Les méthodes d’entraînement au Scrabble sont diverses et variées, et tout dépend du degré d’expérience et de motivation du joueur, pour progresser : en règle générale, le conseil est plus de développer un entraînement qualitatif que quantitatif.
NB : cette méthode d’entraînement permet d’acquérir et de consolider les bases du jeu nécessaires à une bonne pratique, en Duplicate ou en Classique, c’est-à-dire la vision et l’analyse de la grille, ainsi que l’apprentissage du vocabulaire. Pour le Scrabble Classique, il existe des notions de gestion du reliquat, de l’ouverture grille, de stratégie, qui ne sont pas mentionnées ici. Pour cela, il est préférable de visiter la rubrique Scrabble Classique du site.
1. Quand on débute : deux aspects à maîtriser, le vocabulaire et la grille
Pour la maîtrise de grille, rejouer des parties, ou étudier des parties commentées. C’est la force de répétition qui permet de voir où il faut jouer sur la grille : certains sont très rapides, d’autres moins pour repérer les places.
Pour le vocabulaire, tout dépend de votre motivation : si vous n’avez pas l’envie d’apprendre des mots nouveaux, inutile de vous forcer. Contentez-vous de jouer en essayant d’optimiser les mots que vous connaissez, sur la grille. En revanche, si découvrir des mots nouveaux vous intéresse, faites-le progressivement.
Commencez par l’apprentissage des petits mots à lettre chère (de 2 à 5 lettres) qui rapportent beaucoup en peu de recherches, notez éventuellement le sens des mots qui vous sont inconnus.
Ensuite poursuivez avec l’apprentissage des verbes, en sériant verbes transitifs et verbes intransitifs (dont le participe passé est invariable) : les formes verbales constituent 3/4 des scrabbles ! Vous serez surpris par le nombre de verbes que vous ne connaissez pas, ou dont vous ne connaissiez pas le sens. Idem, apprenez le sens des verbes qui ne vous sont pas familiers pour mieux les retenir.
Une fois cet apprentissage effectué (plus ou moins long, suivant votre motivation, mais 6 mois sont suffisants), il est certain que vous n’aurez pas tout retenu, mais votre esprit sera entraîné, et vous aurez enrichi votre base de mots initiale de quelques milliers de mots supplémentaires jouables au Scrabble (les nombreuses déclinaisons).
Passé ce stade d’apprentissage basique, vous pouvez commencer à apprendre les autres mots que j’appelle “de vocabulaire”, ceux pour lesquels vous n’avez pas un sens certain à donner. Une technique – que j’ai pratiquée lors de l’ODS 1 – la lecture de l’ODS par survol – avec marquage (avec stylo fluo) pour les mots – ni verbe, ni lettre chère – des mots qui m’étaient – sinon inconnus (j’en avais déjà vu certains évidemment), du moins associés à aucun sens. Une couleur différente pour les cinq, six, sept et huit lettres. Recopiage des définitions sur un répertoire alphabétique > exercice de mémorisation par le sens. Ce travail est plus long : entre un an et un an et demi.
Pendant les deux ans d’apprentissage qui vous attendent au début, sachez trouver les occasions de mettre vos connaissances nouvelles en pratique, amusez-vous à jouer avec tous les jeux combinatoires imaginables, ceux de Scrabblerama bien entendu, mais aussi ceux de votre journal de comité, ou tous les jeux utiles à la pratique du Scrabble : à titre personnel, les Anacroisés de Michel Duguet dans Paris-Match, que j’ai commencé à pratiquer en 1986, ont été pour moi une source de progression très intéressante. Des Anacroisés (mots croisés où les définitions sont remplacées par les tirages des lettres des mots à trouver) sont publiés chaque mois dans Scrabblerama. Le plus important à ce stade n’est pas de tout retenir, mais d’avoir envie d’apprendre et de s’habituer à combiner les lettres pour former les mots.
