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La Route, un film et des réponses à une question: l'homme est-il bon?

Par Antoine Dubuquoy

la route.jpgOuch... Un dimanche après-midi parisien. Ciel plombé. Froid. Et séance ciné... La Route, tiré du livre éponyme de Cormack McCarthy. Distribution solide, portée par Viggo Mortensen, en qui on fait une confiance aveugle. Un type qui dérouille les mafieux russes dans les hammams, à la seule force de ses poings... On le juge d'emblée capable d'amener son fils voir la mer, dans un monde dévasté sans l'aide de Roland Emmerich.

Premier constat, 2h40. Long, dans la grisaille absolue. Tout est crade, détruit, délabré, crâmé, défoncé. Il flotte. Au moins autant que dans Blade Runner. La vision post-apocalyptique de l'hémisphère nord ressemble à un long mois de novembre. L'homo americanus a perdu ses repères, la clim, Tivo, Wal-mart, Verizon. Lorsqu'il tombe sur, par hasard, une canette de Coca, c'est l'extase. Quand il tombe sur une réserve de fruits au sirop Del Monte, c'est l'orgasme. L'homme est bon, il préfère crever de faim, grignoter une sauterelle de temps en temps, garder sa dignité. On lui chanterait presque du NTM pour lui remonter le moral... Laisse pas traîner ton fils si tu veux pas qu'il glisse. Yo.

L'homme est bon. C'est certain. D'ailleurs une partie des survivants de l'Apocalypse s'en sont convaincus. En y goûtant. Elevages souterrains, réserves de bouffe vivante gardée au frais à la cave. Chasse au gibier sur pieds dans les forêts, dépeçage, fumage. Quand l'homo sapiens sapiens regarde un enfant avec concupiscence, c'est uniquement pour en aprécier par anticipation la saveur de la bavette, du rumsteack ou de l'entrecôte...

Bref, Viggo Mortensen, l'homme bon par nature, tente d'échapper à ceux qui ne l'envisagent pas pour sa bonté intérieure mais pour sa saveur... A l'os, pas de graisse, que du muscle. Le gamin larmoie. Garde son paternel dans le droit chemin. Le père meurt, épuisé par plus de deux heures de cavale sous la pluie. Et patatras, Hollywood reprend le contrôle. Le gamin retrouve une famille. Le soleil se lève, un peu.

Générique. Sortie. On regarde à droite, à gauche. Paris n'a pas changé. Les passants ne se jettent pas sur vous la bave aux lèvres pour vous dévorer le rable. Soulagement.

Enjoy!


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