Stupeur dans les cercles feutrés de l'Amérique pudibonde ! Tiger Woods, le plus populaire des "Bounty" (noir dehors, blanc dedans), gendre idéal transcommunautés avant même l'avènement d'Obama, n'est pas qu'un passionné de greens à dix-huit trous. Son image d'époux fidèle et de père de famille modèle se flétrit chaque jour un peu plus à mesure que ses présumées maîtresses livrent aux rombières permanentées qui hantent les plateaux de télévision outre-Atlantique les détails de leurs aventures avec le "Tigre". Champion de golf au palmarès vertigineux, serial lover à la libido débridée… : les deux sont visiblement incompatibles au royaume enchanté des Etats-Unis d'Amérique.
Sur les grands networks, les journalistes-comédiens qui mettent l'information en scène à longueur d'années peuvent bien se tordre le nez. En réalité, ils se délectent comme le pékin moyen de ces secrets d'alcôves aussi éventés que les parfums capiteux portés par l'armée de poufiasses, dont le quart d'heure de gloire télévisuelle valait bien un vigoureux coup de putt du virtuose de la petite balle blanche. Incomparable lorsqu'il s'agit de mettre un champion sur un piédestal et d'en faire, à coups de "feature stories", un modèle paré de toutes les vertus, l'Amérique l'est aussi lorsque sonne l'heure de brûler ses idoles. Vieux réflexe parpaillot dont la suite logique est la contrition publique sous forme de repentir multidiffusé à une heure de grande écoute. Ascension, chute, rédemption, renaissance, la boucle est bouclée. Comme une vielle catin trop fardée, l'Amérique fidèle à ses "valeurs" n'a alors plus qu'à beugler "Stars spangled banner" sa main boudinée posée sur sa poitrine flasque et la messe est dite…
Alors, brave Tiger, toi qui n'a plus besoin de tes sponsors pour vivre et qui peux te payer des amours tarifées jusqu'à assèchement complet de tes bourses, fais-nous plaisir. Tu fais un beau faux-cul, c'est vrai, ta double vie craspouille n'est pas bien glorieuse, d'accord… Mais après tout, ce sont les autres qui ont voulu faire de toi une icône dont l'aura supposée s'étend au-delà des parcours de golf. Fais le dos rond et attend que l'ouragan médiatique se calme plutôt que d'aller larmoyer sur un plateau de télé en demandant la gueule frémissante à l'Amérique bien-pensante de te pardonner. Je t'assure, tu sortirais grandi en assumant tes erreurs et refusant de baisser ton froc devant cette nation de grands gamins qui, régulièrement, va prêcher aux quatre vents sa bonne parole l'arme au poing. Mais, pour cela, il faudrait que tu ne sois pas Américain et que tu disposes d'un aplomb tel qu'au pays du politiquement correct tu n'aurais bientôt plus ta place.