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Consommateurs, à vos cartes de crédit!

Publié le 12 décembre 2009 par Raymondviger

Jean Gagnon

jean-gagnon-economiste-chroniqueur-economique-actualite-financiere-l-actualite-economique-finance-ecenomie Chers consommateurs, préparez-vous à dépenser, car vous serez bientôt interpellés afin de faire votre part pour relancer l’économie.

La récession vous a rendu frileux, si bien que vous semblez vous être mis en mode épargne. En effet, il y a à peine deux ans, les Canadiens n’épargnaient que 2,5% de leurs revenus disponibles. Aujourd’hui, ils en épargnent le double. Et les économistes prévoient que le taux atteindra 7 % à la fin de l’année. Le problème est que ce sont justement les dépenses de consommation qui constituent le principal moteur de la croissance économique.

Pour l’instant, les gouvernements se substituent aux consommateurs. Ils lancent des programmes d’infrastructure afin de soutenir tant bien que mal l’activité économique. Ils espèrent surtout que ces programmes vous encourageront à recommencer à dépenser.

Mais comme vous aurez entretemps redécouvert les vertus de l’épargne, soit la sécurité que confère un compte en banque bien garni, ainsi que le plaisir que procure le fait d’avoir moins de dettes, ne serez-vous pas réticent à tout dépenser à nouveau? La relance économique pourrait alors être très ardue.

Parlant d’épargne, à qui profite l’arrêt de travail?

Depuis janvier, les journalistes du Journal de Montréal sont en lock-out, et aucune négociation n’est en cour afin de régler le conflit. Un examen rapide des derniers résultats financiers de Quebecor, à qui appartient le journal, permet de comprendre que la compagnie n’est vraiment pas pressée de régler le conflit. Les affaires vont bien chez Quebecor, principalement chez sa filiale Videotron, dont les ventes ont augmenté de 9 % lors du dernier trimestre.

Mais ça va moins bien pour son groupe de journaux, Sun Media. Les ventes de publicité ont chuté de 19 % comparativement à l’année précédente. Toutefois, la compagnie explique que l’impact a été amoindri par des initiatives de restructuration et d’amélioration de la productivité qui ont permis de réduire les coûts de 13 %. Cela inclut sûrement les salaires des journalistes. J’ai bien peur que Quebecor n’attende que les ventes publicitaires reprennent de façon significative avant de les rappeler.

L’alphabet de la reprise vu par les économistes: U, V ou W

Pour imager le scénario de la relance, les économistes utilisent des lettres de l’alphabet. D’abord le scénario en U: après une descente rapide, l’économie va stagner pendant un certain temps (6 à 12 mois) avant de recommencer à croître. Puis celui en V: la rapide décroissance est aussitôt suivie d’un retour à une croissance aussi forte qu’avant le début de la récession. Enfin, le scénario en W: la reprise, dans un premier temps, ne sera pas durable. Elle sera suivie d’un deuxième repli important (la désillusion) avant que l’économie ne reparte vraiment sur des bases solides.

Comment se résorbera la récession que nous traversons depuis plus d’un an? La question a été posée à un groupe de 51 économistes américains par la firme de recherche Blue Chip Economic Indicators. Plus des deux tiers ont répondu que l’on assistera à une reprise en U.

Un petit coup de main pour les banques

On sait que les institutions bancaires sont puissantes. Pas surprenant alors qu’elles obtiennent un petit coup de main lorsqu’elles en ont besoin.

Au début d’avril, la Financial Accounting Standard Board (FASB), l’organisme responsable des normes comptables aux États-Unis, a modifié l’une de ses règles s’appliquant aux banques. Elle a aboli l’obligation d’évaluer tous les actifs à leur juste valeur marchande. Les actifs sont maintenant évalués en fonction de leur capacité de générer des revenus. L’Institut canadien des comptables agréés a emboîté le pas à la FASB. Nul doute que ce changement de normes a évité aux banques d’avoir à subir de grosses pertes additionnelles.

Quatre mois plus tard, les prix à la bourse des actions des grandes banques américaines et canadiennes ont à peu près doublé. Ce que l’on ne voit pas ne fait pas mal, n’est-ce pas? Mais peut-on prétendre sans risque de se tromper que nos institutions financières sont en bonne santé?

Jean Gagnon écrit un blogue sur l’actualité économique, Dans les coulisses de l’économie et est aussi auteur de la lettre financière Dans les coulisses de la bourse


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