonnaise. L'un d'entre eux a même tenté une riposte symbolique en ouvrant une "Maison de l'Eden".
L'arrêt de la Cour de Cassation porte un rude coup à Thierry Ehrmann et ses nombreux soutiens qui affirment avoir réalisé là une "nouvelle Factory", à l’image de l’atelier d’Andy Warhol... Certes, l'arrêt se fonde sur des arguments d'urbanisme, et non sur des considérations culturelles. Mais j'ai toujours pensé qu'il est plus facile en art de verser dans la destruction, le morbide et le désastre que dans les valeurs positives de l'existence. La disparition éventuelle de la Demeure du Chaos ne m'apparaît donc pas comme un acte irréparable... Décidé à se battre jusqu'au bout, Thierry Ehrmann n'exclut pas de former un recours contre la France auprès de la Cour Européenne des droits de l'homme, jugeant que cet arrêt porte atteinte à sa liberté d'expression.