Alors que Sakozy fanfaronne avec son plan à 35 milliards avec lequel il va devoir ramer bien fort pour tenter de nous convaincre qu’il ne sponsorise pas AREVA avec notre argent comme il l’a fait pour les banques, c’est à dire sans contrepartie, j’ai préféré m’intéresser quant à moi à cette autre nouvelle, probablement moins commentée (71 articles sur Google… contre 536 articles pour le plan de Sarko), mais qui me parle davantage aujourd’hui :
les résultats du « questionnaire sur le stress et les conditions de travail «
envoyé par Technologia aux salariés de France Télécoms.
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Par delà le phénomène des suicides, déjà si inquiétant, dont certains cherchaient à minimiser l’existence alors même que d’autres tentaient eux d’alerter la direction de leur entreprise depuis plus de deux ans pour sauver des vies, on y apprend que la souffrance au travail n’est pas seulement le thème de l’œuvre de Christian Dejours, mais une réalité.
Ainsi, sur les 102 000 personnes à qui cette enquête était destinée, 80 000, soit trois salariés sur quatre, y ont répondu. On peut sans prendre trop de risques dire quelle est représentative du climat de l’entreprise, sans nul doute… Le peu qui a filtré dans les médias des conclusions de ladite enquête nous révèle que deux tiers des salariés de France Télécoms estiment que « leurs conditions de travail se sont dégradées », avec une « fragilisation de leur santé physique et mentale ». Un taux qui grimpe même à 72 % pour ceux qui ont un statut de fonctionnaires…
Pourtant, ce qui ressort le plus volontiers de cette étude dans les médias, c’est le fait que « seuls 39 % des salariés de France Télécom se disent fiers d’appartenir à leur entreprise »… Ce qui représente une dégringolade inadmissible du sentiment d’appartenance pour la direction, qui manifestement semble mettre dans sa stratégie de communication davantage l’accent sur ce point que sur les risques psycho-sociaux qu’elle fait courir à ses salariés, si l’on en juge par le résultat de ces simples recherches sur google... Voila qui en dit long sur un certain mode de management !
J’ai approfondi à cette occasion la notion de ces « risques psycho-sociaux », dont l’Anact donne une très bonne approche :
L’expression, plus large (NdelA : que le stress), de « risques psychosociaux » renvoie à des contextes de travail et de risques plus variés : surcharge de travail, contraintes excessives de temps mais aussi perte de repères, difficulté à trouver du sens au travail, conflit de valeurs. Elle rappelle surtout que la santé psychique n’est pas seulement une dynamique individuelle, mais qu’elle se construit dans la relation aux autres : par la reconnaissance, la possibilité d’échanges et de coopération dans le travail, avec le soutien des collègues et de la hiérarchie.
Le rapport d’analyse issu de l’enquête de l’Anact sur le stress au travail est particulièrement édifiant, et démontre à quel point la dimension relationnelle, notamment le soutien et la reconnaissance de la hiérarchie, sont des facteurs importants qui déterminent l’impact plus ou moins fort du stress, des tensions et des conflits qui, contrairement à ce que l’on pourrait préjuger, sont plus présents dans le secteur public (38 %) que privé (20 %). La cause : un manque de moyens ?
Si ce sujet me parle, et que j’y ai mis de la peine et du labeur c’est que, malgré ce qu’un certain personnage à l’humour aussi discutable que les valeurs qui fondent son action a pu dire dernièrement à des salariés muselés par la peur (« on n’est pas à France Télécoms ici »), il y a, en France, dans le secteur public aussi, bien d’autres France Télécoms…
On voit donc par le biais de cette intéressante étude de l’ANACT, qui trouve son triste prolongement dans le quotidien de certains d’entre nous, que le cas de France Télécoms n’est pas isolé, et qu’il y a fort à faire dans ce pays pour rendre le bonheur au travail un peu plus… possible. Car il ne s’agit plus de travailler plus… mais de travailler tous, et mieux.
Et vive la résistance ! …. au travail aussi.