La solitude

Publié le 15 décembre 2009 par Joseleroy

Un lecteur du blog m'a demandé un message sur la solitude.

Voici un texte de Douglas Harding sur ce sujet :

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"Le sentiment de solitude est l'une des formes les plus déprimantes que puisse prendre le stress. Certains d'entre nous en souffrent beaucoup, d'autres peu, en tous cas consciemment. D'où vient cette différence ? Qu'est-ce qui fait qu'une personne ne se sente pratiquement jamais seule, pas même sur son lit de mort, alors qu'une autre souffre de la solitude presque constamment, même dans une foule, même en famille - peut-être même encore plus dans ces occasions là ?

La première réponse, qui n'en est pas vraiment une parce qu'elle est trop facile et élude la question, c'est que certains d'entre nous sont nés solitaires et d'autres avec l'instinct grégaire. Certains d'entre nous seraient du type Clint Eastwood et d'autres du genre des braves citoyens sociables que ce dernier est heureux de quitter lorsqu'il part au galop vers le désert. En d'autres termes, chacun de nous a un caractère dont il ou elle doit s'accommoder, et nous n'y pouvons pas grand chose.

En réalité, ce n'est pas vrai : nous y pouvons beaucoup. Il y a une solution.

Comment vous et moi allons reconnaître cette solution idéale lorsque nous la rencontrerons ? A deus signes infaillibles. D'abord, il nous apparaîtra qu'elle n'est pas seulement la solution de ce problème particulier, mais celle de tous les problèmes, et surtout celui de notre véritable identité, de notre véritable raison d'être, de notre véritable destinée. Et deuxièmement, nous découvrirons qu'elle est bien plus que cela en fait, et qu'elle consiste moins à nous débarrasser d'un vieil obstacle qu'à déterrer un trésor que nous cherchions depuis longtemps. Plus les racines de la maladie sont profondes, plus le traitement doit être puissant. Dans ce cas, c'est le plus puissant et le meilleur. (...)

De même pour le traitement de la détresse de solitude. Le seul véritable remède à cette angoisse est la découverte de votre Solitude Suprême. Votre souffrance est la porte ouverte à Dieu, l'occasion favorable qui permet à l'Unique de se manifester en vous. Le pire annonce le meilleur. Sans implosion, il ne peut y avoir d'explosion.

Je conçois que ces affirmations brutales peuvent vous paraître extravagantes. Elles exigent plus que des explications. Je vous propose de les vérifier en faisant avec moi une expérience :

Vous sentez - vous solitaire en ce moment ? Alors localisez ce sentiment. Cherchez à voir exactement où vous le trouvez dans ce vaste monde, où il se situe. Je vous demande de vous incliner devant l'évidence, d'accepter humblement ce qui vous est donné.

Regardez le ciel immense. Est-ce là que vous vous sentez enfermé et solitaire ? J'imagine que non. Bien au contraire. Regardez la vue qui s'offre à vous, que ce soit des collines et des forêts, ou des maisons, des immeubles et la foule qui se presse. Est-ce là votre sensation d'isolement ? Certainement non. Abaissez maintenant votre regard sur ces pieds et ces jambes inversées. Votre détresse est-elle là, quelque part dans ces chaussures ou dans ces jambes de pantalon ? Quelle question stupide! Maintenant, abaissez encore votre regard...

 Ah! nous chauffons! ou ressentons nous plutôt un froid glacial ? N'est-ce pas ici que s'est concentré votre sentiment de solitude ? Ici qu'il pèse lourdement, de tout son poids sur vous ? Sur votre coeur surtout ? Votre coeur si lourd, si froid, votre coeur serré, brisé ? Dans les chansons et la littérature populaires, ne retrouve-t-on pas souvent l'expression coeur solitaire ? Pour une bonne raison. C'est qu'au fond de notre coeur nous savons où se niche notre solitude : c'est au tréfonds de nous-même, à notre point le plus bas, ce puisard de notre vie où se déverse toute l'angoisse de la séparation et du manque d'amour, cette véritable Fosse, le Puits empoisonné de la Solitude, au Bout du Monde.

Ne soyons pas trop pressé de bondir hors de ce Puits si froid et déprimant. Acceptons un moment d'être honnête avec nous-même, de cesser de prétendre que notre solitude est ailleurs, que c'est la faute des autres, ou qu'elle n'est pas si terrible que cela après tout. Acceptons d'être la solitude même, abandonné de tous dans ce Puits au Bout du monde...

Et maintenant, n'essayons pas de remonter pour sortir du Puits, mais descendons tout au fond, tout au fond... et... voici la percée! Comme Dante et Virgile se glissèrent, à travers la plus étroite des fissures pour déboucher sur le vaste monde étincelant, notre implosion dans l'infiniment grand...

Avez-vous le coeur brisé ? Avez-vous perdu courage ? Alors reprenez courage. La vie vous a finalement broyé assez fin, vous pouvez désormais passer par le chas de l'aiguille au sortir duquel vous serez le Coeur qui bat dans toutes les poitrines.

Ce n'est qu'un discours prétentieux ? Alors transformez-le en expérience. Désignez ce Point, ce lieu d'où vous regardez.

Et observez sa disparition totale. Et continuez de désigner l'Immensité que vous êtes, là où vous êtes. Cet Espace éveillé, illimité, transparent, immaculé. Non pas l'Espace vide infini, ni même l'Espace plein infini - plein de cette scène qui s'offre à vous - mais l'Espace qui est tout cela, qui est ce monde merveilleux, et qui tout seul n'est qu'une abstraction dénuée de sens. Ne vous contentez pas de me lire. Faites-le." Douglas Harding

La solution à la solitude  consiste à voir QUI est affecté par le sentiment de solitude, QUI souffre. Quand nous voyons que nous accueillons le monde à partir de l'espace, la solitude disparait. Etre seul, c'est se vivre dans la séparation d'avec les autres. Mais quand nous voyons que nous sommes Rien et Tout, comment peut-il y avoir encore de la solitude?

Ainsi c'est paradoxalement en allant vers le Seul, l'Unique que nous nous délivrons de la solitude, car ici, dans l'espace, vraiment, nous sommes UN avec le monde, et la séparation ainsi que la distance disparaissent.

C'est pourquoi Plotin dit, dans les Ennéades, qu'il faut "fuir seul vers le Seul" pour être délivré de la solitude.

josé le roy