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Lettre de départ des Verts

Publié le 12 décembre 2009 par Chezfab

Cher(e)s adhérent(e)s des Verts, cher(e)s ami(e)s pour certains, cher(e)s ennemi(e)s pour d'autres,

C'est après quelques mois de réflexion et une interrogation constante concernant les orientations politiques de notre (votre maintenant) mouvement que je prends la décision de cesser d'adhérer au parti des Verts. Ce qui n'est en rien un renoncement à mes idées.

Certain(e)s me disent que je prends cette décision sans "savoir ce qu'est vraiment le parti". Je les arrête tout de suite : je me suis investi, j'ai pris mes marques dans celui ci, participant même jusqu'à récemment à la CE des Verts du Rhône. J'ai aussi été aux journées d'été, participé à diverses commissions (pour lesquelles, par cette lettre, je prends congé), apporté certaines contributions, dialogué, débattu, etc...

Je connais donc assez bien ce parti pour me rendre compte que la logique engagée ces derniers temps ne me convient pas. L'opacité avec laquelle se décide aujourd'hui les choses au sein d'Europe Ecologie , mais aussi du parti Vert lui même, ne peut que me pousser à m'en aller. La "politique autrement" a disparu au profit d'une politique d'appareil, entraînant de fait un positionnement peu lisible, c'est à dire la fin d'une radicalité (dans le sens "aller à la racine") seule capable d'ouvrir un avenir à l'espèce humaine.

Europe Ecologie tire l'écologie politique, et donc les Verts, dans la direction du pseudo réalisme, qui reste maintenant la ligne. Comme si l'idée de réalisme suffisait à faire une politique. C'est surtout un cache sexe pour planquer honteusement la fin de tout réel projet émancipateur.

Je n'aurais jamais cru possible que ce qu'il advint au social(isme), via la sociale démocratie, puisse advenir à l'écologie politique. Et pourtant c'est ce que je constate aujourd'hui. C'est bien face à une mutation sociale démocrate bon teint que se trouve le mouvement Europe Ecologie, et via lui, les Verts.

J'en veux malheureusement pour preuve le dernier vote des députés Europe Ecologie (pas tous il est vrai, mais la majorité) de la résolution Copenhague au parlement européen. Que cette résolution ait été porteuse d'une porte ouverte au nucléaire était déjà pour moi un repoussoir. Mais pire, elle avalise l'idée que le marché, via la spéculation carbone, est le meilleur régulateur des gaz à effet de serre ! Comment peut on cautionner un truc pareil ! L'explication de vote fut de dire que face à l'urgence, il fallait que ce vote ait un soutien massif... Un peu comme lorsque Jospin expliquait qu'il fallait saccager le service public pour sauver le social, ou privatiser pour aider... Bref une excuse bateau pour couvrir un vote qui est un renoncement de fait. Je n'aurais pas été surpris si des "non Verts" avaient voté ainsi, mais de voir des Verts le faire... Mais je sais, comme le dit si bien Daniel Cohn Bendit, je suis un cinglé (oui, objecteur de croissance, donc...) et donc incapable d'analyse.

C'est donc bien cette glissade vers une forme de centrisme (qui reste de gauche a priori), cette perte de la radicalité, qui m'éloigne. Je vois se profiler ce que je craignais : une dépolitisation globale au nom de l'urgence. La perte de repères et de convictions sous prétexte qu'il n'y a plus le temps. C'est par ce "réalisme" que l'on tue les avancées. Ainsi je vois se profiler demain des phrases du genre "Oui j'ai accepté la mise en place de l'EPR , plutôt que 5 centrales à charbon, comprenez, l'urgence est aux GES". Je pense que ce vote est malheureusement le premier pas... Je force le trait, mais malheureusement à jouer à "toute avancée est bonne à prendre" on finit par se dédire si on a pas un corpus idéologique solide en appui de ces choix. Et aujourd'hui, c'est le cas...

Au delà de ça, je vois surtout le déficit de social au sein de la mouvance Europe Ecologie, mais aussi au sein des Verts. C'est triste, mais c'est ainsi. L'incapacité à comprendre certaines mutations à tendance à me laisser pantois. J'ai vu définitivement cela quand lors du 49ème congrès de la CGT (j'y étais délégué), où tous les partis de gauches étaient là en "amis" à l'ouverture du congrès, comme cela se fait toujours. Tous ? Non, pas les Verts... Révélateur pour moi et déclencheur de mon départ. Car comment ne pas faire le lien avec les refus de signer les textes communs de soutien aux syndicats ? Comment ne pas comprendre que ...

Voilà, je crois que je n'ai plus ma place parmi vous. Je ne me sens plus en phase avec ce qui est sensé être défendu, je crains trop les dérives que le lis de plus en plus dans les choix politique fait (que ce soit la mise sous perfusion du Modem par Cohn Bendit Daniel, ou l'ouverture de l'écologie politique qui irait jusqu'à Borloo pour Cohn Bendit Gabriel , ben voyons. Mais surtout l'atonie du parti Vert face à tout cela) ou dans l'opacité, laissant place à tous les opportunistes, de la construction des listes (sans réel projet je le crains). Sans parler des "choix imposés", comme pour Marie Bové par exemple...

Pour finir, je pense que je n'aurais de toute façon pas pu faire la campagne de Philippe Meirieu.

Donc voilà, je vous laisse. Définitivement ou pour un temps, je ne sais pas. Mais en ce moment, je ne rêve plus dans la bonne direction.

Cordialement,

Fabien


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