C'est avec émotion que j'ai reçu le carton d'invitation il y a une dizaine de jours. Temps nécessaire pour me préparer à la cérémonie et contenir mon émotion bien compréhensible. Après trente sept ans de bons et loyaux services, je suis convié à la réception où me sera délivrée ma médaille du Travail, la médaille d'Or pas moins. Après l'argent et le vermeil, voici l'or. Cette troisième médaille va donc alourdir le revers de ma veste et le cliquetis des breloques signaler ma présence dans les couloirs de ma boite.
Si vous me croisez, inutile de vous mettre au garde à vous, ma modestie en souffrirait. Toutes ces décorations ne m'incitent qu'à refreiner mes ardeurs, maintenant que j'ai raflé tous ces titres de gloire il serait temps de laisser les jeunes monter au front. A vous les honneurs désormais, j'en ai assez fait.
Le carton d'invitation est à la poubelle, je ne me suis pas déplacé pour la cérémonie, d'ailleurs je hais toutes les cérémonies - toute amicales soient-elles - ce matin je suis allé récupérer la médaille et l'enveloppe au Service Social de ma boite. La décoration rejoindra les autres au fond d'un tiroir et je me ferai plaisir avec le contenu de l'enveloppe bien garnie l'accompagnant et qui lui valait le déplacement.