Par N.E. Tatem avec ARGOTHEME
Cet article a été publié par POPULISCOOP
Les déballages de la presse ont nommément désignés des personnalités de haut rang, assumant des charges au sein de l’Etat et surtout ayant des liens étroits avec Bouteflika, dans de, grosses affaires de détournements et de corruption. Saïdani est l’ex-président de l’APN (3e homme de l’Etat) et à la tête des comités de soutien à Bouteflika. Le DRS (Département de renseignement et de sécurité) relevant de l’armée et conduit par l’inamovible Mohamed Mediene (dit Toufik), a eu des renseignements sur le détournement de quelque 300 millions d’euros par uniquement cet individu. Mais les cercles corrompus sont plus larges et sont toujours collés au système politique qui gouverne depuis l’avènement de l’indépendance.
Si la presse algérienne aboie, la caravane des bandits de grands chemins passe. L’impunité des « kléptocrates » par la sourde oreille met en cause en premier lieu le chef de l’Etat, et sa clique, insiste un connaisseur du dernier dictateur de l’infidèle patriotisme algérien. Non seulement le premier magistrat, mais aussi la justice qui aussi ne lève pas du doigt et va que cahin-caha quand elle bouge, pourtant supposée autonome et pouvant agir selon la loi. Ces deux institutions, de la présidence de la république et de la justice, sont souvent la source du tournis qui terrifie l’opinion générale. Et aussi inflige gravement un sombre désespoir aux catégories jeunes et laborieuses de la population.
Quant aux ONG, les locales sont prises en chasse par la bureaucratie qui interdit la moindre des conférences. Et celles ayant vocation d’observatoires internationaux, elles sont décrédibilisées comme relevant de manipulations de mains étrangères recherchant la déstabilisation du pays, ou sa mise sous influence. Commentaires de témoins d’ONG locale
Au port d’Alger, les douaniers agissent en toute impunité.
Alors que l’Algérie passe de la 99ème place en 2007 à la 117ème en 2009 du classement de l’ONG Transparency-Internationale selon son rapport publié le 17 novembre de la même année, qu’éclate la plus grande affaire de corruption. Mêlant des cadres de haut niveau du ministère des travaux publics, où sont traités les marchés les plus juteux au regard de la rente pétrolière qui permet leur financement, des militaires, souvent cités sur la place publique dans des business louches, et du ministère des transports concernés par des projets fort couteux et jamais ouverts auparavant dans le pays.
Ce nouveau scandale est de loin plus abjecte que l’affaire dite « RAK » Rafik-Abdelmoumène Khalifa car impliquant directement des responsables en activité dans les institutions et des milieux qui devaient mis sous haute surveillance depuis même que le pays a recouvert sa souveraineté. Et qui croient avoir pleine latitude d’action sous le règne de Bouteflika.
Le plus grand corrompu, Abdelhamid Brahimi ancien 1èr ministre, témoigne.
D’importants personnages ont été cités dans un dossier actuellement entre les mains de la justice. Mohamed Bedjaoui (ancien ministre des Affaires étrangères), Chakib Khelil (ministre de l’Energie), Abdellatif Benachenhou (ex-ministre des Finances), des officiers supérieurs des services de sécurité dont un certain colonel Khaled (conseiller du ministre de la Justice), deux autres colonels et un général à la retraite. Le chef de cabinet et homme de confiance du ministre des travaux publics, ainsi que le secrétaire général, le directeur général de l’Agence nationale des autoroutes et le directeur de la planification au ministère des Transports. Cette pléiade d’individus, qui est aussi une liste exhaustive, est impliquée les négociations des marchés de réalisation du tramway, d’autoroutes et de barrages, pour ne citer que les plus importants.
L’enquête préliminaire menée par les officiers de la police judiciaire du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) n’a pas tellement élucidé les tenants et aboutissants du réseautage à l’origine d’une vraie filière qui a totalement pris monopole sur les contacts et soumissionnaires des sociétés étrangères venant exécuter les travaux de chantiers d’importance non moindre. Malgré l’arrestation de gros bonnets du trafic de devises, issus eux aussi des milieux huppés et des nomenklaturas qui ont depuis toujours gouverné le pays et étroitement liés à ces affaires, les corrompus semblent non seulement être bien préparés à parer l’éventualité de la découverte de la magouille, mais surtout en étant parmi les cercles intouchables du système de gouvernance algérien qui a été souvent profilé et identifié comme une mafia politico-financière.
Le déballage de la presse, ignoré, passe pour rumeur. Celle qui finit par se dégonfler. Un autre détournement de grande ampleur a touché le ministère de l’agriculture, clairement fomenté comme prise d’intérêt. Deux têtes sont citées. Amar Saidani, ancien président de l'APN (parlement), est accusé par l'hebdomadaire arabophone El Khabar Hebdo d'avoir détourné plus de 3000 milliards de centimes (300 millions d'euros) du programme de soutien à l'agriculture (FNDA). L’hebdomadaire El-Khabar a rapporté que son passeport lui a été retiré au moment de son empêchement de quitter le pays. Il aurait acquis des biens immobiliers faramineux dans plusieurs pays (France, Espagne et Italie).
Said Barkat, actuel ministre de la Santé, aurait acheté à prix d'or, à l'époque où il officiait comme ministre de l'Agriculture, du matériel agricole d'Espagne. Il est également reproché au même ministre d'avoir détourné au profit de ses amis l'aide destinée aux petits paysans pour des montants se chiffrant à des dizaines de milliards de dinars. Le système politique algérien complètement traumatisé par la violence des islamistes a réussi à fermer les réformes en général et bloquer toute psychologie de changement. La ripaille des détrousseurs introduits dans les rouages fait la risée ou l’écœurement des ONG et autres médias. Les algériens désarmés ont réconforté cette tendance en accordant un 3ème mandat à Bouteflika. L’onde de l’intégrisme religieux qui s’est généralisée est totalement compatissante avec le climat de dilapidation du denier public.