Cette chronique s’adresse à ceux qui sont nés à la fin des années 70 et au début des années 80. Rappelez-vous : Le Club Dorothée, 1988. Cette émission devenue culte proposait cette année-là à la rentrée de septembre le premier épisode d’une série inédite en France : Dr Slump. Adaptée du premier manga d’Akira Toriyama, le créateur de Dragon Ball, la série sera rapidement censurée par les sages du CSA et seuls 55 des 243 épisodes seront traduits et diffusés. Il faudra attendre 1995 pour voir Glénat éditer l’intégralité des 18 volumes du manga. Aujourd’hui, le même éditeur réédite l’ensemble dans une version Ultimate dont le premier tome vient de sortir.
L’action de Dr Slump, se situe dans le Village Pingouin. Senbei Norimaki est un inventeur de génie qui a créé un robot et lui a donné les traits d’une jeune fille d’une douzaine d’années. Il décide de la nommer Aralé et l’inscrit à l’école en la faisant passer pour sa sœur. Possédant une force herculéenne et une naïveté à toute épreuve, l’androïde deviendra la source de nombreux quiproquos plus farfelus les uns que les autres.
La qualité première de ce manga tient dans l’incroyable galerie de personnages qu’il propose : de Senbei l’obsédé sexuel à l’extraterrestre Nikochan et son acolyte en passant par Akané et Târo les ados rebelles, ou encore Suppaman une caricature de Superman sans aucun pouvoir, tous semblent plus stupides les uns que les autres. Aralé incarne pour sa part la pureté et la naïveté. C’est le décalage entre cette naïveté et les basses intentions des autres personnages qui constitue le plus souvent le ressort comique de la série. Un exemple parmi tant d’autres : lorsqu’Aralé explique à Senbei qu’elle est toute lisse et qu’il lui manque quelque chose au bas du ventre, l’inventeur pense aux organes sexuels alors que le robot parle du nombril !
Bien sûr, Dr Slump est un manga de mauvais goût et scatologique (Nikochan porte ses fesses au sommet de son crâne et Aralé parle aux crottes de chiens). C’est à mes yeux plutôt une qualité qu’un défaut. Finalement, je crois que « loufoque » est l’adjectif qui qualifie le mieux cette série publiée pour la première fois au Japon en 1980. Cette édition Ultimate dans un format plus grand que la normale reprend les nombreuses pages couleurs d’origine. Par rapport à l’édition de 1995, le sens de lecture a été respecté et la traduction entièrement refaite. Voilà une très bonne occasion de découvrir (ou redécouvrir en ce qui me concerne) le premier succès du très grand mangaka qu’est Akira Toriyama.
Dr Slump T1 : ultimate edition, d’Akira Toriyama, Éditions Glénat, 2009. 10,55 euros.
L’info en plus : Glénat réédite également en « Ultimate edition », la série incontournable d’Akira Toriyama, Dragon Ball. Le 5ème des 42 tomes vient de paraître. Avec un volume tous les deux mois, la parution devrait s’étaler sur près de 7 ans !