Pour moi, tout a commencé par une journée splendide, que je me suis dit avec ma chérie d'amour qu'on pourrait y aller, parce que ce n'est pas trop loin. Le lieu dont je me suis dit qu'on pourrait y aller, c'est la montagne sacrée des Tchèque, la Mecque de Bohême, l'Oktoberfest d'où qu'il faut se rendre au moins une fois dans sa vie si l'on veut espérer avoir l'ombre d'une chance de pouvoir sonner chez St Pierre la retraite venue. Ce "Mons Palatinum" de Prague (bien qu'il soit un peu plus loin) est le mont "Říp", dont je vous avais déjà un peu parlé à propos du Théâtre National. Aujourd'hui donc, je vais vous l'approfondir (si je puis m'exprimer ainsi), le sujet du mont "Říp".
Alors d'un point de vue linguistique, les Tchèques parlent de "hora Říp" comme ils parlent de "hora Sněžka", bien que de cette dernière, ils parlent moins de "hora" que de "Sněžka" tout court. Ah ouais? Comme déjà signalé dans une précédente publie, "hora" se rapporte plus à "montagne", alors que colline, bute, mont, se dirait plutôt "vrch", "kopec", ou "pahorek". Et donc si l'on considère "Říp" avec ses 460 m d'altitude par rapport à "Sněžka" avec ses 1602 m, soit un rapport de 2/7, force est de constater que l'un des sommets est "colline", tandis que l'autre est "montagne". Et tiens, "Sněžka" est d'ailleurs le plus haut sommet de notre République, mais avec beaucoup de chance parce que la frontière avec la PLogne ne passe qu'à 20 m de ce plus haut sommet (du côté tchèque, gnagnagna :-) Tiens, anecdote. Lorsque le bon dieu mit en partage les trésors de la nature, il mit ensemble des lots qu'il attribua à la criée. "Alors j'ai un Mont Blanc, un océan Atlantique et une mer Méditerranée..." Les Français qui étaient les plus gueulards, "MOI MOI... J'en veux, MOI MOI MOI!!!". "Pis le lot suivant se compose d'un autre 4800 m, d'une mer Méditerranée et d'une paire de lunettes Dolce Banana..." Les Ritals qui étaient les plus gueulards après les Français... Pis dieu continua, "alors un El Teide... un Zugspitze... un..." et lorsqu'il arriva au bout, que tout le monde avait bien braillé afin d'arracher son bout de bidoche à la carcasse fumante, dieu annonça: "bon, ben il me reste un petit sommet de 1600 m, malheureusement en frontière d'avec les PLonais, malheureusement sans océan aussi, et malheureusement toujours sans mer non plus..." L'ancêtre "Čech" (cf. plus loin, "praotec Čech") leva le doigt. Alors dieu dans sa grande bonté rajouta, "et parce que c'est pas grand chose, je rajoute à ce lot pourri les bomb'zesses et la meilleure roteuse du monde" (bomb'zesse, de "bombe" et de "gonzesse"). Parenthèse sur la prononciation. Parce que les Latins ne sont pas spécialement habitués aux phonèmes Slaves, et afin d'éviter que pendant la lecture de ma publie vous ne prononciez "Čech" n'importincorrectement, ci-joint un petit mode d'emploi. Le graphème (la lettre) "č" se prononce "tch" comme dans "tchèque, tchétchène...". Le "e" se prononce "ê" comme dans "être, crête...". Et le digramme (2 lettres représentant 1 phonème) "ch" se prononce "[x]" comme dans "ach" en Allemand ou "loch" en Anglais. Finalement vous obtenez "tchêx", et non pas "kêche" comme j'ai déjà entendu à propos du gardien de foot Pierre ("Petr Čech", gardien de Chelsea), homonyme (et descendant) de l'ancêtre "Čech".
Passons à "Říp". D'un point de vue étymologique, "Říp" c'est un peu le foin, z'allez voir. D'abord on en parle parfois comme du mont St Georges, parce qu'en son sommet se trouve une rotonde St Georges, qui se dit "Jiří" en Tchèque. Ainsi pour les Germains, "Říp" est donc équivalent de "Sankt Georgsberg" ou "Raudnitzer Berg" de par la proximité avec le bled de "Roudnice (nad Labem)", pour les anglophones c'est "mount Saint George" (et encore pour ceux qui sont culturés, parce que sinon c'est tout simplement "a hill somewhere in the world", cf. carpe + truite + saumon + cabillaud + sardine + thon = fish 'n chips [when not "fish and ships"]), pour les francophones c'est "le mont Rippe" (parce que le "Ř" leur est imprononçable) et pour les Latins, c'est "Rip" itou, comme écrit dans les "Chronica Boemorum" de Cosmas (Lib.I, Cap.II: "circa montem Rip"). Maintenant selon les experts qui se sont réellement penchés sur la question (cf. "Ondřej Šefčík: Oškobrh and Říp. Two preSlavic oronyms in Bohemia"), l'origine du nom "Říp" viendrait du "proto Althochdeutsch", "rip", lui même issue de la seconde mutation consonantique ("zweite germanische Lautverschiebung, i.e. Hochdeutsche Lautverschiebung", entre le V et le VII ème siècle) du mot "reiff" (spirantisation du "p" en "f", cf. la loi de Grimm) et qui signifiait "montagne", mot d'origine indo-européenne (selon les experts) emprunté par les Germains aux indigènes locaux de l'âge du mammouth en bronze. Trop simple moi j'dis. Selon moi, la vraie origine de ce nom vient tout simplement des Romains, et donc du Latin. En effet, lorsque les légionnaires de Rome qui grouillaient dans l'Europe entière trépassaient, on les enterrait sur place, de préférence en un lieu illustre, et l'on gravait dans le marbre de la pierre tombale la mention "Requiescat In Pace". Cependant lorsque les gaillards en jupettes-sandales prenaient une vraie raclée, qu'il en mourrait velu, qu'il en restait peu de vivants pour enterrer les morts et graver les pitaphes, le tout fissa-presto avant que les barbares ne rappliquent en nombre, ben ils utilisaient l'abréviation "R.I.P.". Lorsque l'ancêtre "Čech" s'est pointé au sommet, et qu'il a vu toutes ces pancartes plantées dans le sol, il fut immédiatement persuadé qu'il s'agissait du nom de la colline, et paf, au fil du temps et des langues, l'abréviation "R.I.P." latine est devenu "Říp" en Tchèque. Q.E.D., Eh? Et ça n'a rien à voir avec Ptolémée non plus, comme j'ai pu lire.
