Éditeur : Points
1ère édition : 1988
Nb de pages : 186
Lu : Décembre 2009
Ma note :
Résumé :
Avec Le Grand Cahier nous étions dans un pays en guerre où deux enfants, des jumeaux, apprenaient à survivre en usant toutes les ressources du mal et de la cruauté. Puis les jumeaux se séparaient, l’un d’eux franchissant la frontière, laissant l’autre en son pays pacifié mais dominé par son régime autoritaire. Seul, désormais privé d’une partie de lui-même, Lucas, celui resté, semble vouloir se consacrer au bien. Il recueille Yasmine et adopte son fils Mathias, porte sa pitance au curé du village, tente de consoler Clara dont le mari fut pendu pour ‘‘trahison’’, écoute avec attention la confession de Victor, le libraire qui rêve d’écrire un livre … Et si c’était pire ? Le propre d’un système totalitaire n’est-il pas de pervertir à la base tout élan de générosité ? Ce que découvrira Claus, le jumeau exilé de retour sur les lieux de ses premiers forfaits, sera plus terrible encore : qu’il n’y a pas de générosité sans crime, et qu’on est toujours deux, même quand on est seul.
Au-delà de la fable, l’auteur poursuit ici son exploration impitoyable d’une mémoire si longtemps divisée, à l’image de l’Europe, et nous livre une belle méditation désespérée sur la littérature
Mon avis :
Vous l’aurez compris, je suis en train de dévorer cette trilogie qui réserve un sacré lot de surprises. Qu’attendre d’autre d’une histoire de jumeaux, si ce n’est des rebondissements ?
Nous avions quitté les jumeaux et leur grand cahier peu après la mort de leur grand-mère et leur séparation. Nous retrouvons dans La preuve l’un des frères, resté dans le village. Le récit est cette fois raconté par un narrateur extérieur, toujours dans un style épuré et concis. Lucas grandit, seul, sans son frère, et nous assistons à bien des chamboulements dans sa vie d’adolescent trop précoce.
Certains événements laissent voir un nouveau Lucas, ambivalent, prêt à noyer un nourrisson pour rendre servir à la mère en difficulté, et à s’attacher à ce bébé et à l’élever comme son fils.
Les jumeaux étaient des enfants malmenés par la vie, dénués de sens moral et de sentiments, Lucas est un adolescent qui peut faire preuve de maturité et être responsable. Sa personnalité est réellement troublante, on a du mal à se faire une opinion sur lui, il sort totalement des sentiers battus. Il n’a pas beaucoup voire pas de moralité, mais s’avère capable d’attachement et de générosité. Ce point peut aussi être sujet à débat car la psychologie du personnage reste très complexe et plusieurs interprétations seraient possibles.
Fascinant roman qui augure d’un dernier volume tout aussi déroutant. Joie !
Le grand cahier