Les premiers tournois de Scrabble, en duplicate, sont un peu décourageants au début : plein de mots que vous ne connaissez pas, des adversaires qui vous semblent très forts, trop forts (on se dit : “jamais, je n’arriverai à leur niveau…”), des tentatives de mot faux etc. L’idéal : à l’aide de logiciels de Scrabble existants (DupliTop notamment), rejouer les parties, et analyser le pourquoi des pertes de points : ai-je perdu des points parce que je ne connaissais pas un mot, ai-je perdu des points parce que je n’ai pas pu construire un mot que je connaissais, ai-je oublié une place ? Etc. De manière à porter l’effort sur le point d’achoppement et à le perfectionner. Savoir analyser ses points forts et faibles : un excellent moyen de progresser, surtout si on accepte de travailler ses points faibles (les points forts, on les travaille naturellement).
2. Quand on a l’expérience du jeu (le joueur réalise normalement au minimum entre 60 et 75% par rapport au top), disons donc au bout de deux ans de pratique régulière (c’est-à-dire au moins une séance de club hebdomadaire, ou deux parties hebdomadaires rejouées), l’objectif du joueur doit tendre vers l’amélioration de son pourcentage (= score / top x 100). Là aussi, la progression doit se faire lentement, mais sûrement.
L’utilisation de documents consacrés au Scrabble (il y a une riche bibliographie) est essentielle.
Apprenez les anagrammes basiques (à un mot correspond un autre mot, exemple du PARISIEN-ASPIRINE), découvrez les 7+1 utiles (exemple : que IVROGNE scrabble sur chacune des lettres de PISSANT), jouez aux jeux proposés dans Scrabblerama du type “Escalettres”, chenilles, mais aussi à tous les jeux de lettres qu’on trouve sur la toile, etc.
Dans les tournois que vous jouez, fixez-vous des dates et des objectifs plus élevés à chaque fois, mais pas trop élevés non plus : exemple : je joue à 75% en moyenne, le prochain tournoi je vise 76%, à la fin du trimestre, je joue à 78%. En fin d’année, l’objectif est de monter 5A, ou 4B etc.
La progression d’un joueur(euse) motivé(e) est en moyenne d’une série (A et B non confondu), par an, sous réserve qu’il ait du temps à consacrer à la compétition. Débutant aujourd’hui, vous serez 5° série en 2006, 4° série B en 2007, 4° série A en 2008, 3° série en 2009 et 2° série en 2010. Le Scrabble étant une école de la patience et de la modestie, à moins que vous n’ayez un don – ou consacriez l’essentiel de votre temps à votre progression, il vous faudra attendre environ 5 ans avant de passer en série 1 (environ les 200 meilleurs joueurs mondiaux).
3. La consolidation
Une fois l’apprentissage du vocabulaire acquise, les méthodes classiques de combinatoire maîtrisées et la connaissance de la grille éprouvée par 5 années de pratique, vous pouvez passer au stade supérieur, et commencer à vous fixer des objectifs non plus par rapport à vous (cest-à-dire : améliorer son % moyen par rapport au top) mais aussi par rapport aux autres ; on rentre dans une logique de compétition, où l’objectif est la victoire.
La compétition est passionnante, quand on la vit intensément en tête de tournoi, et depuis que je pratique intensément le jeu (depuis 1990 en fait), l’objectif est à chaque fois le même : gagner. Parfois en tremblant, parfois en sifflotant. C’est une mentalité qu’ont tous les joueurs de super-série (les 30 meilleurs joueurs mondiaux), une obsession commune à tout compétiteur : le plus difficile, à ce niveau de jeu, ce n’est pas le vocabulaire, ni les capacités combinatoires – équivalentes – mais l’état psychique du moment, ainsi que la concentration. En règle générale, le postulat est : plus je suis confiant, mieux je suis psychiquement (la confiance ne se commande pas), plus je suis reposé, mieux je suis concentré. Pas de soucis et un bon sommeil = deux éléments favorables à une bonne performance, à transposer si vous le voulez à votre activité professionnelle. Evitez, si vous le pouvez, les nuits blanches précédant le tournoi, ou les longs déplacements matinaux en voiture (pas plus de deux heures), c’est au mieux, en ce qui me concerne, trente points de perdus dans le premier cas, quinze dans le second.