D'un point de vue géologique, le monticule est un ancien volcan de l'aire tertiaire, qui fut modelé par le temps, les vents, et les crottes de bêtes qui eurent quelques 35 millions d'années pour vivre là et faire dessus. Le monticule est donc un basalte sodalito-néphélinique (silicate chloré de sodium, d'aluminium et de silicium) contenant de l'olivine, de l'amphibole, un brin de leucite et d'augite, encore moins de noséane, pas mal de magnétite, divers composés organiques (fibres de cellulose) et quelques germes
La hauteur des pieds à la tête du mont est de 455,5 m au dessus du niveau de la mer (laquelle?), de 306 m au dessus du niveau de l'Elbe qui coule à 4,5 km au Nord (encore que ça dépend de la hauteur d'eau), et la hauteur du mont est de 200,3 m au dessus du champ avoisinant de la mère Luchon qu'il y a des vaches qui broutent dessus. Sinon depuis le début de son existence, "Říp" était chauve comme le genou d'un cèpe, et de loin tout autour d'en bas l'on pouvait apercevoir la rotonde St Georges en son sommet. Mais vers la fin des années 70 du XIX ème siècle, le comte de Lobko (proprio d'alors) fit boiser le monticule (mont qui tulle). L'on y planta des pins, des chênes, des frênes, des bouleaux, des zhêtres, des zirables, des 'tits yeuls, et même d'autres arbres encore dont je ne sais pas dire le nom. Et depuis, ben l'on ne voit plus rien d'en bas sur la colline en haut, et pas grand chose de la colline d'en haut en regardant en bas. Encore que... en regardant en bas, l'on peut apercevoir quelques jolies plantes comme la gagée de Bohême à grands pieds ("Gagea bohemica") ou l'iris nain à poils roux ("Iris pumila"), mais faut se pencher de près pour les reconnaître. Une fois dessus, sur le monticule, vous disposez de 3 belvédères (promontoires) desquels vous pouvez apercevoir ce splendide pays de Bohême sur des kilomètres, selon le temps et selon vos yeux. Le premier s'appelle le promontoire (belvédère) de Prague. Non pas que l'on puisse voir la capitale (sinon son smog), mais parce qu'il donne au Sud. Le second s'appelle le promontoire de "Mělník", parce qu'on peut voir la ville au Sud-est. Et le troisième s'appelle le promontoire de "Roudnice", parce que comme pour "Mělník", on peut voir dans le fond du paysage l'usine électrique de "Křivenice" qui brûle du charbon brun extrêmement polluant malgré les filtres obligatoires mais non contrôlés et qui provoque des cancers fulgurants des poumons, de la trachée et des bronches aux habitants des environs comme de Prague lorsque le vent (fumier) souffle du mauvais côté (mais non maman, je déconne, c'est pas vrai, c'est pas dangereux du tout, c'est contrôlé maintenant). Ces 3 points-de-vue sont clairement indiqués par des panneaux touristiques, donc no souci pour s'y rendre.
Maintenant quelques mots (pas mal d'ailleurs) sur l'ancêtre "Čech". Il s'agit d'un héros éponyme qui aurait mené son peuple d'une contrée lointaine afin de l'établir en République Tchèque ("quorum regio Barbaria dicta est, ab Wenceslaklaus regni..." :-) et donner ainsi naissance à toute la nation actuelle dont il est le géniteur. Pour les Français incrédules que ça ferait rigoler, je signale qu'il existe un Francion à l'origine de la nation française, et un Belgion, le duc de Trèves (IV ème siècle avant Jean-Claude) à l'origine de la nation belge. Concernant "Čech", la légende, ou plutôt les légendes (z'allez voir) racontent que l'arrièranciennaïeul serait monté sur notre talus ("Říp"), et de là, scrutant l'horizon, aurait décidé d'établir son peuple céans. Evidemment, la recherche de la "Terra Promissionis" n'est pas une invention tchèque contrairement aux lentilles de contact, aussi compte tenu de la forte odeur de plagiat historique, il est fortement recommandé de considérer ces légendes avec recul et discernement.
La toute première mention de cette légende (enfin la plus ancienne qu'il nous soit resté, et qui ne fut pas volée par les Suédois) remonte à "Cosmas Pragensis" dans ses "Chronica Boemorum" datées d'entre 1119 et 1125 (Lib. I, Cap.II). Tout commence par une description des terres de Bohême alors vierges de présence humaine, autour de la montagne "Říp", entre les fleuves "Ohře" (Eger en Germain) et "Vltava" (Moldau en Germain): "circa montem Rip inter duos fluvios, scilicet Ogram et Wlitauam", pour se terminer par la nomination du pays du nom de l'ancêtre "Čech" ("Boemus" en Latin): "Et unde, inquiunt, melius vel aptius nomen inveniemus, quam, quia tu, o pater, disceris Boemus, dicatur et terra Boemia?" Maintenant ce qui est remarquable dans cette version (par rapport aux suivantes, z'allez-voir), c'est sa concision, et son manque de détail. "Cosmas" ne parle aucunement de la provenance du peuple, pourquoi il est parti d'où qu'il était, et mieux, il ne mentionne même pas que l'ancêtre serait monté sur la colline pour y voir l'étendue de son nouveau domaine (usine électrique incluse). Notez l'inspiration nettement biblique (l'arrivée en terre sainte) que l'on retrouvera également par la suite dans les diverses autres sources. Maintenant si vous avez un moment, je vous invite à lire la suite de la chronique. De comment les ancêtres vivaient en tribu comme des bêtes, se couchant à même le sol à la tombée de la nuit afin de copuler avec la première
La seconde oeuvre qui mentionne l'histoire de l'ancêtre "Čech" et de sa viendue en "terra Boemia" est la Chronique de "Dalimil", datée de 1310 et écrite en langue tchèque ce qui simplifie énormément sa lecture. Ici l'on apprend déjà nettement plus de choses. Tout d'abord "Čech" viendrait d'un coin de Serbie appelé "Charvátsko" ("Hrvatska", aujourd'hui Croatie), pays que le bougre dut quitter avec ses 6 frères et sa troupe après avoir trucidé quelqu'un. Ils arrivèrent finalement auprès de notre colline, et lorsque l'ancêtre grimpa en son sommet (et croyez-moi, c'est pas de la tarte aux quetsches), qu'il vit sur ces terres le nombre de gibiers, d'oiseaux, de poissons et d'abeilles ("Jmámy zemiu po svej vóli, budú nem z té plni stoli, zvěři, ptákóv, ryb, včeł dosti", il avait une bonne vue l'ancêtre), il décida d'établir sa horde céans. Signalons que cette version homérique fut déjà critiquée au XVI ème siècle par "Albert Krantz", qui considérait ce texte comme "fable et invention poétique plus transparente que l'eau" (cf. "Wandalia", 1519). Mais cette analyse n'eut point de succès, malgré la remarquable démonstration (pour l'époque) des incohérences du texte (cf. l'usine électrique).
