Il est vrai que les voyages en avion au-dessus de l’Atlantique leur doivent être aussi familiers que moi le train de banlieue Enghien-Paris-Nord. Et qu’ils se verront sans doute rembourser une bonne part de leur “taxe carbone” pour avoir sans doute explosé leur bilan du même nom. C’est une logique aussi stupide que les fameux “droits à polluer” qui en plus se négocient sur le marché… Quand on dit que dans l’ultralibéralisme ou comme l’on veut la “société de marché” – qui n’a rien à voir avec “l’économie de marché” laquelle a existé de tout temps dès les premiers échanges, fût-ce le troc – tout se négocie. Dommage qu’il n’y ait pas un cours de la merde, je suis sûre qu’elle trouverait preneurs.
Je me suis intéressée au “cas Johnny” sur le plan strictement médical et il y a fort à parier que cela débouche rapidement sur une bataille judiciaire. Laquelle risque sans doute d’être fort longue avec une interminable bataille d’experts à la clef. Il est même probable qu’elle ne sera pas encore close le jour du trépas de Johnny… Ce seront ses ayants-droit qui devront la mener. Et je leur souhaite bon courage.
Toujours est-il que le jour où j’ai entendu sur France-Info que Johnny Hallyday avait dû être réopéré en urgence aux Etats-Unis – je ne savais même pas qu’il l’avait été non plus qu’il se trouvait à Los Angeles… c’est dire tout mon intérêt ! – j’ai dressé l’oreille subodorant, sans doute à juste titre ? une infection nosocomiale. C’est sans grande surprise qu’un peu plus tard j’entendis parler d’un médecin qui avait déjà eu maille à partir avec la justice et dont les journalistes déroulèrent le long parcours judiciaire plutôt tumultueux d’un neuro-chirurgien présenté comme celui des stars. Depuis, il se serait fait démolir le portrait. Je n’imagine pas un proche de l’artiste faisant cela. Un fan surexcité, sans nul doute et ce n’est guère malin.
Excusez du peu ! Ce docteur Delajoux n’est visiblement ni un très bon praticien ni un enfant de chœur. J’ai lu une série d’articles sur le Monde dont celui-ci : Le parcours semé d’embûches du docteur de Johnny qui permettent de se faire une opinion. D’une part, sur le plan de la responsabilité médicale et d’autre part, la moralité du personnage.
Il aurait été condamné à trois reprises à indemniser des patients. Il est condamné en novembre 2004 par la première chambre civile du TGI de Paris à verser 194000 euros à une patiente restée invalide à 25 %, le tribunal le reconnaîssant “entièrement responsable des consé-quences dommageables” d’une intervention effectuée en 1998. Ensuite, en janvier 2006, la même chambre le condamnera à verser 20000 euros de dommages-intérêts pour “une faute dans le suivi post-opératoire”. Et enfin, en 2006, toujours la même chambre le condamne à verser 36000 euros à une plaignante pour “une intervention chirurgicale non appropriée”… Cela fait beaucoup pour un seul homme et il mériterait d’être surnommé “Docteur Lagaffe”…
Il est toutefois bien moins sympathique que le héros de Franquin… En effet, il a été suspendu en 2005 par le Conseil de l’Ordre des médecins – dans son rôle juridic-tionnel – pour “escroqueries répétées”…
Je ne sais s’il en eut plusieurs mais toujours est-il que l’article du Monde fait état d’une sordide “escroquerie à l’assurance” : victime d’un accident de ski alors qu’il pratiquait le hors-piste et qu’il n’était pas assuré pour ce risque, il n’a rien trouvé de mieux que de simuler un faux accident à Paris en utilisant des faux témoins, ce qui lui permit de se faire indemniser à hauteur de 1,5 millions d’euros…
Maître Metzner, avocat du Conseil de l’Ordre se plaint qu’il n’ait jamais respecté cette suspension. Il serait donc «visé par une information judiciaire pour “exercice illégal de la médecine”, faux et escroqueries ouverte à Paris à la suite de deux plaintes déposées par le conseil de l’ordre des médecins et la Caisse primaire d’assu-rance-maladie».
J’ai toutefois l’impression que cela pourrait bien être cette fois-ci son chant du cygne et qu’il aura – eût dit Pierre Dac – son avenir (professionnel) dans le dos. En effet, s’il a fait du mal à son grand pote Johnny, Nicolas Sarkozy pourrait bien faire tomber sur lui les foudres de la justice et faire accélérer la procédure par le procureur général de Paris.
Les médecins qui l’ont opéré en urgence à l’hôpital Cedar-Sinaï de Los Angeles auraient parlé d’un “massacre” selon Jean-Claude Camus, le producteur du chanteur qui s’est exprimé le vendredi 11 décembre sur RTL. Il aurait ajouté, preuve qu’il n’y connaît rien, qu’il serait sorti «sans drain» ce qui supposerait qu’il y ait eu encore des soins à faire dont un pansement.
En revanche, je trouve plutôt curieux qu’en étant intervenu sur le rachis, le chirurgien n’ait pas placé un redon (drain avec aspiration sous vide) ce qui est la norme en chirurgie osseuse, au motif que cela n’était pas hémorragique. Il y a toujours du sang qui s’écoule et cela aurait sans doute permis de détecter éventuel-lement la présence de pus ou autres sanies si tant est qu’il s’agisse d’une infection.
Il restera à savoir s’il s’agit d’une infection osseuse, ce qui est toujours très grave – on parle alors d’une ostéite - et très difficile à guérir avec très souvent une antibio-thérapie au long cours. Le professeur Mazel, chef du service de chirurgie orthopédique et traumatologique à l’Institut mutualiste Montsouris (Paris) évoque même la possibilité d’une méningite en raison de la proximité de la moelle épinière, les bactéries pouvant très bien remonter jusqu’au cerveau. Fichtre ! Ou s’il s’agit uniquement d’un abcès pariétal. Ce qui paraît bien improbable eu égard au temps très rapide d’apparition de l’infection in situ.
Il est reproché également au chirurgien d’avoir donné trop tôt l’autorisation de sortie – à la demande du patient semble-t-il – et d’avoir autorisé un long voyage en avion que beaucoup considèrent comme incompatible avec une intervention trop récente sur le rachis.
Dernière hypothèse avancée par certains, l’intervention subie récemment par Johnny Hallyday pour un cancer du colon. Y aurait-il une localisation secondaire par proxi-mité ou l’infection se serait-elle propagée à partir de ce point d’entrée ? Mystère et boule de gomme. Je ne lis point encore dans le marc de café, fût-ce mon carburant habituel…
Enfin, certains médecins s’interrogent sur la signification du “coma artificiel” où Johnny Hallyday aurait été placé à plusieurs reprises. En fait, il s’agit d’une anesthésie pour que le patient ne souffre pas et permettre les soins. J’entendais hier un médecin réanimateur dire que cela ne se pratiquait que lorsque le malade était en respiration assistée, qu’il était agité et luttait contre l’appareil ce qui faisait que sa respiration spontanée n’était pas synchrone avec l’appareil.
Mais de plus en plus aujourd’hui on tend à placer en était de “coma artificiel” les malades qui souffrent beaucoup, quand les médicaments antidouleurs puissants ne suffisent pas. C’est notamment le cas des grands brûlés.