Il est des sujets de notre passé qu’on évite soigneusement de porter au grand jour. Celui-ci est à ranger dans la catégorie des tabous … C’est dans une Allemagne vidée de ses vingt millions de jeunes hommes mobilisés dans la Wehrmacht et envoyés sur tous les fronts, où il ne restait guère plus dans les foyers que des vieilles personnes et des enfants, que se retrouvèrent les Français prisonniers de guerre et les requis du Service du Travail Obligatoire (STO). Les récits qui traversent ce film montrent que pendant ce conflit meurtrier que n’avaient décidé ni les uns ni les autres, des jeunes gens, hommes et femmes, de pays « ennemis » simplement par le fait de la guerre, ont pu s’aimer, comme tous les jeunes gens de leur âge, en défiant les interdits et les dangers, liés à la situation. La plupart des enfants nés de ces relations se cachent encore. Ils ont connu la honte d’avoir un père ennemi, mais surtout, pour la plupart, d’avoir ignoré son existence et ne jamais l’avoir connu. Ils sont tous persuadés d’avoir été le fruit d’un grand amour… Ils enfourchent une machine à remonter le temps, refont le chemin à l’envers pour retrouver la trace de ce père fantasmé, sans lequel ils n’imaginent pas pouvoir se construire. Cette quête occupe aujourd’hui toute leur vie. Nous sommes allés à leur rencontre. La plupart des pères sont morts ; pour les autres reste “la honte” de n’avoir pas eu le courage de reconnaître l’enfant qu’ils avaient eu. Après cinq ans d’absence, les prisonniers ont retrouvé leur foyer, une femme, des enfants, un passé qui refaisait soudain surface; et il y avait ce présent gênant, qu’il fallait vite oublier. Dans la plupart des cas, il était bien trop tard pour réparer, surtout après avoir tout fait pour gommer le passé. En France comme en Allemagne, ces amours de guerre auront laissé derrière elles des milliers d’enfants qui, plus de soixante ans après, recherchent toujours un père.
Jean-Pierre Carlon, le réalisateur des "enfants de la honte" a déjà réalisé sur cette période douloureuse "Tondues en 44". Il a aussi réalisé "Paroles de Pieds-Noirs". Dans son iunterview, il rappelle que ces enfants qui ont aujourd'hui plus de 70 ans, ont passé la part la plus importante de leur vie à rechercher leurs racines. Aujourd'hui, la honte qu'on leur a fait ressentir au début de leur existence est maintenant surmontée. Ils remontent, comme beaucoup, le cours de leur propre histoire. Une histoire où l'amour tient une place importante...
Jean-Paul Picaper est l'auteur de "Le crime d'aimer" qui a inspiré le documentaire
Jean-Paul Picaper est écrivain. Il a publié "Le crime d'aimer" sur les enfants nés de citoyens français en Allemagne (STO ou prisonniers) et de mères allemandes. Il avait auparavant publié "Enfants maudits" sur les enfants que les soldats de la Wehrmacht ont eus avec des mères françaises. Aujourd'hui, tous ou presque ont surmonté la honte qui a longtemps accompagné le début de leur vie et se battent pour retrouver leurs origines et renouer avec des frères et des soeurs qu'ils n'ont jamais connus. Jean-Paul Picaper milite pour que les archives militaires françaises puissent, à l'instar des archives allemandes, être ouvertes à ces enfants et aussi pour qu'ils puissent bénéficier de la double nationalité franco-allemande. Ce que l'Allemagne a reconnu aux enfants nés en France.