Le troisième texte de vers 1374 est l'oeuvre de "Přibík Pulkava z Radenína: Cronicae et acta Caroli Quarti et regni Bohemiae concernentia", scribe de l'archevêque de Prague dont la chronique particulièrement discutable (complètement peu fiable) contient des détails étonnants. Pour les débuts, c'est tout comme "Dalimil" (la Charvatie, le meurtre, etc...). Ensuite la tribu s'établit carrément sur la colline (et non dans les environs) que le bougre considère comme "haute" ("Tak pak osadil sě jest s svú čeledí na jednéj vysoké hořě, ješto obecným příslovím slove Říp"). Et surtout, apparaît pour la toute première fois le personnage "Lech", frangin de "Čech", qui refusa de s'installer là (à cause de l'usine électrique à proximité?) et continua plus loin au Nord, pour arriver en PLogne et être à l'origine du peuple PLonais, eh ouais: "Bratr pak Čechóv nebo tovařiš jménem Lech, jenž s ním přišelbieše, přěšel jest přěs Sněžné horn ješto Čechy dělé s Polskem, i uzřěl jest velmi velikú a dlúhú až do mořě roveň; i posadil sě jest tu, a tak pokolením svým naplnil ji". Alors signalons ici que la version d'origine du texte était Latine, et que "Přibík" en fit sa propre traduction en Tchèque, cependant imparfaite (la traduction). Eh ouais, parce que contrairement à la PLogne où le prénom "Lech" est extrêmement répandu (cf. "Lech Wałęsa", "Lech Kaczyński", "Lech Michamarsch" :-) en Bohême il n'existe pas, et n'a jamais existé. Par contre le nom commun "lech" était anciennement utilisé afin de désigner un chef, un leader, genre commandant (cf. "Dalimil: V tej zemi biese lech, jemuz jme biese Cech." ou "Vácslav Vladivoj Tomek: Hned chopil se této příležitosti zase jeden z lechů českých [...]") D'aucun soupçonne donc fortement qu'il s'agirait d'une erreur de traduction, d'autant plus qu'icelle fut déjà présente (on suppose fortement tout du moins) dans les "Annales Regni Francorum", lorsqu'en l'an 805 Charlemagne prétendit avoir occis en Bohême un certain "Lecho" (cf. "Eodem anno misit exercitum suum cum filio suo Carlo in terram Sclavorum, qui vocantur Beheimi. Qui omnem illorum patriam depopulatus ducem eorum nomine Lechonem occidit", mais aussi les annales de Metz: "Annales Mettenses Priores: Vastata autem et incensa per XL dies eadem regione, ducem eorum nomine Lechonem occidit"). Du reste les Romains commirent exactement la même bourde bien avant Astérix, lorsqu'ils inventèrent le nom Brennus. Brennus provient du celte "brenn" (chef, dirigeant de tribu, administrateur de peuplade...), nom commun gaulois devenu nom propre romain.
Et finalement le quatrième texte, celui de "Václav Hájek z Libočan" de vers 1540, atteint tous les sommets du roman inventé (mise en garde maintes fois réitérée envers ces écrits farfelus). Il connaît par exemple la date exacte d'arrivée des 2 frangins sur la colline: l'an 644, soit 5843 ans après la création du monde ("Léta od narození Syna božího šestistého čtyřidcátého čtvrtého [a od stvoření světa již bylo pět tisíc osm set čtyřidcet a tři]"). Il connaît aussi les noms des châteaux dans lesquelles vivaient "Čech" et "Lech" ("On Lech měl své sedění na hradě řečeném Krapina, kterýžto dodnes stojí. Starší bratr, totiž Čech, měl svuoj byt na hradě řečeném Psáry nad potokem prudkým, kterýž Krupá slove"). L'ancêtre n'est plus un meurtrier, mais un bon bougre qui décide avec son frère de quitter un pays livré au désordre du chambard ("Oni pak bratří Čech a Lech, vidúce takový neřád, vády i mordy mezi příbuznými o meze a dědiny, spolu se o to snesli, aby se těch hadruňkuov a mordův uvarovali a jiným té vší krajiny postaupíce odtuď s ženami i s dětmi, přátely a příbuznými, s koňmi, dobytky i se všemi nábytky, kteréž měli, do krajin na puol noci aby se obrátili"). Lorsque le peuple se mit en route vers la terre promise avec femmes, bétails et enfants, il était précédé d'un fanion jaune, sur lequel était peint un bouclier blanc, sur lequel était peint un aigle noir, qui fut utilisé depuis des lustres et repris par St Venceslas en personne ("před nímiž nesen byl praporec žlutý a na něm štít bílý a v štítu vorel černý, kteríhož od starodávna předkové jích i potomkové za znamení užívali, i svatý Vácslav, až do Boleslava ukrutného"). Là où par contre le bougre avait vu juste, mais par le plus grand des hasards, c'est lorsqu'il affirmait que sur ces terres vivaient les Boïens ("Boem", nom qui deviendra "Bohême" par la suite) qui disparurent (selon "Václav Hájek") à cause des guerres et de la peste fréquentes en cette période et en cette contrée ("[...] až i přibrali se do krajiny, v kteréž někdy Boemové obývali; a ti byli jednak všickni válkami a častými mory vyhynuli. Někteří ovšem kronikáři pokládají, že by ještě někteří, ale velmi řídko [...]"). Inutile de vous préciser que tout ceci n'est que pure invention, car aujourd'hui tout le monde sait que les Boïens disparurent des suites d'une épidémie de cancer fulgurant des poumons, de la trachée et des bronches à cause de l'usine électrique de "Křivenice" qui brûle du charbon brun extrêmement polluant malgré les filtres obligatoires mais non contrôlés (mais non maman, je déconne à nouveau, c'est pas vrai, c'est pas dangereux du tout, maintenant c'est contrôlé). L'ancêtre "Čech" quant à lui disparut en 661 à l'âge de 86 ans, 17 and après la découverte de la Bohême ("Léta 661, od toho času jakž jest vsel Čech do země, léta sedmnáctého a věku svého osmdesátého Šestého kníže Čech umřel"). Il fut enterré au pied de la colline "Říp", dans le patelin de "Ctiněves", et tout le monde pleurait sa perte prosterné devant son sépulcre ("Potom to místo a ten hrob za dlúhý čas navštěvujíce plakali a klaněli se, všelikú jemu činíce poctivost. Po nedlúhém pak času na tom místě ves postavili a pro poctivost toho hrobu Ctiňoves jí jméno dali"). Ah et sinon contrairement à son prédécesseur "Přibík Pulkava", "Václav Hájek" ne fait pas s'envoler "Lech" directement pour la PLogne (vers le Nord), mais selon lui, le frangin commença par aller vers l'Est, où il eut le temps de fonder le bled de "Kouřim". Le nom de "Kouřim" est basé sur la racine de "kouř", fumée, et justement parce que