Je ne résiste pas au plaisir de diffuser un extrait du chapitre de La réalité de l’entrepre-neuriat, dans lequel Guy Kawasaki s’adresse à tous ceux qui auraient l’intention de créer une nouvelle Silicon Valley.
« Je ne cesse d’entendre cette question : “Comment pouvons-nous créer notre propre Silicon Valley ?”. Ce chapitre s’adresse aux leaders qui veulent savoir la vérité sur l’idée de reproduire une Silicon Valley. La réalité est qu’il a fallu plus de soixante-dix ans pour la faire. Tout politicien qui espère créer une Silicon Valley en un ou deux mandats est excessivement optimiste. De plus, il n’y a jamais eu, à ma connaissance, un « plan » pour la création de la Silicon Valley. C’est un amalgame de travail, de chance, d’avidité et d’heureux hasards, mais cela ne relève pas de la planification. En fait, la Silicon Valley a probablement réussi parce qu’il n’y avait pas de plan.
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• L’éducation des ingénieurs. Le plus important est de créer des écoles d’ingénieurs de renommée mondiale. Elles génèrent les ingénieurs. Ces ingénieurs génèrent des idées. Et les idées génèrent les sociétés. Un point c’est tout. Si on devait donner une seule raison majeure expliquant l’existence de la Silicon Valley, ce serait l’école d’ingénieurs de l’université de Stanford. (…) Sur le plan tactique, ceci signifie que les régions qui aspirent à devenir une Silicon Valley devraient faire un raid sur les meilleures écoles d’ingénieurs. Que gagnent les professeurs associés à Stanford, au M.I.T. et à Carnegie Mellon ? Quel que soit le chiffre, offrez-leur le double pour qu’ils déménagent. Soyez intelligent : quel est le niveau réel de difficulté à recruter des professeurs de haute volée pour qu’ils viennent dans votre région, qui est belle sans être splendide, si vous faites ces entretiens au M.I.T. en plein hiver ? C’est une dépense dérisoire comparée aux solutions habituelles pour résoudre le problème (incubateurs, exemptions fiscales, fonds d’investissement).
• Encouragez l’immigration. Je suis un Américain-Japonais de troisième génération. Ma famille a émigré pour conduire un taxi et faire le ménage chez des Blancs. Si j’avais le choix entre financer quelqu’un dont la famille est venue du Vietnam et dont le père et la mère s’occupent d’un 7-Eleven et un descendant du Mayflower qui a « IV » dans son nom, devinez où irait ma préférence. Vous devez attirer des gens du monde entier qui sont intelligents et qui en veulent. Et pour ce faire, il vous faut de bonnes écoles.
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• Célébrez vos héros. Chaque région a besoin d’avoir ses héros. Voici des gens qui ont poussé à l’extrême leur valeur de modèle : Steve Jobs, Bill Gates, Ted Turner, Steve Case, Anita Roddick et Oprah Winfrey. Les enfants ont besoin de héros pour pouvoir dire : « Quand je serai grand, je veux être Steve Jobs. ». Il y a beaucoup d’endroits où une personne qui réussit est démontée par la jalousie qu’elle provoque. Il y a aussi de la jalousie dans la Silicon Valley, bien sûr, mais notre façon de la gérer est d’essayer de surpasser cette personne, non de la dénigrer.
• Pardonnez-vous vos échecs. Le meilleur endroit du monde pour échouer est la Silicon Valley. C’est vrai, il y a des gens qui ont fait de l’échec une carrière. Cela est dû en partie à des raisons culturelles : échouer en Europe ou en Asie peut affecter une famille pendant des générations. Pas dans la Silicon Valley. Ici le nombre de vos échecs importe peu du moment que vous réussissez un jour. Il y a tant d’entrepreneurs qui ont eu des succès énormes après des échecs, que nous avons appris que l’échec ne permet pas de prédire l’avenir.
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• Soyez patient. Pas de court terme dans ces recommandations. Mon avis est que créer quelque chose qui puisse commencer à ressembler à la Silicon Valley prend au moins vingt ans. C’est plus long que le règne de la plupart des politiciens, d’où le challenge de faire les choses pour le long terme.
Il y a une chose de plus à savoir : essayez de faire plus que simplement tenter de recréer la Silicon Valley. Le vrai entrepreneuriat, c’est quand la Silicon Valley doit vous copier.”
Extrait de La réalité de l’entrepreneuriat de Guy Kawasaki. Titre original : Reality Check chez Portfolio. Traduction: Marylène Delbourg-Delphis.
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