Une épreuve de Scrabble, je la compare volontiers à une étape de cyclisme : il faut être constamment devant, et sauter dans les bonnes échappées. Le joueur lâché, c’est comme le cycliste “décramponné” à la première côte : il revient très rarement.
Si on est lâché, et que l’on sait que la victoire est perdue, il faut jouer dans un autre esprit, tout aussi honorable : limiter la casse le plus possible par rapport aux leaders (cette manière de jouer n’est pas fréquente, mais montre un tempérament de joueur qui ne baisse pas les bras).
Pour progresser à ce stade, ça devient difficile, mais la plupart des joueurs de super-série utilisent les moyens informatiques pour conserver leur niveau : cela va du jeu en ligne (www.isc.ro, Jarnac) aux logiciels d’entraînement comme www.anafolie.net, en passant par des techniques plus “artisanales” (révision partielle de l’Officiel du Scrabble, relecture du Marabout du Scrabble de Michel Charlemagne), avant certaines grosses compétitions (Championnat de France, Championnat du Monde, festivals internationaux, etc.).
Mon entraînement ? Une partie par semaine en club (une semaine arbitre, une semaine joueur), de l’ISC en partie libre un soir sur deux pendant 1 h 30 et régulièrement un tournoi homologable, qui me permet de tester mes sensations de jeu et éprouver le besoin de compétition. Enfin, parce qu’au Scrabble, il faut toujours se chercher de nouvelles limites à dépasser : l’apprentissage progressif des mots de neuf lettres qui, aussi rares, soient-ils, font toujours la différence dans les tournois… (SYMETRISE et TONOLOGIE, Aix 2002 et 2003, TELENOMIE Vichy 2004). En attendant les mots de 10 lettres
?Bref, les ingrédients pour progresser au Scrabble, c’est vous qui les détenez, par votre motivation et votre durée d’expérimentation du jeu : la mémoire, la vivacité d’esprit sont des atouts indéniables (privilège en effet de la jeunesse), mais c’est surtout l’expérience qui fait la différence… Et si à l’expérience, vous ajoutez le travail (recherche du sens des mots, entraînement sur exercices combinatoires)… vous y gagnerez très vite. Poursuivez vos pratiques d’association (anagrammes, 7+1, 8+1) en les diversifiant ou en les améliorant (exemple : après les anagrammes basiques, passez aux mots à deux, voire trois anagrammes).
Encore une fois, ne considérez pas les meilleurs joueurs de Scrabble comme des ordinateurs ambulants : c’est un travail de fond de plusieurs années, qui vous paraît insurmontable, si la motivation vous manque, ludique et gratifiant si vous êtes motivé(e). Le scrabbleur ne crée rien, il se contente de restituer ses propres connaissances.
Mais, pour gommer la partie restrictive de cette dernière phrase, je rejoins les avis sur la dimension affective que l’on porte au jeu : c’est bien parce que l’on joue avec des mots qui ont un sens pour nous (une histoire, un vécu) que l’on aime jouer au Scrabble.
Le mot, ce n’est pas qu’une séquence de lettres (vision mathématique étroite, me semble-t-il ). Ce qui est intéressant dans notre jeu, outre l’aspect purement compétitif (par rapport à soi-même ou aux autres), c’est en effet la richesse étymologique, sémantique ou culturelle en découlant.
Il y a dans les lettres et les mots, autre chose que des points à compter et des références alpha-numériques… Il y a des souvenirs personnels qui s’y rattachent, voire des “méta-souvenirs” comme la RUDBECKIE de Vichy 1995 en paires, flash revenu à la mémoire à Aix, récemment (aux parties originales).
Il y aussi une dimension jubilatoire difficile à décrire, un puzzle nouveau à chaque coup, où on est heureux de trouver NÉGLIGE à partir de EEGGILN, malheureux de voir qu’il ne passe pas sec ou en appui sur ses déclinaisons, puis ravi de découvrir qu’il passe sur un A avec ELINGAGE (mais pas NÉGLIGEA). Reconstruire inlassablement un puzzle, c’est à chaque fois le plaisir d’avoir trouvé la solution…
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 24 décembre à 16:48
je te remercie pour la liste des entrainements à faire pour tout scabbleur ,dont le dessein est de developper sa façon de jouer