lorsque "Lech" voulut se barrer ailleurs, "Čech" se mit à pleurer que c'était pas cool, qu'il avait prévu des apéricubes goût jambon à dîner, et donc "Lech" pour le consoler lui dit ainsi qu'il n'irait pas trop loin, et qu'une fois sur place du pas trop loin, il ferait un feu avec plein de fumée réchauffeuse de planète afin de lui indiquer sa position qu'il ne serait même pas loin: "[...] ač neřádi jej sú propustili, snažně jeho prosíce, aby daleko od nich neodcházel proto, jestliže by kdy ruka nepřátelská chtěla jím uškoditi, aby jim jako své rodině pomocníkem byl. A on k ním pověděl: «Bratří milí i všickni přátelé! Třetího dne, dřív než dennice vzejde, vstupte na Zřip a já toho času v lese oheň nemírný učiním. A kdež uzříte blesk ohně a dýmu kauření, tu znajte mé osazení !» A tu hned toho času počal jest města stavěti a velikými valy kázal je osypati a od toho kauření dal jemu jméno Kaiinni. Kauřim" Et pour ceux qui douteraient de cette histoire, il existe près du bled, la pierre de "Lech" ("Lechův kámen") d'où qu'il envoya son signal. Si c'est pas une preuve ça? Parenthèse, "Kaiinni" vieille racine du proto-slave pour fumer/fumée. En tchèque il ne reste plus que "kadidlo" pour encens (et dérivés: encensoir, encenser...), mais en Slovène "Kajenje" signifie "fumer", bien que ce soit aujourd'hui interdit dans les bars, pubs, restaurants... Et pour terminer sur "Lech", parce qu'il est à la PLogne ce que "Čech" est à la Tchéquie, j'aimerais encore rajouter quelques points. D'abord selon les légendes, soit il est monté directement vers Varso, soit il a fait une escale à "Kouřim". Jusque-là c'est pas trop important. Mais ça se complique avec "Krok". Selon les légendes, soit "Krok" fut son fils, vivant (au moins un certain temps) en PLogne ("Krok" donna son nom à la forteresse de "Krokov" qui devint "Krakov", i.e. Cracovie), soit il fut un chef de clan qui prit la suite de "Čech" (à sa mort) comme chef de tribu en Bohême (recommandé par "Lech" justement, qui avait d'autres ambitions ailleurs). Et là maintenant c'est vachement important, parce que si "Krok" fut le fils de "Lech" et qu'il vécut en PLogne, alors ni vous ni moi n'existons. Eh non, tenez-vous bien: sans "Krok" en Bohême, pas de "Libuše" à "Vyšehrad". Sans "Libuš" pas de Prague, et donc pas de Strogoff non plus. Or sans Strogoff, pas de publie, donc pas de lecteur. Et sans lecteur, donc ben même pas vous. Et paf, tiens, c'est dingue la quatrième dimension non? En fait, les PLonais ont un équivalent des nombreuses chroniques tchèques: la "Kronika Wielkopolska" (commencée vers la fin du XIII ème siècle). Elle présente des évènements identiques (pompés), mais vus sous un autre angle (PLonais), et d'après les historiens (et même pas moi), les faits sont encore plus discutables que dans les chroniques tchèques. En fait la tradition des versions tchèques parle généralement du binôme "Čech" et "Lech", où "Čech" est l'ainé. Alors que dans la tradition PLonaise, l'on retrouve un trinôme "Lech", "Rus" (fondateur de la Rus de Kiev ou de la Russie, pas vraiment sûr) et "Čech". Evidemment, dans cette version polaque, c'est "Lech" l'ainé et "Čech" le cadet (cf. "Kronika wielkopolska"). De nombreuses raisons politiques expliquent les raisons de ces différences (les PLonais ont toujours été jaloux des Tchèques, plus beaux, plus intelligents, plus cultivés, plus jeunes, plus grands, plus inventifs, plus forts, plus aimés, plus célèbres, plus riches, plus modernes, plus athées, plus ridisciplinaires, plus que parfait...), mais parce que ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui, ainsi que pour d'évidentes raisons d'humilité et de modestie, je ne vais pas m'étendre là-dessus.
Maintenant la légende connue de tous les Tchèques dès le plus jeune âge, la légende que chacun ici connaît par coeur comme les 12 couplets de La Marseillaise en France (ah bon, pas tous?), (parce que) la légende que toutes les mémés lisaient aux chiards pour les endormir, (parce que) la légende dont la lecture était obligatoire dans les écoles primaires afin d'inculquer un brin de civisme patriotique aux moutards chenapans, la légende fabuleusement illustrée par le grand "Mikoláš Aleš" qui commence par "Za Tatrami, v rovinách při řece Visle...", continue avec "To je ta země zaslíbená, zvěře a ptáků plná, medem oplývající" pour se terminer en "a jméno jeho šlo od pokolení do pokolení", ben cette légende est l'oeuvre de "Alois Jirásek" (publiée en 1894). Alors toute la nation tchèque se pâme d'admiration devant cet écrit épique intitulé "Staré pověsti české, O Čechovi" et dont je vous ai trouvé une copie sur la toile. Tous se pâment d'admiration parce que c'est beau, c'est épique, et ça parle au coeur de la nation. Certes, mais historiquement c'est faux. Et pour cause: c'est entièrement basé sur les couillonneries de l'aut' boug' de "Libočan". "Alois" a dépoussiéré la langue (cf. "Václav Hájek: Toť jest ta země [...], země vám zaslíbená, zvěři a ptákuov plná, medem a mlékem oplývající, jakož pak sami vidíte k obývání velmi příhodná, vody se všech stráň hojné a nad obyčej rybné. Tuť vám se nebude nic nedostávati, nepřátelé nebudau moci vám uškoditi" versus "Alois: To je ta země zaslíbená, zvěře a ptáků plná, medem oplývající. Na všem budete míti hojnost, a bude nám dobrou obranou proti nepřátelům"). "Alois" a rajouté le zizi-pan-pan décoratif, les boules de Noël sur les guirlandes, mais dans le fond, tout est à l'identique, même certaines dates ("Alois: A když osmdesátý šestý rok nastal starci, naplnili se jeho dnové a umřel" versus "Václav Hájek: [...] věku svého osmdesátého Šestého kníže Čech umřel") mais pas toutes ("Alois: Minulo skoro třicet let od toho času, co vešel vojvoda Čech do české země" versus "Václav Hájek: [...] od toho času jakž jest vsel Čech do země, léta sedmnáctého [...]"). Alors attention, je ne dis pas que l'oeuvre de "Alois Jirásek" est à jeter au feu avec le bébé du bain, je dis simplement qu'il a beaucoup moins de mérite que le bon peuple tchèque veuille bien lui octroyer, et surtout moins de mérite que le grand "Mikoláš Aleš" qui lui, a tout dessiné de lui même.
