Quoi de mieux, pour commencer la semaine avant Noël, d'un zeste de Tchernobyl, de Mythes détournés, et de la peinture d' Anton Solomoukha, pour une expo à la galerie 208.
La galerie 208 nous ouvre ses portes pour une exposition hors du commun « Le Petit Chaperon Rouge visite Tchernobyl ». Dans cette exposition Anton Solomoukha, que l’on considère comme l’un des plus grands artistes ukrainiens,nous livre des séries de photographies qui font échos aux chefs-d’œuvre des maîtres de l’âge d’or de lapeinture classique.
Cette artiste anti-conventionnel a sillonné non sans mal, la zone de Tchernobyl pour réaliser ses œuvres photographiques. Dans cette zone où il a passé une grande partie de son enfance il met en confrontation ce qu’il considère comme leplus beau musée artistique, le musée du Louvre, et la plus grosse catastrophe humaine, Tchernobyl.
La rencontre de ces deux univers donne alors des œuvres hybrides interrogeant sur la place de l’homme.
Dès son arrivé en France Anton Solomoukha fut marqué par la richesse du musée du Louvre ainsique de la diversité de ses œuvres. Issue d’une formation académiqueukrainienne il fut particulièrement touché par les peintures classiques qui demeurent aujourd’hui ses plus grandes inspirations. Il s’inspire des tableaux de maître tel que Titien ,Delacroix ou Géricault et se plait à nous fabriquer de nouvelles visions, avec la photographie numérique comme medium.
Anton Solomoukhanous livre alors des œuvres Baroques nous montrant la vie après Tchernobyl. Pour lui l’espoir est le maître mot, en représentant des personnages sublimés trônant dans des espaces dévastés il nous montre qu’il y a de la vie après la catastrophe et qu’il peut même y avoir des instants de beauté.
Dans son œuvre, « La Pièce bleue », la réinterprétation de« Mona Lisa » de Léonard de Vinci on y voit une jeune femme enceinte faisant face à un énorme espace de verdure, comme une métaphore d’espoir pour affirmer que la vie continue malgré tout.
D’autres œuvres nous confrontent frontalement à notre rapport à la nudité comme
«La Piscine » la réinterprétation du tableau de Tintoret « Mercure et les trois grâces » où l’on voit des femmes ligotées et suspendues par une corde ou dans « La salle de sport » réinterprétation du « radeau de la méduse » de Géricault où il nous présente une œuvre double remplie d’ironie et de provocation dans lequel la sensualité des corps se veut plus moderne et lascive que son référant.
Par ailleurs, cela nous interpelle non pas par l’érotisme qu’il s en dégagemais plutôtpar la mise en valeurs de la beauté du corps.
En effet dans les œuvres de Anton Solomoukha,le corps est représenté avec les codes de la peinture classique qui fut par le passé réservé aux icônes et aux allégories. Il utilise cette esthétique pour représenter des personnages du quotidien et crée une rupture entre les personnages et les décors irradiés.
Anton Solomoukha ne fait donc pas de la photo mais de la composition. Il réalise un vrai travail pictural car il travaille sur la lumière et l’esthétique directement en référence auxpeintures classiques avec comme modèle entre autre : Caravage et ses clairs obscures. Il s’attache également àsublimer les corps ou les drapés. On le voit notamment dans « La Pièce bleue »la réinterprétation du tableau de Manet, « Olympia »où un nu de femme nous fait faceen arborant les styles académiques de Manet et les codes visuelsd’Ingres et de sa grandeOdalisque. Comme à la renaissance la quête de la perfection et la magnificence des corps sont donc primordiaux et il semble difficile de ne pas être interpelé par ses œuvres entre peinture et photographie qui confrontent les techniques anciennes et contemporaines de sublimation du corps.
Eddy Abimbi