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Le Bon Tuyau

Publié le 12 décembre 2009 par Manueldecastro

Le Bon TuyauSi chaque génération a ses combats, la musique a toujours été un terrain favorable à la montée d'indignations en tous genres. Des moulins à vent combattus ardemment par les mélomanes frileux (ou de bon goût, c'est selon). Si les expérimentations plus ou moins artisanales menées sur les instruments ont fini par faire leur place aisément, le combat est plus ardu lorsqu'on touche à la plus naturelle des machines à mélodie : la voix.

Dernière levée de boucliers en date, l' Autotune. Un énième anglicisme qui fait frémir, pour un outil qu'on qualifie déjà de " machine à savoir chanter ". Logiciel créé il y a une dizaine d'années, l'autotune a été conçu pour corriger la voix d'un chanteur en plein concert, ou gommer au mieux l'éventuel caquetage non-maîtrisé d'un rejeton d'Endemol en studio. Une attention louable, qui a vite été détournée par des artistes utilisant le processus comme effet intentionnel, apportant une touche " digitalo-moderne " à leurs sérénades. Cher aura été la première à utiliser le stratagème pour son come-back lifté, suivie par la nouvelle génération d'un Hip-Hop décomplexé, T-Pain ou Kanye West en tête.

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Le stratagème, peu naturel et pouvant s'avérer musicalement bancal, n'a pas tardé à susciter l'émoi chez les défenseurs du terroir rapologique. Mascarade, honte, perte des valeurs... l'autotune est voué à diviser, quitte à en nier l'origine. Car, loin d'être une invention née des amours de Méphistophélès et JM Jarre, notre logiciel est le descendant d'outils plus rustiques, et devenus familiers des esgourdes mélomanes.

L'Autotune applique, de façon numérique, les effets du vocoder, de 60 ans son aîné. Machine " arti " permettant de moduler les fréquences de la voix, le vocoder a été utilisé comme outil musical à partir des années 70. Des papas de la techno Kraftwerk à leurs emblématique descendants Versaillais de Daft Punk, en passant par Herbie Hancock ou Pink Floyd, les parrains de l'outils n'auront pas été des moindres.

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Le second ancêtre de l'autotune, plus musical, est la talk-box. Différente du vocoder, la " boite parlante " permet de moduler un son d'intrument (synthétiseur ou guitare) à l'aide de la voix et d'un tuyau. C'est donc en bougeant les lèvres que le musicien libère le son de l'instrument. Une sorte de fonctionnement inversé qui n'a pas tardé à faire des émules, tout aussi talentueux que ceux du cousin. Le rap est ici plus concerné, le parrain de la talk-box n'étant autre que Roger Troutman, modèle de la génération " G-Funk " de Dr Dre, 2Pac et consors. Mais ce sont les quelques vidéos d'un des premiers utilisateurs de la technique qui en démontrent l'intérêt musical -et funky- certain.

Voilà finalement ce qui devrait permettre à l'autotune de faire sa place, loin des luttes intestines : une utilisation pertinente par un artiste de talent. De quoi transformer les sceptiques en adeptes qui en redemandent, et laisser la place à un nouveau moulin à vent, ou à tuyau, au choix...


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