Sinon d'un point de vue rationnel, les archéologues n'ont jamais rien trouvé de tangible afin de corroborer cette légende (jusqu'à maintenant). Oui il semblerait que des Slaves auraient vécu sur la colline, mais pas au VI ème siècle puisqu'ils étaient du côté de "Slaný" et de "Kralupy nad Vltavou". Ce n'est qu'au IX ème siècle qu'ils découvrirent l'expansion, la marche à pied et le char à boeufs, et commencèrent à migrer vers le Nord. Oui il existe un tumulus à quelques mètres de l'église "Ctiněves", mais je ne suis même pas sûr que l'on ait archéologué dessous (vraiment archéologué, pas comme "Václav Krolmus", cf. plus loin). Quoi qu'il en soit, toute cette légende, qu'on la considère de l'un ou de l'autre des auteurs, recèle comme un méchant parfum de déjà
Alors afin de conclure sur l'ancêtre "Čech", et sur sa viendue sur le mont "Říp", notez que la recherche de sa tombe fut une activité aussi populaire que de se fourrer le doigt dans le nez pour les conducteurs scotchés sur le périph pas rizien. Des centaines (milliers?) de personnes munies de pioches, de bêches et de pelles retournèrent les environs sur plusieurs kilomètres à la ronde sans jamais rien trouver. Enfin si, des artefacts anciens, ils en trouvèrent pleins (cf. le petit musée), mais de la tombe de l'ancêtre "Čech", rien, même pas une dent. Et forcément, puisque selon le grand humaniste, éditeur et traducteur "Daniel Adam z Veleslavína", cette tombe se trouverait à "Budeč". Ceci dit elle n'y est pas non plus, parce que "Václav Krolmus" y a fouillé sans succès, là comme ailleurs. Encore que... Ce bougre de couillon de moine ("Krolmus") fouilla en juillet 1853 un talus dans un champ derrière l'église de "Ctiněves". Il y trouva des bouts de céramique, et une hache en pierre polie (qui se trouve aujourd'hui au musée national). Super, il était persuadé d'avoir trouvé la tombe de l'arrièranciennaïeul "Čech". Sauf que toutes ces trouvailles remontaient à la fin du néolithique, début chalcolithique, soit 2 à 3 millénaires avant Jean-Claude. Même "Bohuslav Balbín" se laissa embalbíner fin XVII ème siècle par les ragots des villageois de "Ctiněves". Il rajouta même sa pierre à l'édifice des couillonneries lorsqu'il raconta qu'au village se trouvait une source du nom de "Hamlouf", qui surgit de terre lorsque l'ancêtre "Čech" planta une verge là (remarquez cependant que l'ancienne bergerie au numéro descriptif 1 du hameau s'appelait bien "Hamlouf", mais ce diminutif provenait fort certainement du nom d'un villageois, "Ham(m)el, Haml, Zeitham(m)el, Zeithaml..." qui donna "Hamlouf", rien à voir avec la verge de l'aïeul). Un autre délirant, "Václav Prokop Duchovský" (1717-1773, secrétaire du consistoire archiépiscopal) alla jusqu'à prétendre que... tiens, attends, histoire vraie. Je vous la fais du début en entier, parce que ça mérite vraiment le détour. Incroyable à quel point l'on peut fout' (gaspiller?) du temps et de l'énergie en des conneries qui tiennent plus de la foi personnelle que du raisonnement rationnel. Et qu'on n'aille pas me dire après ça qu'ils ne fumaient pas des champignons déjà en cette époque...
Lorsque "Gelasius Dobner" (un moine piariste, mais remarquable historien cependant) se mit à dépecer en morceaux la chronique pourrie de "Václav Hájek z Libočan", il déplut immédiatement. Ben tiens. Selon la (les) chronique(s), les Tchèques remontaient jusqu'à Noé, en passant par le primo-grec "Javán" ("Od Ilelisy pak syna Javánova, vnuka Jafetova, pravnuka Noe, pošli sú Slováci a ti hned vedle Řekův západní země obdržali, jako Slovanská, Ráckú, Charvatská, Bulgarskú, Bosenská, Valášků, Rusku a Mozkevskú [...]") duquel descendait l'ancêtre "Čech", et donc le peuple tchèque était de la lignée "pure" grecque antique, et toute la vieille noblesse de Bohême (comme de PLogne, cf. "Lech") pouvait se flatter de l'appellation d'origine biblo-hellénique contrôlée et avérée. Pour "Gelasius" cependant, ce n'était que vaste couillonnerie, car comme il disait lui même, "Nam juxta criticae praccepta: Traditio cedit rationi, historiae ac veritati". Selon "Dobner", l'origine des Slaves se trouvait aux frontières de l'Asie, du côté de la mer noire (Circassie, ceci dit c'était faux également, la provenance de Circassie), et il l'écrivit dans son ouvrage critique fort apprécié par certains. Les boules pour les autres, car c'était plutôt aigre poilu et plein d'arêtes à avaler. En effet cette théorie éliminait toute filiation biblique, antique et originelle sur laquelle les noblaillons basaient leur réputation, leur gloire et l'argument de leurs privilèges pour reléguer l'aristocratie à de la barbare descendance immigrée de lointaines steppes asiatiques (les frères "Zich" et "Lich" selon le piariste). Les boules à donf. La riposte fut immédiate. Les concernés se lâchèrent sur "Dobner" comme des mouches sur le chancre du pied sale, "Václav Prokop Duchovský" en tête. Celui-ci publia à l'encontre de "Gelasius" un pamphlet si violent, si grossier, et si excessif que l'archevêque de Prague le fit interdire au motif qu'il nuisait à la bonne réputation de l'église (je vous l'ai trouvé sur le net, "Lucifer lucens non urens...", le diable éclaire mais n'urine pas :-) 1765). Le prince polac "Józef Aleksander Jabłonowski" dont la carte de visite portait fièrement mention "Lech était mon aïeul" au dessus du numéro de téléphone, eut une attitude nettement plus constructive. Il lança dans les "Göttingischen Anzeigen von gelehrten Sachen" un appel d'offre offrant du pognon à quiconque apporterait des preuves tangibles sur l'une comme sur l'autre des options (genre "Čech" et "Lech" ont existé, ou pas). Et c'est "August Ludwig von Schlözer" qui fit la réponse en ce sens: oui "Dobner" a raison quand il dit que "Čech" et "Lech" c'est du délire total ("primus delirare desiit"), non "Dobner" a tort quand il les remplace par "Zich" et "Lich". C'est moi que je sais, car depuis que je ("Schlözer") bosse sur la chronique de Nestor (l'équivalent russe des "Chronica Boemorum", ici en intégral et en Français), ben parmi les 3 frères fondateurs de Kiev (la Rus de Kiev?) "Sček", "Kij" et "Choriv", ben c'est "Sček" qui est "Čech". Par ici la monnaie! Ah ouais? Ca n'faisait pas vraiment l'affaire du PLonais "Jabłonowski", parce que ça ne disait rien sur "Lech", aussi notre noblaillon plein de pognon créa sa propre société scientifique (en 1768) pour la recherche de la vérité vraie: "Towarzystwo Naukowe Jabłonowskich" ou "Jablonowskische Gesellschaft der Wissenschaften" en Germain). Celle-ci n'apporta pas plus de preuves que nos bougres précédents, et cherche encore aujourd'hui qui de "Čech", "Lech", "Zich", "Lich", "Sček", "Kij" ou "Choriv" est à l'origine de quelque chose :-) Mais retour en Bohême.
