5 000 euros

credit photo: Franco Folini

La semaine dernière je suis allé demander une rallonge de 5 000 euros à ma banque. 5 000 euros ou cinq mille euros si vous préférez. Pendant que des dizaines (pour ne pas dire des centaines) d'entreprises ferment, decomex résiste et progresse même grâce à ses clients fidèles qui trouvent sans doute chez nous une certaine satisfaction.

J'ai appris récemment que mon interlocuteur ne me recevrait plus dans son bureau personnel dans l'agence près de chez moi mais au bureau régional, centralisation oblige. Donc en arrivant au centre régional de ma banque, je fus tout de suite surpris par les travaux en cours. Bulldozer, tranchées et surtout par une nouvelle entrée ou n'entre pas qui veut. Il faut sonner à un interphone plutôt discret, sésame ouvres toi et la porte s'ouvre. Vous pénétrez dans une immense salle d'attente au design épuré au centre de laquelle trône un escalier géant en colimaçon qui mène à un autre salon tout aussi épuré dans des blancs faisant penser à l'odyssée de l'espace. Mais vous avez beau chercher, personne ne vous y accueille, il n'y a aucun guichet, seulement des canapés et des télévisions passant en boucle des images subliminales sur votre banque.

Après avoir fait tranquillement le tour du propriétaire sans rencontrer âme qui y vive, j'ai pris place et attendu en me disant qu'avec le fric qu'ils étaient en train de dépenser dans l'aménagement de leurs locaux, ma demande de rallonge était certaine de trouver une réponse positive car après tout, c'est bien avec notre argent qu'ils ont pu faire ces transformations. Puis ma banquière est arrivée et m'a sortie de mes songes en me demandant de la suivre. Je m'attendais à découvrir son bureau et retrouvé une certaine intimité, je ne fus pas déçu, elle me demanda d'entrer dans un salon privé comme si on entrait dans une cellule de prison. Là, je dois dire que l'ambiance change complètement. Vous vous retrouvé tous les deux dans un bureau minuscule au plafond démesuré assis dans des fauteuils pivotants, sans aucune photos, ni papiers, ni décor, rien de rien, que dal, seul un écran et une imprimante. Il est bien loin le temps où votre banquier vous recevait dans son bureau où l'on pouvait échanger comme deux adultes des choses de la vie, comment allez vous ? vos enfants sont grands maintenant, oh je vois que vous avez reçu ma carte postale... Désormais c'est terminé, vous êtes un client x ou le numéro de compte 00100... exactement comme dans une prison. La relation client à disparue au profit de la pelleteuse et du bureau ciré. Désolé, circulez y'a rien a voir.

Et bien sur, ma demande à suivi le même chemin. Oui je progresse de 40% cette année mais non je n'aurai pas 5 000 euros, repassez par la case départ. Le système est bien ficelé. Petits particuliers ou professionnels, artisans, PME ... nous sommes devenus des numéros dans un fichier qui doit surtout rapporter des sous à la banque bien sur, et l'année qui vient de s'écouler nous l'a bien prouvée. Moi qui appréciait cette relation de client à banque dans un bureau qui ressemblait au mien, avec son calendrier sur le mur, ses cartes postales collées sur l'armoire, ces photos de famille qui donnaient une vie à mon interlocuteur, tout çà c'est terminé, place à la nouvelle banque, la banque des petits pour sauver les grands.

Et n'oublions pas avant de partir : vous devriez ouvrir un livret A, même pour y mettre 10 euros par mois. Ben voyons, des fois que le pigeon se ferait encore plumer. Je n'en veux pas à ma banquière, elle est trop charmante pour cela mais messieurs les dirigeants, avant d'engager de tels travaux, peut être qu'une enquête auprès de vos clients, vous aurait permis de déceler nos attentes qui ne sont surement pas que vous nous en mettiez plein la vue. Si vous aviez des investissements à faire avant la fin d'année pour déduire des impôts, peut être auriez vous pu les faire en prêtant plus d'argent aux entreprises qui résistent à la crise que vous avez créée, en faisant un don au téléthon, en donnant aux associations caritatives, en sponsorisant un club ou dans je ne sais quoi mais pas dans du tape à l'oeil. Sortez de votre ordinaire, par exemple, si vous aviez donné un abri au plus démunis ou de la soupe aux sans abris, sincèrement, vous en auriez retiré bien plus qu'aujourd'hui.