La guerre des chaînes, si elle était froide jusqu’à présent, se révèle devenir au fil des semaines et des mois, de plus en plus chaude voire brûlante. Pour les grands patrons de nos chaînes, il est hors de question de laisser un étranger transalpin leur prendre le pain des mains. Pour être certain que cette chaîne sans vergogne ne soit plus regardée, le mieux est encore de l’effacer du paysage. Elle fait tache. Alors, il y a les Politiques. Sans doute qu’à cet instant, ils se sentent désoeuvrés et qu’intervenir dans le domaine de la télévision est d’une importance capitale. Toujours est-il qu’un jour, toute une équipe se trouve réunie autour d’un journaliste leader pour appuyer sur un bouton et ainsi mourut la 5.
Mais le sieur Berlusconi n’a pas dit son dernier mot puisque, depuis, il a racheté Endemol, sans aucun doute la plus grosse maison de Productions à faire des sous grâce à la télé. Demande à Arthur, il en sait quelque chose lui, qui pendant des années, a joué dans la cour d’Endemol. En Italie, Berlusconi possède près de 50% de la télévision et les recettes publicitaires qui vont dans ses poches qu’il a très profondes, frisent les 60%.
Le principe sacro-saint de la concurrence est véritablement né! Je pense, très sincèrement, peut-être à tort, que la 5 est à l’origine de ce qui fait notre télé d’aujourd’hui. La seule chose que j’ajouterai, c’est simplement que si les idées avaient été françaises alors, nous regarderions encore la 5 aujourd’hui. Mais à cette époque, la France savait encore innover. Ce qui est loin d’être le cas désormais. Les grands capitaux-télé, en bourse, ont eu la peur de leur vie lorsqu’ils se sont rendus compte qu’ils risquaient de devoir partager leur tablée avec un inconnu, venu d’un monde différent. D’autant qu’il était alors aussi fort qu’eux voire plus. La suite l’a démontré.
Les jeux télévisés…
Ils ont alors commencé à pleuvoir sur toutes les chaînes, privées et publiques. Allez, pour l’anecdote, je ne peux m’empêcher de t’en rappeler quelques-uns. Pas dans l’ordre alphabétique ni chronologique; Comme cela au hasard de ma mémoire.
La Roue de la Fortune, pas celle que tu regardes aujourd’hui, non rien à voir. La première, la vraie, la seule parce que tu comprends bien que je te parle là d’une époque où l’animateur ne faisait pas son show. Et je l’ai déjà écrit plus haut, non?!
Les Mariés de l’A2. (Dans le couple, elle et lui se connaissent-ils vraiment, le concept de ce jeu), L’A2, tu ne sais plus ce que c’était? Cherches bien dans tes souvenirs, toi qui a plus de trente ans. Quant à toi, le plus jeune demande à ton voisin. Bon, d’accord, je ne vais pas te laisser dans l’ignorance. L’A2, c’est anciennement France2.
Le Trésor de Pago-Pago. Là, si tu sais pas nager, tu restes chez toi. Pas la peine de tenter les sélections.
Questions de charme. Ah! le beau Georges Beller et sa co-présentatrice. Un jeu tout con avec des questions et des éliminations directes. Des fois tu sais, des fois tu ne sais pas. Et quand tu ne sais pas, tu vires. A la fin forcément il n’en reste qu’un ou une.
La Piste de Xapatan. Aventure me voilà. A cheval, mon général et sus au trésor. Des paysages tirés tout droit de tes rêves les plus fous. Là, je fais un petit coucou amical à François. Tu ne sais pas qui c’est mais lui devrait se reconnaître. Il a été l’un des gagnants de ce jeu et j’ai fait sa connaissance au cours d’un autre jeu de « famille » où il s’est révélé être, une fois encore, un brillant candidat. j’ai connu un réel plaisir à le cotoyer dans et hors les studios.
J’ai envie d’en ajouter mais à la force je vais te barber. Il y en a tant et tant que de mémoire, j’en oublierai des dizaines.
Allez, juste une question pour me faire plaisir. Tu sais combien j’ai pu en faire des jeux de ce temps là. Donnes un chiffre. Je vais t’aider, donnes un nombre. Essaies au moins, juste pour moi, histoire de rigoler. Tu n’as pas d’idée? Plus de vingt. Oui, Monsieur, rien que çà. Là, je ne vais pas te dresser la liste des cadeaux gagnés mais pour ceux et celles qui s’en souviennent les cadeaux étaient tout aussi sympas que ceux que tu peux gagner aujourd’hui.
Je rajouterai juste parmi les jeux que je voulais citer, « Une famille en Or ». Pas l’ersatz que l’on t’a resservi il y a peu. L’original! Tiens j’en profite pour te saluer Patrick Roy. Te saluer, simplement, toi qui est parti pour un monde que l’on dit meilleur. Tu étais un vrai gentil. Il y avait aussi « Tournez-manège », là encore le vrai, pas la soupe de maintenant! Je m’arrête là, c’est promis. Sauf si… Non, ce qui est promis est promis.
Tu vois, la télé, c’est ainsi que je l’ai vécue. Comme un quidam qui se promène de studio en studio, de la Place de la Boule à Nanterre aux studios de Brie/Marne en passant par ceux de La Plaine Saint-Denis. Même jusqu’à Strasbourg.