Pour contrer "Dobner" et prouver l'existence de "Čech", "Duchovský" est allé prétendre connaître l'épitaphe de la tombe de l'ancêtre: "Zde gest mocné a slawné knjže pan a hospodar národu Charského Malon Čech, a spj oželen slzmi bolestnými od národu swého". Cette inscription aurait été contenue dans un manuscrit inconnu découvert en 1556 (le 24 février après-midi) dans une abbaye retirée. "Duchovský" fut cependant incapable de montrer ni nommer le manuscrit, encore moins l'abbaye. Un autre détracteur de "Dobner", "Eliáš Sandrich" (dit Athanasius) arriva en 1767 avec une idée encore plus délirante que "Duchovský". Le nom "Čech" serait apparu au XII ème siècle sous Fred 1er (dit Barberousse), parce qu'en cette époque le roi de Bohême avait pour fonction archi-loufiat (archi-échanson) dans le souper du St empire romain-germanique. Or en Tchèque archi-loufiat se dit "arcičíšník" ("arcičiešnik" auparavant, abrévié en "Šnek"), et selon ce fichtre d'Athanasius, l'on commença à parler de la Bohême comme de la "arcičiešnikovou zemí", abrévié en "čieší zem" d'où sortit "Čechy", la Bohême (cf. "P. Athanasius a S. Josepho: Disquisitio Historico - Chronologico - Critica: quare, et quando Bohemia fuerit appellata Czechia, eiusque incolae Czechi? [...] nempe Slavo - Bohemos coepisse appellari Czechos ab archi - officio pincernatus, quod Imperator Fridericus Barbarossa Saeculo XII., jure Haereditario annexuit Bohemiae"). A partir de 1768, l'historiographe officiel de la province de Bohême "František Pubička" remit officiellement les frères "Čech" et "Lech" en selle parmi les ancêtres slaves officiels (cf. "Chronologische Geschichte Böhmens unter den Slaven"), et il fallut attendre la renaissance tchèque pour relancer à nouveau un sujet jamais définitivement clos. Signalons encore qu'on pourrait décerner la palme du délire total à "Hanuš Kuffner". Dans son ouvrage intitulé "Záboj a Čestmír: Obrazy starého českého válečnictví doby předkřesťanské" (1923), il affirme que les Slaves dominaient l'Europe centrale déjà sous la Rome antique, et que les auteurs de cette époque considérèrent par erreur ces Slaves comme des Germains. Et attention, il apporte des preuves. D'abord la plupart des noms des villes suisses (Europe centrale?) seraient d'étymologie slave: Bern viendrait de "Breno" (nom propre) voire de "Brno" (capitale de la Moravie), Hospental (mon préféré) viendrait de "hospoda" (taverne), et le mot "čeleď" (famille, groupe, tribu) utilisé par la plèbe pour nommer ses chefs aurait donné "celed", "celt" soit celte, peuple qui n'aurait jamais existé. Excellent non? Mais revenons au mont "Říp".
En dehors de la buvette (j'en parlerai plus loin), il s'y trouve encore aujourd'hui une rotonde St Georges. L'édifice date de 1126, année où le prince "Soběslav I" mit une raclée à Lothaire III, le 18 février exactement à la bataille de "Chlumec". Parenthèse: depuis cette époque on utilise en Bohême l'expression "Lothar dopadl jak sedlák u Chlumce", qui se traduit en Français par "Lothaire fut dérouillé comme Vandamme à Kulm". Bref, et pour bien marquer sa victoire éclatante, ben "Soběslav I" décida non pas de construire la rotonde, parce que ça coûtait salé poivré et que la commission d'investissement lui refusa le budget, mais il décida de re-construire la rotonde existante (alors en ruine) et d'y adjoindre la tourelle Ouest quand même, afin que les livres d'histoire n'aillent pas le qualifier de radin manifeste. Et comme il restait encore quelques pépettes dans le fond de la bourse une fois les travaux terminés, l'on fit consacrer le complexe par l'évêque de "Olomouc", "Jindřich Zdík". Alors la plus ancienne mention de cette péripétie se trouve dans les annales du chanoine de "Vyšehrad" ("Canonici Wissegradensis Continuatio Cosmae", entre 1126 et 1142) où l'on peut lire "Hic Luderius, rex Saxonum, seductus ab Ottone, duce Moraviae, inflatus magna superbia et avaritia pecuniae atque malitia et iniquitate, cum suo exercitu venit contra Bohemos iuxta oppidun nomine Chlumecz [...]" puis encore plus loin "Eiusdem etiam temporis curriculo capellam in monte Rzip nuncupatam Sobieslaus dux serenissimus destructam reconstruxit, quam Zdik, sanctae Olomucensis ecclesiae venerabilis episcopus, pristino dotis iuri restauratam cum summa reverentia consecravit". Bien qu'inconnu, le chat-moine de "Vyšehrad" devait être un fidèle partisan du prince "Soběslav" de par la façon dont il flatte infiniment ses exploits comme sa personne. Ces annales furent une des sources des "Annales Gradicenses-Opatovicenses" (entre 1146 et 1260) dans lesquelles on peut lire "Hic Lutterus rex venit cum exercitu contra Boemienses iuxta oppidum nomine Hlumec, ubi Sobezlaus dux cum suo comitatu dei adiutorio partem primatum interfecit, inter quos ruit Otto dux, Moraviensis princeps, interfectus est XIV Kal. Mar. Et sic domuus Sobezlaus et Boemienses cum magno honore et victoria redierunt. Bracizlaus captus est. Capella in monte Rip renovata est". Notez qu'ici il n'est plus fait mention de l'évêque consécrateur. Puis une troisième source mentionne encore notre péripétie, les annales du moine de "Sázava" ("Monachi Sazaviensis Continuatio Cosmae", entre le 12 ème et le 13 ème siècle) où il est écrit "Postquam autem cognovit regem Lotharium cum valida Saxonum manu Boemicis appropinquare terminis, festinavit ei occurrere ad castrum, quod Hlumec dicitur." Bien que l'auteur s'étend nettement plus sur le contexte politique et les conséquences de la bataille sur les protagonistes, il ne parle plus du tout ni de l'évêque, ni de la rotonde. Alors rapide parenthèse sur l'évêque de "Olomouc", "Jindřich Zdík" (vers 1080 - 1150) dont je vous avais rapidement parlé dans une précédente publie. Outre qu'il fut évêque et politicard, outre qu'il fut à l'origine (avec le prince "Vladislav II") de la venue des prémontrés en Bohême, outre qu'il fut à l'origine (avec le prince "Vladislav II") de la fondation de l'abbaye de "Strahov", outre qu'il apporta un soutien non négligeable aux prémontrés de l'abbaye de "Želiv" (qui brassent