Chronique parue 03 septembre 2009 sur le site Internet des Inrockuptibles à propos de la sortie du CD réunissant les disques More Moondog et The Story of Moondog.
Les années 50 de Moondog, vrai original de la musique, sont rééditées.
La photo de couverture est belle, célèbre pour avoir orné les pochettes d’autres disques, mais n’est pas celle de l’homme qui enregistra More Moondog. Au milieu des années 50, époque à laquelle ces enregistrements ont été produits par le label de jazz Prestige, Louis Hardin, alias Moondog, n’a en effet qu’une quarantaine d’années, et s’il adopte une pilosité semblable, n’a pas encore versé dans un art sévère du contrepoint. En tenue de viking (ou apparenté), il passe alors ses journées dans les rues de New York à jouer une musique singulière, la sienne, élaborée aux sons d’instruments de son invention qu’il s’amuse à mêler aux bruits du quotidien.
De ces sonorités et d’influences qui touchent autant au jazz qu’à la musique classique, médiévale ou nord-amérindienne, le musicien construit donc un langage inédit – brut, répétitif, percussif, profond –, dans lequel le compositeur Philip Glass en personne verra les origines du minimalisme américain. Si elles ne sont pas les toutes premières preuves consignées sur bandes de l’art musical de Moondog – qui avait enregistré un peu plus tôt pour le compte du label Epic –, la trentaine de pièces rééditées ici redisent, sous forme de chansons ou de vignettes instrumentales, qu’un curieux personnage peut ne pas se satisfaire de son statut d’original, et signer des oeuvres encore plus curieuses et originales que lui. Pour devenir, bientôt, indispensable.
Guillaume Belhomme