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SOS agriculteurs

Publié le 15 décembre 2009 par Hmoreigne

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crédit photo: allociné

Dans une quasi indifférence générale, les agriculteurs se meurent. En 2009 leurs revenus ont chuté de 34%. Une tendance qui n’est pas conjoncturelle puisqu’elle suit une année 2008 qui avait déjà connu un recul de 20%. Cette situation est doublement paradoxale. Non seulement les consommateurs ne bénéficient pas de la baisse mais cet effondrement de l’agriculture intervient alors que la faim dans le monde a encore progressé pour atteindre le milliard de personnes sous-alimentées soit, un terrien sur six. Sans s’exonérer des responsabilités nationales, il est évident qu’un tel échec est étroitement lié aux effets de la politique agricole commune (PAC) qui absorbe plus de 40% des fonds européens.

Après la crise financière, la crise agricole est une triste réalité. Le ministre de l’Agriculture, n’en fait pas mystère. Dès le mois d’août Bruno Le Maire avait sonné l’alarme en indiquant que l’agriculture française traversait “la plus grave crise depuis trente ans”. Les chiffres cachent mal le désespoir de nos campagnes. Comment expliquer en effet que les revenus d’une profession qui incarne quelque part la valeur travail soient inférieurs en 2009 à ceux du début des années 1990 ? Les revenus moyens des éleveurs laitiers se situeront pour 2009 bien en-dessous du Smic, autour de 9.000 euros, soit moitié moins que leurs revenus 2008. Le gouvernement a bien tenté de répondre fin octobre par un plan d’urgence, mais celui-ci a des allures de cautère sur une jambe de bois dans la mesure où il ne consiste qu’en des prêts bonifiés et non en un relèvement des prix agricoles. La France paysanne semble être un lointain passé dont les urbains semblent faire peu de cas. Comment expliquer sinon que les SOS envoyés par tous les acteurs du secteur n’aient aucun écho ? “C’est une situation désastreuse, nous revenons 30 à 40 ans en arrière”, explique Guy Vasseur, le numéro deux de l’association des chambres d’agriculture françaises, selon qui un tiers des exploitations ont un revenu nul voir négatif.

Dans ce paysage de désolation, la seule lueur d’espoir peut venir d’une réforme de la PAC . La Coordination rurale en formule ouvertement la demande: “la PAC doit être réformée dans l’objectif de permettre aux agriculteurs de nourrir leurs concitoyens en vivant dignement du prix de leur production.” La réforme oui, mais dans quel sens ? Dernièrement, les pays membres de l’Union européenne ont voté la libéralisation et la diminution des dépenses agricoles. La FNSEA en est réduite à déplorer la disparition ou l’affaiblissement des outils de gestion des marchés, tels que l’intervention, un mécanisme permettant à l’Europe d’acheter les marchandises excédentaires et de financer leur stockage.

La réorientation de la PAC qui se dessine pourtant doit être l’occasion de relever un triple défi. Concourir à la sécurité alimentaire en fournissant des matières premières saines, assurer des revenus décents aux travailleurs de la terre, réconcilier ceux-ci avec la nature. Autrement dit sortir d’un système infernal, productiviste à outrance, qui a appauvri le monde agricole et créé des dommages conséquents à l’environnement.

Ainsi, au moment où se termine le sommet de Copenhague, une étude commandée par l’UE confirme que l’agriculture a une grande responsabilité dans le changement climatique. Déjà décriée pour son impact sur l’environnement et la santé, l’agriculture intensive se voit maintenant aussi remise en cause pour son rôle dans le réchauffement ainsi que l’exploitation intensive de bois, qui limite la capacité de séquestration des forêts. Une goutte de plus dans un océan de désespoir.


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