Émile Zola
Le livre de poche
608 pages
1885. Disparition de Hugo. Apparition de Germinal.
Voici, dans la France moderne et industrielle, les " Misérables " de Zola. Ce roman des mineurs, c'est aussi l'Enfer, dans un monde dantesque, où l'on " voyage au bout de la nuit ". Mais à la fin du prodigieux itinéraire au centre de la terre, du fond du souterrain où il a vécu si longtemps écrasé, l'homme enfin se redresse et surgit dans une révolte pleine d'espoirs.
C'est la plus belle et la plus grande œuvre de Zola, le poème de la fraternité dans la misère, et le roman de la condition humaine.
J'ai eu grand plaisir à lire ce livre et c'est paradoxal puisque c'est si noir!
Parler de Germinal c'est se lancer dans un monde rempli de poussières de charbon, de grandes familles qui meurent de faim, de violence, de travail où on y laisse sa peau. L'existence de ces mineurs est misérable, de la misère la plus noire qui soit. On s'attarde principalement sur la famille Maheu, qui compte les parents, plusieurs enfants et le grand-père. De générations en générations, les Maheu ont toujours travaillés à la mine. La vie suit son cours et elle est toute tracée d'avance. Les enfants travaillent à la mine. Certains en meurent. D'autres en sortent profondément marqués ou blessés.
Germinal dénonce la misère humaine et l'injustice. Même si c'est profondément troublant, on comprend bien que lorsqu'on n'a plus rien à se mettre sous la dent, on ferait presque tout pour survivre. Ce qui amène la violence entre les mineurs, les coups bas parfois, mais aussi, une si grande solidarité entre ceux qui n'ont rien, et aimeraient avoir juste un peu plus, du moins, juste ce qu'il faut pour vivre.
Dans ce roman, les portraits de femmes ne sont qu'une roue qui tourne, sans cesse. Les femmes poursuivent le rôle qui leur est imparti à la naissance, comme une fatalité qui leur pèserait trop lourd sur les épaules. Les jeunes filles deviennent femmes trop tôt. Elles subissent la brutalité d'un homme. Elles s'éreintent à la mine, même enceintes jusqu'aux yeux. Il faut bien faire vivre toute cette marmaille qui s'accroche à leurs jupes.
Germinal, c'est un roman triste, noir, un roman sur la condition humaine. Il y a peu ou pas de lumière au bout du tunnel. Les 100 dernières pages sont effroyables, elles donnent littéralement le frisson. On tente de survivre. On tente de faire surgir la vie là où il n'y a plus aucun espoir...
C'est un roman qui m'a vraiment accrochée. L'écriture m'a plu. Je découvre Zola avec ce livre et c'est un auteur qui m'apparaît étonnamment accessible malgré ce que j'en pensais. Je compte bien en relire d'autres, dans les mois qui viennent! Une "belle" découverte pour moi qui n'avait jamais lu cet auteur classique français!
"Fichez-moi donc la paix avec votre révolution! Allumez le feu aux quatre coins des villes, fauchez les peuples, rasez tout, et quand iul ne restera plus rien de ce monde pourri, peut-être en repoussera-t-il un meilleur." p.138
" Mon Dieu! nous serons bientôt tous morts, si ça continue.
-Quand on est mort, dit Maheu, on n'a plus faim." p.169