Je me suis réconcilié avec eux, ayant renoncé à les mener en ma cave ainsi que je le disais dans un post récent vraisemblablement écrit dans un moment d'abattement, d'égarement. J'ai allumé ma lampe, j'ai tendu le bras et j'ai tiré une couverture qui m'appelait.
Le livre était lourd. Il y a longtemps que je ne l'avais point tenu entre mes mains. Frères flamands, mes amis : Bosch, Brueghel, Memling, Van Eyck... J'ouvre au hasard, il en sort un homme qui ne me regarde pas. Je suis stupéfait. Je te connais, toi, passant d'éternité, je te connais. Tu es souvent entré dans ma maison, tu as toujours ta barbe de trois jours, cette pâleur, tu as l'air pourtant de savoir ce que tu veux, mais tu es paradoxalement méditatif, à quoi penses-tu ami ? A quoi penses-tu ?
Tu tiens ton destin comme tu tiens cette bague dans ta main droite. Vas-tu te marier ? Te fiancer ? Ton visage, je peux le rencontrer dans la rue, dans ma vie aujourd'hui. Ton visage, mon ami inconnu a pourtant six cents ans !
Incroyable ! Le temps, je n'arrête ni de le dire, ni de le penser, ne signifie rien. Il est battement régulier. Son coeur est palpitant. Sa respiration, ô, sa respiration...
Portes du temps, immensités subtiles de cet espace inconnu je veux vous franchir, je veux fouler de mes pas ces contrées enchantées. Je sais qu'elles existent, je le sais. Je veux te retrouver mon frère Jan Van Eyck qui t'a peint, toi, "homme au chaperon bleu" qui vient m'honorer de ta visite à intervalles réguliers. Jan van Eyck qui t'a peint, en incroyable minutie.
Alors, mon propre regard, traversera-t-il les siècles ?