Alors que tout le monde attend déjà Teen Dream le troisième album du couple de Baltimore, revenons un peu et si vous le voulez bien sur son prédécesseur sorti l’année dernière. Baltimore on le sait est devenue ces dernières année le temple du rock expérimental, avec en chefs de file Animal Collective bien-sûr, mais aussi Dan Deacon et Future Islands. Alex Scally et Victoria Legrand (nièce de Michel) à cette époque font encore dans un registre plus simple, et donc plus casse gueule, la dream pop. Minimaliste, leur musique l’est assurément. De petits rythmes électroniques assez lents, des accords rarissimes, des guitares sous réverb permanente, soit une retenue de chaque instant qui inspire au recueillement. Pas de grandes enflammades ici donc, mais des mélodies de chambre léthargiques qui poussent au cocooning, avec chocolat chaud et couverture en laine en option.
Le duo Franco / Américain à la ville comme à la maison a tout pour énerver. Jeunes, beaux, ils voient la musique comme un médium libérateur. Leurs thèmes ? L’évasion, la jeunesse, l’amour, l’absence. Classique donc. Oui mais le tout traité avec un raffinement que l’on croyait avoir perdu depuis les Cocteau Twins, Nico et autres Low. Une tendance au slow core mélancolique mise en relief par une voix éthérée et magnifique comme on a rarement l’occasion d’en entendre. Victoria envoûte littéralement par sa délicatesse sur ces rythmiques en grève. Allez, on croirait presque entendre Maczzy Star.
L’album on s’en doute débute tranquillement mais ne perd pas de temps non plus pour envoyer l’une des bombes de 2008, "Gila". Le morceau est tout simplement éblouissant, irrésistible et surtout en état de grâce permanente. Les "Oh oh oh" plaintifs de Victoria vont au-delà des mots, et la guitare d’Alex est en lévitation. Dur de s’en remettre. Pourtant il faut bien continuer et déguster la valse macabre et vaporeuse qu’est "Holy dances". Autre tuerie de ce disque, le grand "Darling" tout droit sorti des sixties et près à vous avaler dans son ambiance slidée. Comble du bon goût, cette reprise de Daniel Johnston, "Some things last a long time". Et Beach House devrait encore durer longtemps.
En bref : pénétrez l’ambiance d’un dimanche après-midi au coin du feu, caressé par une sieste musicale magistralement interprétée, et un climax au sommet.
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Jayne Mansfield pour ce clip surnaturel de "Gila" :