L’Alberta et la Saskatchewan qui exploitent les sables bitumineux de la région d’Athabasca n’en démordent pas. Ils vont continuer l’accélération de l’extraction du pétrole n’en déplaise au monde entier, et ceci avec la complicité du gouvernement du Canada. Cela devient clair et net dans les négociations qui se déroulent à Copenhague.
De plus, ces gouvernements ont l’effronterie de proposer que ce soient les consommateurs de leurs produits, dont les Américains et nous, qui paient proportionnellement leur part pour tous les investissements futurs requis pour contrer l’émission croissante des gaz à effets de serre (GES) qu’ils produisent afin de permettre l’expansion de l’exploitation des sables bitumineux durant les prochaines décennies. Comme le Québec et l’Ontario représentent 60% de la population canadienne, ces provinces auront donc la grosse part de la charge financière canadienne à partager.
Le ridicule de cette proposition s’exprime bien dans les chiffres. Le Québec s’engage à réduire de 20% ses émissions par rapport à 1990. L’Ontario établit sa cible à 15%. Et le Canada en tenant compte des efforts du Québec et de l’Ontario propose globalement de ne réduire que de 3% les émissions canadiennes par rapport à 1990. C’est dire que l’Alberta continuera à augmenter sauvagement et en grande quantité ses émission de GES nonobstant le tort qu’elles créent au réchauffement climatique de notre terre.
Il est clair que sur le plan mondial, le Canada est devenu une partie importante du problème du climat. Alors qu’auparavant notre pays était un instrument de consensus et de solution, voilà que nous sommes devenus, avec les Conservateurs au pouvoir, la bête noire sur l’échiquier planétaire. Notre ministre a même annoncé avant son départ pour Copenhague que la position canadienne était non négociable. N’est-ce pas là une belle attitude ouverte au compromis qu’une telle affirmation et une insulte à l’intelligence de tous les participants de la conférence de Copenhague qui y sont pour sauver la planète ?
Pour chercher à montrer patte blanche, les compagnies pétrolières-pollueuses ont imaginé de capter et de comprimer les GES pour les canaliser par pipeline sur une distance de 240 km vers de vieux champs de pétrole et de les pomper dans des réservoirs sous terre. Ce projet de 558 millions $ sera financé en partie par le gouvernement du Canada en puisant dans le fonds spécial de $ 2 milliards qu’il a créé pour aider les compagnies pétrolières à réduire les émissions de GES. Cela n’affectera qu’une partie des GES et ne corrigera pas le dégât considérable fait à l’environnement, à la pollution indescriptible de la rivière Athabasca et de ses affluents ainsi qu’à la destruction de la forêt boréale canadienne. D’ailleurs, les environnementalistes critiquent ces projets de « captage et de storage » en rappelant que c’est l’argent des poches des Canadiens qui financent des projets proposés par les grands pollueurs et que les résultats sont incertains.
Il serait préférable d’arrêter cette folie manifeste et d’investir ces argents dans les sources alternatives d’énergie et de conversation. Le Canada tire la patte dans ce domaine, n’a rien fait et « laisse passer la parade ». Par exemple, les USA dépensent, aujourd’hui, 14 fois plus per capita que notre pays pour les énergies recouvrables. Ce seront les Américains et les citoyens d’autres pays qui demain posséderont le savoir-faire dans ces nouveaux domaines. Les emplois iront là bas. Les argents aussi.
Enfin, je crois que les producteurs de pétrole doivent payer pour tout ce qui a rapport avec exploitation propre des sables bitumineux. Si le prix de revient de leur pétrole n’est pas compétitif, tant pis. Qu’on arrête la production et que les pétrolières se concentrent à faire toute la recherche nécessaire pour trouver des solutions permettant une exploitation qui ne met pas la planète en danger. Au pied du mur, je crois que ces compagnies feront tout pour s’en sortir et trouveront de bonnes solutions pour l’avenir.
Cette réserve inouïe de pétrole sera toujours là et pourra être mise à la disposition du monde de demain au profit des Canadiens d’alors. Entretemps nous aurons fait notre part pour protéger notre planète.
Claude Dupras