aujourd'hui une bière remarquable), outre qu'il était pote avec Bernard de Clairvaux (le Michael Jackson des cisterciens), eh bien outre tout cela, "Jindřich" est remarquable parce qu'il semblerait fortement qu'il soit le fils légitime d'une certaine "Božetěcha" et de... allez, un effort... et de... "Cosmas Pragensis". Eh ouais, ça semble dingue aujourd'hui, mais l'évêque de "Olomouc" était sans doute le fils du doyen du chapitre de St Guy. Enorme! Tout d'abord le moine "Cosmas" était marié. Il fait référence à la mort de son épouse (en 1117) dans ses écrits "Chronica Boemorum": "Eodem anno Rerum cunctarum comes indimota mearum, Bis Februarii quinis obiit Bozeteha kalendis". Rappelons que le célibat (ou non) des prêtres était une question d'interprétation (comme toujours en religion), et que la vraie première gueulante officielle du pape envers les prêtres en concubinat date du concile de Latran en 1123. Auparavant, un moine normalement constitué d'un manche à clochettes prenait naturellement femme (parfois même plusieurs fois par jour) poussé comme tout un chacun par l'effet Romone du poil de d'ssous d'bras. Ben tiens. Quant à son fils ("Heinricus, qui et Sdik"), il est clairement mentionné ("cliens Heinrici, filii mei") dans le même ouvrage en la même année 1123 dans le cadre d'un voyage organisé à Jérusalem : "Anno dominice incarnationis MCXXIII. Mense Marcio comes Dlugomil et Gumpreht et Gilbertus et Heinricus, qui et Sdik et cum eis alii Hierosolimam perrexerunt, ex quibus quidam mense Novembri redierunt, quidam ibi interierunt; nam comes Dlugomil iam in revertendo VIII. id. Iulii obiit. Similiter et Bertoldus, cliens Heinrici, filii mei". C'est énorme, mais c'est fort probablement faux. Eh ouais, le fils de "Cosmas Pragensis" et de "Božetěcha" s'appelait bien "Jindřich" (Henri, "Heinricus"), mais ce n'était pas l'évêque de "Olomouc", le "Jindřich Zdík". Et "Bertold Bretholz" s'en doutait déjà fortement lorsqu'il rajouta à sa traduction critique Latino-Allemande des "Chronica Boemorum" (1923, l'une des plus meilleures versions qui soit) le commentaire suivant: "Die allgemeine Ansicht, daß dieser Heinrich, den Cosmas als seinen Sohn bezeichnet, und jener früher genannte Heinrich Sdik ein und dieselbe Person sein müßten, somit der Olmützer Bischof Heinrich Cosmas´ Sohn gewesen sei, ist irrig". Comment le sait-on que c'est faux? Ben parce qu'on ne peut pas prouver que c'est vrai. Non, en fait plein d'indices le font penser. Genre "Jindřich Zdík" militait farouchement pour le célibat des prêtres. Curieux s'il eut été le fils de "Cosmas" et de "Božetěcha" non? Sinon l'évêque de "Olomouc" (en Moravie) repose selon sa volonté à Prague (Bohême), en l'église Ste Marie de l'assomption à "Strahov", et je signale cela à dessein pour tous les Moraves qui haïssent les Praguois. Na!
Maintenant revenons à la rotonde St Georges. Elle fut donc reconstruite en 1126, toute belle toute neuve, et dès 1143, le monticule comme la rotonde étaient propriétés de l'abbaye de "Strahov". Au début du XV ème siècle arrivèrent les guerres hussites, et les biens de l'église catholique (la plupart) changèrent de main. Alors là, z'allez voir ça devient un peu compliqué. Parce qu'ils habitaient juste en dessous du mont, ce sont les "Ctinští ze Ctiněvsi" qui récupérèrent le domaine des moines. Ensuite un certain Martin "z Mnetěše" (encore un patelin en dessous du mont) fit fondre 2 cloches pour l'église (notez bien l'importance d'une telle information?). Pis la propriété retourna aux moines de "Strahov" en 1515, lesquels la vendirent en 1577 avec le patelin "Mnetěš" à "Vilém z Rožmberka". Ce dernier en garda propriété jusqu'à son décès, où ses biens passèrent aux mains des "Lobkowitz". Entre-temps la rotonde St Georges ("Jiří" en Tchèque) qui s'appelait auparavant St Adalbert ("Vojtěch" en Tchèque), fut renommée (ou plutôt re-consacrée) au début du XVI ème siècle (l'on n'avait vraiment rien d'autre à fiche), mais d'un point de vue architectural cela ne changea strictement rien. La rotonde devint pour un temps église paroissiale du bled "Rovné" (juste en dessous du monticule), mais parce que comme disait Mr le maire, "si le lieffre avait voulu qu'on n'aille pas à son anticle, il n'aurait pas trouvé plus chiant placée comme priante", l'on finit par aménager le gymnase du village pour les besoins de l'office aux fins d'éviter qu'un cléricard n'aille se croûter sur la grimpante surverglacée en hiver. Pourtant le problème ne fut pas totalement résolu, puisqu'au XVIII ème siècle l'on enterait encore l'macchab autour de la rotonde, et qu'il fallait bien monter la viande froide et faire monter la viande chaude pour les zobs secs. Une première restauration de l'édifice eut lieu en 1826 dans le cadre des 700 ans de la bataille de Kulm ("Chlumec"), et une vraie de vraie (restauration, pas bataille) suivit en 1869 (jusqu'en 1881) pour l'anniversaire des -100 ans que Louis Armstrong posa sa trompette sur la lune. Pis finalement en 1966 jusqu'en 1974, on restaura à nouveau la rotonde afin de lui rendre l'apparence d'avant 1869. Matériellement elle est construites de blocs de marne taillée, et se compose d'un choeur en demi-cercle (le plus petit des édifices), de la pièce principale (le plus gros édifice), et d'une tour accolée (le plus haut des édifices) qu'on dirait 3 des frères Dalton sans le quatrième. Le toit semble être en dur (pierre?) bien que recouvert de sortes de tuiles à l'extérieur. Le dedans se visite, super, mais honnêtement y a rien à voir. Le peu à voir, c'est un St Georges et son dragon de "Bernard Otto Seeling" (vers 1870), une représentation du Slave nomade transformé en sédentaire (chais même plus qui est l'auteur), quelques toiles d'araignées, et c'est tout. Ah si, et la guide. La guide est exceptionnelle d'apathie. Sans dec, rarement vu ça. Imaginez une statue de cire, qui d'une voix monocorde psalmodie mot pour mot la même récitation depuis 1126, et qui commence comme toujours par "C H E R M O N S I E U R, C H E R E M A D A M E, C H E R V I S I T E U R, J