Est-ce parce que la vie de Pierre Auguste Renoir n’était pas trépidante ou est-ce parce que le style d’écriture faisant appel à de nombreuses redondances et des formulations impersonnelles donne une impression d’ennui et de lenteur que ce livre m’a laissé un goût d’inaccompli ?
A moins que ce ne soit la détermination de Renoir, son acharnement à peindre coûte que coûte, sa persévérance dans ce qu’il croyait être beau et juste, son parti pris pour l’impressionnisme, pour l’art, pour la peinture qui se juxtaposent à une vie quotidienne simple et sans accroc et donne ainsi l’image étrange d’un homme novateur dans son art, dans son engagement mais si attendu, traditionnel parfois, même rétif et à contre courant de ce que nous pourrions imaginer de ses engagements politiques (Renoir fut un antidreyfusard convaincu). Renoir semble pourtant avoir été un honnête homme, bien dans le XIX° siècle, tâtonnant dans ses recherches tant picturales que sentimentales jusqu’à trouver un équilibre qu’il consolidera jusqu’au bouleversement artistique des années 1880 : une remise en cause de ses propres principes et un enracinement dans un art plus académique, déroutant ainsi ses amis et soutiens.
Renoir fut homme de rencontre. Rencontres qui seront capitales pour lui et pour l’Art : Pissaro, Monet, Bazille, Berthe Morisot, Sisley, Cézanne. L’impressionnisme, c’est eux. La vie parisienne, les bords de Seine, Montmartre, les Batignoles, la Provence, Cagnes sur mer, la peinture en plein air, sur le motif, les ombres bleues, tout cela c’est Renoir, mais c’est si peu, car l’homme est tellement modeste. N’en déplaise à Paul Durand-Ruel et à Ambroise Vollard, ses principaux marchands. Renoir et ses amis, considérés comme des peintres maudits (de pacotille) en lutte contre l’establishment des Beaux Arts, seront soutenu par certains critiques, galeristes et marchands courageux qui ne cesseront de les défendre, de montrer, jusqu’à ce qu’ils deviennent des exemples pour les futures générations de peintres…
Pierre Auguste Renoir était un homme simple, souffrant de rhumatismes déformants, vieillard avant l’âge, accordant à al vie familiale une importance capitale et c’est entouré des siens qu’il cheminera jusqu’au bout de sa vie.
Modeste, voilà le mot, la couleur, l’idée qui définit cet homme et cette biographie très documenté, bien trop collée à une réalité parfois si fade et pourtant si vrai.
La lecture est instructive et agréable, mais il manque une forme de souffle épique. Le style ou l’homme, je ne saurais en trouver la raison, peut-être un peu des deux.
Cependant la juxtaposition des éléments de sa vie personnelle aux évènements plus contextuels, sur les mouvements artistiques, sur l’évolution du marché de l’art, sur la vie parisienne et française de la Révolution de 1848 à la fin de la Première Guerre Mondiale permettent au lecteur d’avoir une idée juste de l’homme et de son temps. Il manque comme souvent dans ce genre de livre une illustration plus abondante, obligeant ainsi à aller chercher ailleurs les tableaux qui sont décrits et analysés.
C’est un bon ouvrage de vulgarisation.
D’autres billets chez Lounima et sur Passion Livre
Renoir, 1841 - 1919
Pascal Bonafoux, Perrin, 2009 - 21,00 €