Vestiges des figurants

Publié le 13 décembre 2009 par Marc Lenot

La pièce la plus frappante de l’exposition d’Estefania Peñafiel Loaiza à la galerie Alain Gutharc (jusqu’au 23 décembre) est, en prolongement de ce qu’elle avait montré au Centre culturel suisse, son travail d’effacement des figurants, des sans-noms. Alors qu’on n’avait vu jusqu’ici que les vestiges, les traces, la présence des fragments de papier et de gommes, elle montre ici les absences, les vides, les creux : les feuilles de journaux sur lesquelles elle a gommé le visage de ces anonymes, jour après jour. C’est à la fois une empreinte, une preuve de l’action accomplie quotidiennement ou presque, mais c’est aussi une archive, une histoire ainsi rendue présente.

Depuis son apparition il y a trois ans à sa sortie des Beaux-arts, elle a poursuivi son travail sur la mémoire, sur le signe et sa trace. On retrouve ici certaines des pièces montrées récemment à Toulouse, les pages de livres noircies d’où émergent quelques mots seuls lisibles, et l’empreinte du support de la guillotine de la Roquette.

L’exposition se nomme fort justement Parallaxes, distortions du point de vue en fonction de la position du spectateur, ébranlements de nos certitudes. Ce texte décrit fort bien son approche.

Photos courtoisie de l’artiste.