J’en ai vu des animateurs. Il y avait ceux qui se tenaient droit dans les chaussures prêtées pour l’occasion par une marque quelconque, ceux qui arrivaient enfarinés d’une soirée très ou trop arrosée. J’en ai vu des arrogants qui te prenaient limite pour un charlot venu faire le beau à la télé. D’autres que tu te disais « Ben merde, si j’avais pu imaginer qu’il était aussi sympa… » mais tu ne peux pas le savoir en restant le cul sur ton canapé. La télé, je « vivais » pour elle. Tu sais quand tu bosses et que tu n’attends que tes journées de repos ou le week-end pour aller à la pêche ou chausser tes rollers. Moi, j’allais à la télé. Je disais à mes potes « je vais faire de la télé, les gars » Et j’étais heureux. Des quarts d’heure à la Warhol, j’en ai eu quelques uns, tu peux me croire!
J’aurais pu, j’aurais dû…
Aujourd’hui, je sais que j’ai laissé passer ma chance à plusieurs reprises. Puis on grandit, on vieillit et le temps qui passe n’arrange rien. Pour moi, rien n’a changé. Je crève de ne pas avoir sa « Putain d’audience ». Oui Patrick (là, je parle à Patrick Sébastien au cas ou tu t’appellerais Maurice ou Viviane), j’en crève. Pas au sens littéral du terme, bien sûr, sinon je serai mort et je ne pourrais pas répondre à ton bouquin. mais j’en crève plus encore lorsque je croise quelqu’un, qui sans me connaître vraiment , juste après m’avoir vu ou entendu, me demande pourquoi je ne fais pas de télé. Je réponds seulemnt que j’aurais pu mais que cela ne s’est pas fait. Et ici, chez moi, je réponds que je ne suis pas couleur local mais çà c’est encore autre chose. Ne peut comprendre que celui qui s’intéresse à la Nouvelle-Calédonie. Celui qui m’a dit çà est l »‘un des patrons de la seule télévision locale de chez nous.
De ceux qui se m’ont demandé les raisons pour lesquelles je ne faisais pas de télévision, je me souviendrai toujours du premier. C’est à l’issue d’une soirée au cours de laquelle j’anime une imitation de Questions pour un champion pour le club calédonien de ce jeu.
-J’aimerai vous poser une question, si cela ne vous ennuie pas.
« Mais je vous en prie, faites donc.
-Pourquoi ne faites vous pas de télé?
« Parce que vous n’y êtes plus Monsieur..
Voilà ma seule réponse. le Monsieur en question est le fondateur de la télévision en Nouvelle-Calédonie. J’ai eu mal. Une morsure au coeur qui ne guérit pas. Un saignement permanent genre petite hémorragie qu’aucun chirurgien n’arrive à endiguer. Bon! assez d’envolées, çà frise le suicide, là. Mais je voudrais que tu comprennes bien que lorsque tu as quelque chose dans le ventre, tu ne l’as pas ailleurs.
Alors à défaut de grives, on mange du merle ou Lycée de Versailles -ce n’est pas de moi mais çà me plaît!-
La télé d’aujourd’hui est omniprésente. Je reste baba lorsque j’entends les chiffres.
« Cette année, dit-il, les Français ont consommé moins de télévision que l’an dernier. En effet, ils sont restés devant leur petit écran pendant près de 4 heures. Soit, etc.Etc. » Et je ferme la parenthèse.
« Hier soir, nous annonce-t-il, 14 millions de télespectateurs ont regardé ce programme… » Et je referme celle-là.
Je ne sais pas qui fournit ces chiffres mais toujours est-il que c’est à peine croyable d’imaginer tout un pays rivé devant son écran pendant une durée déterminée. A croire que les gens ne savent plus rien faire d’autre. La télé, on arrive même à en parler à la Radio et sur les journaux. Les émissions sont pléthore. Quand je te disais que la lucarne est devenue le compagnon dont on ne peut plus se séparer. Je sais que certaines gens n’ont pas cet objet du démon à la maison. Ils préfèrent encore parler en famille, jouer ou veiller autour d’un feu, d’un sujet qui leur permettra de se faire leur propre idée sur le devenir du Monde mais en réalité combien sont-ils?
J’en connais qui me disent « tu regardes çà, toi? Moi jamais! » et pourtant, avant même que je finisse ma phrase, ils me rétorquent que « Luna n’épousera pas l’homme qu’elle aime parce que sa bonne étoile le lui a déconseillé ». Ou encore que « le dernier candidat d’un jeu où l’on peut gagner des millions, a été trop stupide de ne pas observer Jean-Pierre parce que tu comprends, à ce moment du jeu, Jean-Pierre, eh bien, il a fait la moue et il s’est tourné vers la caméra. Et çà, moi qui ne regarde jamais la télé, je sais que celà veut dire que le candidat s’est trompé, Na! »
Ben, mon neveu! Pour quelqu’un qui ne regarde jamais la télé et encore moins ces émissions là, tu es drôlement fort!
Bien sûr qu’il y a de bonnes choses dans la boîte. mais les maisons de Production se sont tellement multipliées qu’il faut le vouloir pour échapper aux milliers de mièvreries que l’on te montre. La Mondialisation est passée par là, je l’ai déjà dit aussi. Petit à petit, s’est instauré un système vicieux qui fait que le constat du simple télespectateur que je suis ne peut être au bénéfice de celui-ci.
Le profit, les régies publicitaires et les millions d’euros qu’elles engrangent, les salaires mirobolants de certains et la possibilité de faire de la télé à pas cher ont contribué à l’établissement d’un système contre lequel le télespectateur ne peut plus rien.
La suite, la semaine prochaine…