Pays de Galles, XIème siècle. Bran Ap Brychan, prince de l’Elfael, découvre que son père et tous ses chevaliers ont été assassinés par les envahisseurs normands venus annexer sa province au nom du roi William. Il part alors pour Londres afin de demander réparation. Comprenant rapidement qu’il lui sera impossible de récupérer la terre de ses ancêtres, il décide d’abandonner les siens et de se réfugier dans sa famille au Nord. Mais le comte De Braose, à la tête de l’armée qui a envahi l’Elfael, réclame la tête de Bran. Traqué par les soldats normands, le prince héritier est très grièvement blessé et laissé pour mort par ses poursuivants. Recueilli par Angharad, la dernière barde bretonne encore en vie, il passe plusieurs mois de convalescence dans une grotte au cœur de la forêt des Marches, une forêt primitive galloise où il est très facile de se cacher.
Une fois guéri, le jeune homme est toujours décidé à partir pour le Nord. La vieille femme le persuade que sa place est auprès de son peuple. Elle l’emmène au cœur de la forêt, dans un campement de fortune où vivent les quelques gallois qui ont fui l’envahisseur. Prenant la tête de cette troupe hétéroclite de moins de cinquante âmes, Bran va devenir le Roi Corbeau et mener des attaques ciblées contre les intérêts normands, aidé notamment par Petit Jean et le frère Tuck.
Robin des Bois au Pays de Galles ? L’idée n’est pas si saugrenue lorsque l’on sait que de nombreux indices permettent de situer la source originelle de la légende dans une partie de la Bretagne aujourd’hui appelée Pays de Galles dans la génération ayant suivi l’invasion normande de 1066. C’est d’ailleurs là l’un des intérêts majeurs de ce roman : la trame historique est parfaitement respectée. Le seigneur de Neufmarché et le comte De Braose ont réellement vécu au pays de Galles au XIe siècle. Tous les lieux cités ont existé. De même, la vie quotidienne des seigneurs et des paysans est parfaitement retranscrite. Les descriptions du climat et de la nature sont également criantes de vérité (l’auteur a passé quelques temps en Pologne dans la dernière forêt primitive d’Europe). Bien sûr, en plus des précisions historiques, le récit est un vrai roman d’aventure avec un héros que n’aurait pas renié Alexandre Dumas. Voila donc un texte qui allie avec brio érudition historique et invention fictionnelle. Espérons que le second tome de cette trilogie sera rapidement traduit en français.
Le Roi Corbeau T1 : Robin, de Stephen R. Lawhead, Éditions Orbit, 2009. 400 pages. 19,90 euros.
L’info en plus : les trois tomes de cette trilogie sont parus en anglais. Pour ceux que la lecture en VO ne rebute pas, sachez que le second volume, Scarlet, est paru en septembre 2007 et le dernier, Tuck, en février 2009.