Prochain ouvrage de Jean-Paul Picaper: "Berlin-Stasi" aux éditions des Syrthes
Longtemps leur origine leur a été cachée, ils étaient « Les enfants de la honte », comme en France les enfants nés de pères allemands et de mères françaises ont été « Les enfants de Boches ». Avec le temps, ce sentiment de honte n’existe plus. Il ne reste que des hommes et des femmes à qui manque un pan important de leur vie. Ils veulent aujourd’hui savoir qui fut leur père, leur mère et s’ils ont des frères et soeurs. Ils ont maintenant plus de 60 ans et cette quête aura pris presque toute leur vie. Si certains, à force de courage et d’obstination, sont parvenus à retrouver leurs racines, d’autres ignorent toujours comment entreprendre des recherches. Ce forum peut les y aider…
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1- Jean-Paul Picaper recherche la trace du père de Régine Noack 2- Des pistes à suivre lors de vos recherches en Allemagne 3- ... ou en France 4- Jean-Louis Querillach raconte sa captivité
Sur les enfants de citoyens français en Allemagne
Le crime d'aimer - Les enfants du STO
Jean-Paul Picaper Editions des Syrtes 2005 Enfants maudits" 2004 Editions des Syrtes
http://www.editions-syrtes.fr/fr/02-Catalogue/Titres/105-Le-Crime-d-aimer-Les-Enfants-du-STO/
Une semaine pour renaître - Un demi-siècle pour savoir
Bernard Storch
Editions Divers Gens 2007
J'étais STO
Jean-Louis Queirillach
Editions France-Empire 1958
Mémoire de la déportation au travail en Allemagne nazie
Jean-Louis Queirillach Editions Atlantica 1990
J'étais à Berlin
Marcel Elola
Editions Divers Gens 2005
Un amour à Berlin
Laurent Guillet
Edition personnelle 2008
Une femme à Berlin Journal 20 avril - 22 juin 1945
Anonyme - Présentation Hans Magnus Enzensberg Editions Gallimard 2006 |
Sur les enfants de soldats allemands
Enfants maudits
Jean-Paul Picaper et Ludwig Norz
Editions des Syrtes 2004 http://www.editions-syrtes.fr/fr/02-Catalogue/Titres/104-Enfants-maudits/
Née d'amours interdites…
Josiane Kruger
Editions Perrin 2006
Orgueilleuse
Suzanne Lardreau
Editions Robert Laffont 2004 |
Autres références bibliographiques
COEURS SANS FRONTIÈRES
www.coeurssansfrontieres.com
ANEG
Association Nationale des Enfants de la Guerre
www.anegfrance.free.fr |
Des films...
ENFANTS DE BOCHES
52’, réalisé par Christophe Weber et Olivier Truc, en 2003.
Produit par Sunset Presse.
Pendant la Seconde Guerre mondiale,des couples se sont formés entre soldats allemands et femmes françaises. De ces unions très difficilement acceptées à l’époque sont parfois nés des enfants. A la Libération, leurs mères ont fait l’objet de représailles : dans le meilleur des cas, leurs cheveux étaient tondus. Ces enfants de la honte n’ont jamais reçu les gages de dignité qu’ils étaient en droit d’attendre,"expiant" une faute qui n’était pas la leur. Dans ce document, certains d’entre eux témoignent. Leur nombre est estimé à 200.000. Ils ont choisi de rompre le silence et d’assumer pleinement cette part de leur histoire personnelle qui rejoint l’histoire de leur pays.
FILS DE BOCHES
Emission Reportages TF1, réalisé par Cathelyne Hemery, en 1994.
Le premier enfant de la guerre qui prit l’initiative de sortir de l’isolement, s’appelle Daniel ROUXEL. En 1994, après avoir regardé un reportage, sur TF1, consacré aux Harkis, Daniel ROUXEL écrivit à la direction : "Madame, Monsieur, je n’ai jamais eu connaissance d’une émission télévisée sur les enfants issus pendant la guerre de mère française et de père allemand dont je fais partie. Je serais vivement intéressé. Dans l’espoir, veuillez agréer…" Alertés par ce sujet ignoré des grands médias, les producteurs de l’émission "Reportages" lui répondirent immédiatement et l’invitèrent à témoigner devant les caméras. Par la suite, Daniel ROUXEL fut contacté par des Françaises et des Français qui partageaient son sort. Etre compris et écouté, pouvoir échanger sur leur douleur, telles étaient les priorités de ces enfants de l’occupant auxquels on avait refusé, la plupart du temps, l’amour dû à tout être humain, quelle que soit sa naissance.
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Lieux ressources
Ministère de la Défense
SGA-DMPA
Bureau des Archives du Monde Combattant
BP 552
F 14037 CAEN CEDEX
La WAST - Service allemand de gestion des archives militaires
M. Le Directeur de la WASt
Eichborndamm 179
D-13403 Berlin
Le Bureau Central d’Archives Administratives Militaires de Pau
Secrétariat Général Place de Verdun 64000 Pau France Téléphone : 05.59.40.46.92
Mémorial de Caen
Esplanade Général Eisenhower
14000 Caen
Téléphone : 02.31.06.06.44 |
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