J'ignore si, comme moi, vous êtes accros aux bandes-annonces en début de
dvd, mais en ce qui me concerne, je ne jure que par ça. D'abord, parce que ça met en condition (à moins qu'ils en aient collé une tartine, au quel cas ça devient vite gonflant), un peu comme au
cinoche où l'on peut faire son marché en vue d'une prochaine séance (mes moments de cinéma préférés). Ensuite, parce que, quelques fois, on n'a pas droit qu'aux BA de blockbusters dont on nous a
d'ores et déjà rabattu les oreilles - ou, pire, que l'on a déjà vu - mais à des teasers de films méconnus, oubliés, ou boudés jusque là. Il y a quelques années déjà, dans ma prime jeunesse, je
m'apprêtais à visionner je ne sais quelle foutaise (tiens, oui, faudrait que je retrouve le-dit support, histoire de célébrer ça) quand je suis tombée sur la BA de Intrusion. Un film avec un type vaguement mignon et charismatique (oui, c'était bien avant le capitaine Sparrow, date à
laquelle Johnny Depp est "né" dans mon monde), une nana svelte et élégante jusqu'au bout des racines (Charlize Theron,
c'était bien avant la pub "j'adôôôôôre Dioooooor", donc je l'ai pas remise), et qui, a priori, causait des cousins d'ET. Banco! Sauf que je ne me suis absolument pas mise en quête de cet ovni,
qu'il a rejoint ses petits camarades sur ma liste "films à voir", et que, comme celle-ci est à peu près assez longue pour faire une ceinture à notre bonne vieille Terre, le p'tit bonhomme est
tombé aux oubliettes... Jusqu'à ce qu'ils sortent le (enfin, l'un des nombreux) coffret Johnny Depp. Merci les promos de fin d'année! Bref, on s'en tape, ce film, de quoi qu'il cause, et où ça
nous mène, tout ça?
I want to believe...
Alors effectivement, et comme il n'en est fait nul secret dans la BA d'ailleurs, Intrusion cause bien des petits hommes (gris) verts.
Enfin, moins bien que Mulder, c'est certain. L'histoire se focalise sur un couple, Jillian et Spencer Armacost (j'ai tiqué sur le nom, tout de suite: très original). Elle est institutrice,
lui est... astronaute! Et, comme on s'en doute, lors d'une mission dans l'espace expédiée à la vitesse de la lumière, Mister Armacost et son pote vont faire un genre de rencontre du troisième
type... du moins, on le suppose. Car aucune véritable enquête ne sera menée sur la question (à part par un Mulder au rabais, ex-employé de la Nasa, qui vire plutôt psychopathe que scientifique
digne de foi), même après que les deux astronautes aient frôlé la mort, là-haut, dans le vide intersidéral. Pour le coup, c'est le trou noir. Du coup, même si I want to believe à fond, pas facile
de se focaliser sur une possible rencontre extraterrestre, et ce, principalement à cause de Miss Armacost. Mais pas que.
Chéri, qu'est-ce qui t'arrives?
Le postulat de départ du film pêche dés les premières minutes: tout se joue autour d'un changement flagrant de personnalité chez Armacost, après son expérience dans l'espace. Les fameuses deux
minutes de perte de contact avec la Terre. Tout est basé sur le changement du personnage, principalement par rapport à sa femme, Jillian. Or, vous conviendrez que, pour juger d'un réel
changement, il est préférable d'avoir eu le loisir, au préalable, de savoir à quoi ressemblait le personnage en question. Du couple heureux du départ, on aura droit à deux échanges d'une banalité
à pleurer, torchées en quatres minutes, censées nous attacher au petit couple. Raté, clairement. Quant à partager les doutes de Jillian après le retour de Spencer sur le plancher des vaches, on
en est loin. Mais peut-être est-ce un effet pensé et assumé par le réalisateur, ce qui, du coup, relèverait considérablement le niveau de l'ensemble...
Paranoïaque Activity
...car le véritable enjeu du film, et j'ai mis du temps (beaucoup trop de temps) à le comprendre, c'est l'angoisse grandissante de Jillian, qui
nourrit au fur et à mesure une sorte de paranoïa démesurée par rapport à son mari. Certes, elle a quelques arguments pour étayer ses craintes, mais plus le film avance, et plus l'on se prend à
penser que la pauvre femme est en train de virer marteau. Plongée dans un univers anxyogène (New-York, un loft aseptisé, gris, froid, glaçant), déstabilisée par des événements traumatisants,
hantée par de vieux souvenirs (dont on ne saura rien), on découvre peu à peu une femme peu sûre d'elle, anxieuse, suicidaire... Bref, pas vraiment le profil d'une personne censée. De fait, plus
elle doute de Spencer, plus on se persuade qu'il est tout à fait normal, ce pauvre homme. Bon, pas le mec idéal, indéniablement, mais pas le mauvais gars non plus. Dés lors, toute l'attention se
focalise non pas sur le supposé "hôte", mais sur la femme en proie aux incertitudes découlant d'avantage d'un passé tourmenté que d'une quelconque rencontre du troisième type. En cela, le choix
de Charlize Theron s'est avéré judicieux. Ce n'est clairement pas une actrice "formidable", son jeu étant somme toute plutôt limité (en tous cas dans le
film), mais je doute que l'on puisse trouver nombre de femmes aussi grâcieuses et lumineuses qu'elle. Aérienne, il émane d'elle, ici, une sorte d'aura glacée, une beauté figée que la peur
craquelle par moments. Elle subjugue, du début à la fin. Tant et si bien que Johnny Depp, pour le coup, se contente de faire de la figuration. Il est juste,
comme toujours, mais n'hérite pas ici d'un rôle transcendant ou marquant. Plutôt dérangeant. Donnant à le voir sous un autre jour (et blond, ça peut faire mal...).
Bref, l'ensemble évolue lentement, lassivement, passivement même, puisqu'il ne se passe pas grand chose, à part ces remises en question innocentes et ses frémissements de thriller extraterrestre.
On ne sursaute pas, on n'est pas ému, et on n'est pas surpris non plus. C'est tendu.
Intrusion
Le mot de la fin sera pour le titre en VF, qui plombe définitivement un scénario déjà bien handicapé, quand le titre VO avait l'intelligence de continuer à semer le doute, comme l'a sûrement
voulu Rand Ravich, en se focalisant d'avantage sur le personnage de Jillian que sur ce qui s'est passé dans l'espace, durant ces 2 minutes de silence spatial.
En clair, tout ceci est passable, bancal, mal rythmé, mal mené, et mal étayé. C'est même mal achevé, dans une débâcle de feuilleton digne d'un après-midi sur M6. Reste l'interprétation, plutôt
convaincante au milieu de ce vide intersidéral, et la mise en scène, froide, dure, glacée, comme un fragment de lune... la lueur en moins.
*Indice de satisfaction:
*1h44 - Américain - by Rand Ravich - 1999
*Cast: Johnny Depp, Charlize Theron, Clea DuVall, Joe Morton, Nick Cassavetes...
*Genre: Rencontre du deuxième type...
*Les + : Interprétation convaincante, mise en scène adéquate.
*Les - : Scénario a bazarder.
*Liens: Astronautswife.com
*Crédits photo:
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