E V O U S S O U H A I T E L A B I E N V E N U E E N...". Le délire. Ah oui, et aussi "...D E V O U S R A P P E L E R Q U' I L E S T S T R I C T E M E N T I N T E R D I T D E P H O T O G R A P H I E R..." M'en fous, y a rien à photographier de toute façon dans vot' misère. Pour visiter, c'est entre avril et octob'. Passée la période touristique, il vous reste la priante chaque premier dimanche du mois. Sinon une fois par an le dimanche après la St Georges (le 24 avril en CZ) y a un pèlerinage officiel. Il y eut d'ailleurs céans toujours des pèlerinages, et principalement lors de la renaissance nationale (à partir de la mi-XIX ème siècle), lorsque le peuple tchèque alors écrasé par la politique autrichienne, la langue allemande et la religion catholique ressentit le besoin d'affirmer son identité, ses racines et sa culture. Quel meilleur endroit que le mamelon maternel (à défaut d'utérus natal), comme symbole patriotique pour faire revivre la fierté de la nation? En 1848 (le printemps des peuples), l'on faisait le piquet de grève sur le mont "Říp" pour réclamer plus de droit social et national. En 1868, une pierre du monticule servit de première pierre au Théâtre National (toujours visible au sous-sol). Et en 2009, pour la toute première fois, Strogoff, grimpa au sommet de ce patrimoine culturel national (depuis 1962, "Říp" est le seul mont inscrit dans la liste). Ceci dit, s'il n'y avait pas la buvette... Et justement, ben la buvette est sympa. Elle fut construite en 1907 par suite des nombreuses plaintes des pèlerins qui, lorsqu'ils arrivaient au sommet du calvaire la langue pendante constataient avec effroi que l'eau du bénitier n'y suffirait pas. Elle est en bois, la buvette, dispose de plusieurs terrasses en été, et la bière y est... ah ouais tiens dis-donc, chais même plus comment qu'elle est la bière? Ben flûte alors, j'ai noté ça nulle part!? Bon, pas grave. Sinon oui, sur la buvette se trouve l'inscription "Co Mohamedu Mekka, to Čechu Říp" (Ce que La Mecque est aux musulmans, Říp est aux Tchèques). Ouais, bon, j'aurais pas mis ça en ce qui me concerne, ça va faire fuir le CHuisse s'il lit le Tchèque. Concernant la propriété, c'est un peu le foin. Selon la guidapathique, la rotonde serait la propriété des "Lobkowitz". Selon une source de 2007, la rotonde serait propriété de l'église (vicariat de "Roudnice nad Labem"). Selon une source de 2008, la rotonde serait administrée par l'institut national du patrimoine (NPU: "Národní památkový ústav"). Et selon une source de 2009, la montagne serait la propriété des Lobko. Foin! Comprenez donc que la montagne est au Lobko, la rotonde aux moines, et c'est le NPU qui fait faire les visites. Et la buvette? Elle est à qui la buvette?
Pour finir, si vous souhaitez approfondir le sujet, je vous conseille la lecture du professeur "Dušan Třeštík: Mýty kmene Čechů" (2003), c'est ce qu'il y a de plus récent. Sur la base des divers documents déjà mentionnés ici, mais sur la base également de récits et de légendes diverses qu'il analyse et compare en détail, il en conclut que l'histoire de l'ancêtre "Čech" est authentique. Il avait 6 frères (et non pas 1), il quitta sa terre entre le VI et le VII ème siècle suite à un assassina, et cette terre serait la Pannonie (aujourd'hui entre la Hongrie et la Serbie). L'auteur accorde nettement plus de crédit à la version "Dalimil" qu'à la version "Cosmas" (a-t-il seulement lu "Krantz" et "Dobner"?), au motif que d'autres écrits d'origines orales abondent dans le même sens. Selon "Třeštík" la version "Cosmas" aurait-été volontairement condensée et embellie par le doyen du chapitre de St Guy afin de ne pas "pourrir" l'origine des Tchèques. D'aucuns prétendent carrément que "Cosmas" aurait inventé son histoire de toutes pièces. Hum, je vous laisse juger! Sinon le petit musée de "Roudnice nad Labem" conserve quelques artéfacts archéologiques trouvés sur le monticule: bijoux, poteries, etc... datant des diverses époques où "Říp" était habité. Rien d'exceptionnel, mais si vous souhaitez approfondir le sujet...
En conclusion, il est indéniable que le mont "Říp" ait de tout temps titillé l'esprit humain sans doute par sa forme trop géométrique. Ca c'est pour le mysticisme. Maintenant si vous plantez un compas (pour faire des ronds, pas pour chercher le Nord) sur le mont, et que vous tracez un cercle de rayon 75 km, en ce cercle se trouveront la quasi totalité des peuplements slaves du VII et VIII ème siècle. Ca c'est pour la réalité. En mélangeant bien les 2, vous obtenez un savant mélange de possibles possibilités sans certitudes pouvant prêter à confuses conjectures interprétées selon les époques par divers exaltés. Les "pour" vous diront que ça a dû exister, que tous ces chroniqueurs n'ont tout de même pas pu tout inventer. Les "contre" vous diront "ben prouvez-le" et trouveront les arguments pour démonter pièce par pièce la belle histoire. Et dieu sait que des histoires semblables à dormir debout ont toujours existé, son fils en est un exemple. Au départ un évènement insignifiant (mais parfois même rien), et au final un délire collectif et une foi fanatique en des dogmes contradictoires jusqu'à l'absurde. Sans dec, on est peu de choses face à l'immensité de l'Univers. Pour terminer sur mon sujet d'aujourd'hui, je cède la parole à "Jan Masaryk" (fils du premier président de la première République Tchécoslovaque), défenestré en 1948 par la chienlit con-muniste qui prononça les paroles suivantes: "My Češi jsme nešťastný národ. Praotec Čech, dej mu pánbůh věčnou slávu, byl vůl. Tolik pěkných míst na světě - on se musel zastavit zrovna tam, kde se zastavil, a postavit nás mezi Němce a Rusy. Vůl. Nemám jiné slovo." (Nous les Tchèques, sommes un peuple malchanceux. L'ancêtre "Čech", que dieu lui rende grâce, était un con. Tant de beaux endroits au monde; il fallut qu'il s'arrête justement là où il s'est arrêté, et de nous planter entre les Allemands et les Russes. Un con. Je n'ai pas d'autre mot). Et c'est justement là, qu'il s'est arrêté: 50°23'9.783"N, 14°17'21.178"E.