La preuve ? Le ping pong des petites phrases, des procès d'intention et des coups sous la ceinture a commencé. Cette année, la mode est au repérage des "dérapages" et au "ton candidat est plus raciste que le mien". Première victime Frêche. La blogosphère politique n'est pas en reste. Homme de culture mais aussi grande gueule, autoritaire et tribun, Frêche a l'art des positions tranchées, des formules qui font mouche ou qui fâchent. "Le grand mamamouchi aux talons compensés" pour parler de Sarkozy, c'est lui. Les "oreillons" des femmes voilées ou les "arriérés des hauts cantons" aussi.
On ressort aujourd'hui deux affaires. La première est celle de l'emploi du terme " sous-hommes " dans une altercation qu'il a eu avec une délégation de harkis. Quand on a vu la vidéo en entier ou lu son verbatim (1), on sens bien que dans sa bouche le terme de " sous-hommes " n'a pas de connotation raciste. Comme le dit l'hérétique "Frêche était furieux contre ces harkis parce qu'ils avaient décidé de soutenir le candidat UMP alors que lui-même jugeait avoir fait beaucoup pour cette communauté". Ce qui n'est pas faux en matière de logements sociaux ou d'emplois municipaux.
Il leur reproche d'être des ingrats et de ne pas avoir d'honneur, de figure comme on dit dans le Midi, en passant dans le camp de ceux qui à l'époque ont abandonné les harkis. Il est hors de lui car il se sent trahi. Il aurait pu aussi bien dire "vous êtes des moins que rien", des "mauviettes" ou des "pédés" sans que cela ait une connotation homophobe. Ce " sous-hommes " là relève plutôt du registre de la virilité ou de l'honneur. Malheureusement pour lui ce terme fait aussi partie du vocabulaire nazi. Mauvaise pioche.
Frêche leur fait remarquer en passant qu'ils ne sont pas harkis mais fils de harkis. On pourrait en effet s'étonner du caractère héréditaire de ce statut, qui n'a pas lieu d'être. Personne ne s'est offusqué par contre de la pratique politique clientéliste ainsi révélée, pratique qui me parait beaucoup plus critiquable qu'un mot mal choisi.
La deuxième affaire concerne ses commentaires sur l'équipe française de foot (2). Là aussi je ne vois pas bien en quoi ces propos sont racistes. Il déplore que la composition ethnique de l'équipe ne reflète pas celle de la population française. Ceux qui se plaignent qu'il n'y a pas assez de noirs dans les médias et prônent une "diversité" qui reflèterait mieux la population actuelle font la même chose. En l'occurrence ce sont plutôt les "blancs [...] nuls" qui pourraient se plaindre.
Ce qui est amusant c'est de voir la direction du Parti Socialiste se contorsionner pour justifier qu'elle ne présente pas de candidat contre Frêche... après l'avoir exclu du PS. Il faut dire qu'il sait engraner les électeurs... Le lion est vieux et fatigué, mais il rugit encore et a plus d'un tour dans son sac. Il vient de porter plainte contre Besson et Lefebvre. Ça va saigner ;-)
Mais est-ce bien encore de la politique ?
Verbatim :
(1) Voici ce qu'a dit Georges Frêche le 11 février lors de la cérémonie organisée à la mémoire de Jacques Roseau : " Vous, vous faites partie des harkis qui ont vocation à être cocus jusqu'à la fin des temps. Hein ? Ces gens-là vous ont laissé... mais taisez-vous une seconde et laissez-moi parler ! (Bon, vous la sortez s'il vous plaît) Allez, ça suffit ! Ça suffit ! J'ai à dire ce que j'ai à dire ! (Il s'avance...) Bon alors les harkis vous reculez. Bon taisez-vous, vous n'êtes pas harkis, vous êtes fils de harkis, vous n'avez rien à dire. Oui, oui mais moi aussi mes parents... (Une voix de femme : " [...] cocu vous-même ") Alors, vous êtes allés à Palavas avé les députés gaullistes, avé les gaullistes qui ont laissé les harkis se faire massacrer en Algérie. Faut-il vous rappeler que 90 000 harkis ont été égorgés comme des porcs parce que l'armée française les a laissés seuls là-bas ? Alors vous êtes vraiment d'une incurie incroyable (La même voix : " Cocu toi-même ! "). Vous ne connaissez pas l'histoire. Alors écoutez, moi je vous ai donné votre boulot de pompier, gardez-le et fermez votre gueule. Gardez-le et fermez votre gueule ! Hein ? Je vous ai trouvé un emploi et je suis bien remercié. (La voix : " On vous a aidé à passer aussi, ne nous oubliez pas ! "). Ah ! Vous m'avez aidé, oui, c'est ça. (La voix : " Bien sûr on vous a aidé ! ") Arrêtez-vous, arrêtez-vous. Allez avé les gaullistes. Allez avé les gaullistes vos frères à Palavas, vous y serez très bien. Ils ont massacré les vôtres en Algérie et encore vous allez leur lécher les bottes. Mais vous n'avez rien du tout, vous êtes des sous-hommes ! (La voix : " C'est vous le sous-homme ! ") Vous n'avez rien du tout, vous n'avez aucun honneur, rien du tout. (La voix : " Vous le sous-homme ! ") Il faut que quelqu'un vous le dise, vous êtes sans honneur, vous n'êtes même pas capable de défendre les vôtres. Voilà. Voilà. Alors, dégagez. " (source : Acrimed).
(2) " Dans cette équipe, il y a neuf blacks sur onze. La normalité serait qu'il y en ait trois ou quatre. Ce serait le reflet de la société. Mais là, s'il y en a autant, c'est parce que les blancs sont nuls ", a déclaré M. Frêche. " J'ai honte pour ce pays. Bientôt, il y aura onze blacks. Quand je vois certaines équipes de foot, ça me fait de la peine ", a ajouté M. Frêche (source : LDH Toulon).