Les vendeurs de maladie
Selling sickness
Saison 3, Episode 14 sur 25
Diffusion vo : ABC – 6 février 2007
Diffusions vf : 13eme rue, La Une – 12 décembre 2009
Le juge Brown va voir Denny pour qu’il attaque une association religieuse qui devait le guérir de son homosexualité. Shirley s’occupe de l’affaire d’une jeune adolescente violée qui veut prendre une pillule pour oublier mais dont les parents se déchirent sur le fait de la prendre ou non.
Commençons par les feux de l’amuuuuur. Dans l’épisode précédent, Brad s’offuscait qu’elle voit d’autres personnes mais Denise lui retorquait qu’il était libre de ne plus coucher avec elle. Aujourd’hui, Denise avoue qu’elle est enceinte. Mais qui est le père ? Brad ? Jeffrey ? Denny ? Paul ??? Tao ??? Clarence ???? Le mystère est résolu par un test ADN qui montre que les petits soldats de l’ex marine sont les plus forts. Jeffrey est tout dégouté. Brad planifie déjà les 40 premières années de la vie du gamin à venir.
Hmmm le rebondissement pas du tout attendu quand on savait que l’actrice était enceinte dans la vraie vie.
De son coté, Shirley qui ne peut plus être enceinte au grand dam de certains fans (salut Amaury) doit donc bosser un peu. La voilà confronter à deux parents qui s’opposent sur le fait de faire prendre ou non une pillule d’oubli à leur fille qui vient d’être molestée sexuellement comme on dit. C’est l’occasion de nous faire un speech plus direct que Alan sur la médicalisation de notre vie et les entreprises médicales qui ont une pillule pour tous les maux possibles et imaginables. Et oui, il faut bien qu’elles se fassent du fric les pauvres entreprises. On peut y voir d’ailleurs une résonnance dans l’actualité de cette fin 2009 et la terreur instillée par les médias envers la Grippe A/H1N1 lorsqu’ils ont vu que les français n’allaient pas se faire vacciner en nombre. Et oui, si personne ne se vaccine, à qui les laboratoires médicaux vont-ils vendre leurs vaccins ? Là, avec une bonne terreur bien mis en place en sortant des chiffres comme ça (200 morts ! Oui mais sur quelle période ? Quelle région ? Juste la France en un jour ou le monde entier en 6 mois ? On en sait rien mais il y a eu 200 morts !!!!) et une surexposition constante avec 10 minutes en ouverture de chaque JT sur chaque chaine + la campagne de pub entre les JT et bingo, afflux massif pour se faire piquer et donc écouler le vaccin. Bien joué. (Attention, je ne dis pas qu’il faut ou ne faut pas se faire vacciner, je dis juste qu’on a manipulé le téléspectateur, comme avec les moultes reportages sur la violence urbaine avant chaque élection, histoire de favoriser la droite dans l’esprit des électeurs indécis). Mais je m’égare.
Là, la question est encore une fois posée dans un cadre un peu extrême avec le cas de cette adolescente violée. D’un autre coté, je me dis en écrivant cela qu’elle ne va pas prendre une pillule de l’oubli parce qu’elle a cassé un verre en faisant la vaisselle … La question de la parcimonie de l’utilisation est plus soulevé qu’autre chose. Les traumatismes ont permis à d’illustres artistes de produire ce que l’humanité a pu faire de mieux en termes d’arts. Mais beaucoup de personnes n’arrivent pas à surpasser le traumatisme et en faire une force. Au contraire, le traumatisme les ronge et les détruit. Dans ce cas, pourquoi pas la pillule ? Mais il est impossible de savoir ce qui arrivera à l’ado vu que la pillule doit être prise immédiatement. La thématique soulève pas mal de questions intéressantes et permet d’en extrapoler d’autres comme une vie réglée par les médicaments (c’est simplement évoqué) ou encore l’irresponsabilité de l’être humain de plus en plus grande grâce ou à cause de ces médicaments. A quoi bon se protéger vu qu’il y a la pillule du lendemain au cas où. Oui mais elle ne protège pas des MST. Etc … Il y a beaucoup à dire sur le sujet des labos pharmaceutiques. Et encore, on aborde pas toute la part obscure des manipulations et du lobbying dans l’ombre pour manipuler les foules alors que moi je l’ai un peu extrapolé plus haut avec la grippe A.
Alan a une affaire dans le même sens avec cette histoire du juge qui veut se faire rectifier son orientation sexuelle par un soutien religieux mais qui échoue. Là encore, on touche à une problématique similaire aux médicaments : si quelque chose est anormal dans notre vie dans le sens pas conforme à la norme attendue par la société, hop, une thérapie. Et les américains sont très forts pour faire des séminaires ou stages de rectifications diverses et variées. Et généralement, la religion catholique s’en charge vu qu’elle a imposé les codes normaux de la société occidentale et plus particulièrement américaine au fil des siècles. Et l’homosexualité est condamné par l’Eglise. Donc hop, ils font des thérapies pour forcer l’hétérosexualité des homosexuels et en même temps, s’assurer qu’ils le resteront grâce à un culte voué à Dieu et l’Eglise.
Là, on touche à la question de la foi de chacun et c’est délicat à traiter. Et l’épisode s’en sort pas mal vu qu’il dénonce les entreprises capitalistes abusées autour de cela et non le fait de savoir si oui ou non il est normal ou pas d’être homosexuel et si oui ou non l’Eglise apporte les solutions pour revenir à la « normalité ». C’était pas très évident et l’épisode s’en sort très bien sur le coup. Il faut dire qu’il est bien aidé par le représentant de l’association qui a une tête de profiteur malsain des gens qui ne savent plus trop où ils en sont. Et puis on a droit aussi au regretté Henry Gibson dans le rôle du juge. On le voit régulièrement dans la série et je suis content qu’il soit mis en avant pour une fois tant c’eétait un acteur éminament sympathique. Il manque déjà à la télévision.
Bref, 9/10
Un excellent épisode qui aurait pu se vautrer dans des problématiques pas évidentes à traiter mais qui au final s’en sort à merveille en esquivant bien tous les pièges tendus par les deux histoires principalement. Le seul regret que j’ai, c’est que l’épisode n’aille pas plus loin dans la thématique des labos pharmaceutiques mais cela demande aussi bien plus d’un épisode pour traiter tout ce qu’il y a dire sur cet ogre.