On s'en souvient, en début de mois, l'Assemblée nationale a validé la proposition d'Hervé Gaymard visant à offrir un accord dérogatoire à la Loi de Modernisation de l'Économie au secteur du livre. Un retour aux acquis de la loi Lang, rappelait-on, mais qui n'est pas sans susciter des inquiétudes chez les membres de l'AFDCC, Association Française des Credit Managers et Conseils.
LME : dynamiser l'économie
Contactée par ActuaLitté, l'association nous a en effet fait part des problématiques soulevées par son président, Jean-Didier Clémençon, pour qui « cette dérogation (à la dérogation actuelle) » ouvrirait « la porte à des demandes d’autres secteurs qui, si elles étaient retenues, finiraient par vider la loi de sa substance ». (Retrouvez la tribune que nous publions à cette adresse)
La LME a en effet été conçue pour accélérer les délais de paiement et faire disparaître les problèmes posés par des délais trop longs, tels que la gestion des impayés ou la défaillance des clients, nous explique M. David de l'AFDCC, s'appuyant sur des études macroéconomiques pour l'affirmer.
Réduction progressive et accord dérogatoire
Dans un premier temps, le secteur du livre avait profité d'un accord dérogatoire, comme autorisé par la loi, avec une réduction progressive des délais de paiement, pour aboutir aux 45 jours fin de mois ou 60 jours facturation, à l'horizon 2012. Même Christine Albanel avait plongé dans l'arène pour plaider en faveur de cet accord.
Cependant, note l'AFDCC, la volonté d'Hervé Gaymard de vouloir faire sortir le secteur du livre de la dérogation même remet en cause le bien-fondé de la LME. Alors que depuis sa mise en application, on constaterait une certaine amélioration dans la trésorerie des entreprises. Pour exemple, M. David nous parle des entreprises allemandes, particulièrement compétitives, du fait de délais de paiement courts. Bien sûr, reste encore à ce que les sénateurs valident la loi, mais n'existerait-il pas d'autres alternatives que cette dérogation à la dérogation ?
L'alternative des sociétés de caution mutuelle
L'AFDCC propose ainsi le recours à « des sociétés de caution mutuelle ». Ces dernières, qui n'existent aujourd'hui plus, pourraient ainsi servir de garants auprès des organismes bancaires et permettre aux libraires de pouvoir « renforcer leurs fonds propres ».
Ces dernières pourraient en effet chargées de garantir, en s'appuyant par exemple sur la valeur du fonds de commerce, auprès d'un organisme bancaire la librairie (ou les librairies) qu'ils soutiendraient. Et pourquoi pas même recevoir le soutien du gouvernement ? Le fonds de commerce, pour ceux qui n'ont pas fait (comme moi...) d'études d'économie, peut être représenté par la valeur de l'emplacement à laquelle on ajoute celle du stock ainsi que la 'capacité à vendre' de l'entrepreneur.
Car si Frédéric Mitterrand a assuré que seul le secteur du livre bénéficierait de l'accord dérogatoire, on y voir « un voeu pieux », à l'AFDCC. « Même si nous comprenons l'intention d'Hervé Gaymard, dans son entreprise en faveur de la culture pour le livre, nous redoutons surtout que cela n'ouvre une brèche où d'autres industries pourraient s'engouffrer. Pourquoi le monde du textile et de la mode, qui appartiennent aussi à la culture, ne souhaiterait pas en profiter également ? »
Le livre profiterait-il alors d'un nouvel essor et les librairies d'un autre souffle ? La question est en suspens...