Citoyens !
S’il n’y a qu’une étude à lire sur le web aujourd’hui, c’est bien celle de la Documentation Française (CREDOC) sur La diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la société française (2009).
Quelques éléments saillants à retenir :
- l’accès au web n’est pas naturel, il dépend d’une myriade de variables sociologiques; plus vous êtes diplômés, plus vous avez accès à du matériel
- il y a une discrimination forte relative aux générations; si les « très vieux » (70 ans et +) ne sont que 20% à avoir facilement accès à un PC, les jeunes de 12 à 17 ans sont 90% à pouvoir appuyer sur le bouton ON
- l’accès à internet est ressenti comme un facteur éminemment important pour se sentir intégré dans notre société
- Intéressant aussi de voir que les inégalités d’accès à internet se réduisent mais restent là « Autre phénomène remarquable cette année, les inégalités d’accès à Internet se sont considérablement réduites. Parmi les progressions les plus importantes, notons celles des 40-59 ans (+ 12 points, cf. Tableau 45), des 60-69 ans (+ 18 points), des ouvriers (+ 15 points), des titulaires de revenus mensuels inférieurs à 900€ (+ 14 points). Le fossé numérique s’est considérablement résorbé cette année, nous en détaillerons les mécanismes au chapitre 4. »
Alors que peut-on en conclure ?
- Et bien que si la société française ressemble à une grande ogive, on sent que l’on va tendre aussi sur l’accès au web vers cette même modélisation
- les tenants de appellation bullshit-marketing Generation Y (pendons les) passent à côté des facteurs de fond de l’accès au web social : taux d’équipement, capital économique, social, culturel. Forcément utiliser une pensée marxienne pour vendre des micro-ondes, ça n’a pas l’air de séduire grand monde chez ces « penseurs »
- il importe que ce territoire de pouvoir qu’est le web ne soit justement pas la simple duplication du système réel basé sur des discriminations structurellement très difficiles à battre mais un territoire d’opportunités
- en effet, dans le monde dit « réel », les réseaux sont assez liés à une proximité physique (le physique pouvant être à la fois un diplôme – car vous fréquentez les mêmes types de personnes aussi bien que l’association des viniphiles du coin); dans les mondes en ligne, curieusement vous pouvez non seulement naviguer plus en profondeur dans des groupes qui physiquement ne vous correspondraient pas mais en plus y avoir un rôle affinitaire
- en clair mon inquiétude serait de laisser se noyer sous l’ogive des citoyens-consommateurs privés de ressources de navigation
L’accès à internet est donc un capital comme un autre. Un capital néomédiatique?