Les 35 heures ont 10 ans, soit environ 87 360 heures dont 18 200 travaillées. C’est en effet le 15 décembre 1999 que la majorité de gauche dite « plurielle » qui soutenait le gouvernement de Lionel Jospin votait l’ultime version des lois Aubry.
Curieusement, l’anniversaire de cette « grande conquête sociale » qui, dans l’esprit de ses promoteurs, devait éradiquer le chômage de masse et changer la vie de Josette et de Marcel n’a pas donné lieu à de grandes réjouissances avec bals musette improvisés dans les usines, orgies de (vraie) galette-saucisse et feux d’artifices façon Front Populaire ou 14 juillet à Pleurtuit.
Ce n’est pas étonnant car rarement une mesure pétrie d’autant de bonnes intentions économiques et sociales n’aura eu d’effets aussi calamiteux sur l’économie en général, l’emploi et les finances publiques en particulier.
Ceux qui, à l’instar de « Restons Correct ! », se faisaient traiter à l’époque de fachos, de réacs, et même d’esclavagistes pour oser émettre des réserves sur l’efficacité sociale des 35 heures ont évidemment beau jeu de triompher aujourd’hui.
Si nous nous en abstenons c’est uniquement parce qu’il serait indécent de se réjouir du malheur de millions de nos concitoyens privés aujourd’hui d’emploi, par ce qu’il faut bien appeler l’aveuglement idéologique et la sottise congénitale de la gauche française en général, des socialos plus particulièrement.
Il serait trop long de dresser ici le bilan des funestes conséquences de cette mesure imbécile qui, à l’exception d’une nouvelle couche de fonctionnaire et au prix de 15 milliards annuels de manque à gagner pour les comptes sociaux, n’a pas créé le moindre emploi durable.
Le chômage a repris de plus belle dès 2001 et, comme l’avait prévu ses rares détracteurs de l’époque, le renchérissement du coût du travail induit par le passage aux 35 heures a provoqué une accélération massive de ce que les économistes appellent la substitution du capital au travail, en clair du remplacement d’un nombre accru de travailleurs par des machines.
Ce dernier point est parfaitement lisible dans la forte augmentation de la productivité horaire que connut à l’époque l’économie française.
Que les 35 heures n’aient pas été immédiatement abrogées dès 2002 au même titre que l’ISF lors du retour de la droite au pouvoir en dit long sur l’absence de courage réformateur du « camp d’en face », mais que Martine Aubry ou DSK puissent sérieusement envisager un comeback aux « affaires » en dit encore plus long sur le culot, pour ne pas parler de cynisme, des dirigeants socialistes…