Si Julien Dray devait demander un jour l'exil, il y aurait probablement une ville qui serait l'élue de son coeur : la Chaux de Fonds. Pas pour son air pur des montagnes (la ville est à 1000m d'altitude). Pas pour son architecture unique (la ville est classée à ce titre patrimoine mondiale de l'humanité). Mais parce qu'elle est la capitale mondiale de l'horlogerie. Ils sont tous là, ou presque : Patek Phillipe, Tag Heuer, Tissot, Cartier, Audemars Piguet, Zenith...
La Chaux de Fonds doit beaucoup à Calvin. L'interdiction de porter des ornements a mis fin à l'horlogerie genevoise qui s'est exilée à la Chaux de Fonds, alors sous l'autorité des ducs de Bourgogne. L'autre évènement fondateur de la ville actuelle est un incendie accidentel en 1794 qui brûla alors toute la ville, sans faire une seule victime. Il est décidé de la reconstruire selon un plan en damier, à la façon des villes américaines. Depuis, deux siècles, il y eut beaucoup de nouvelles constructions, mais le plan en damier est toujours respecté.
La ville compte près de 40.000 habitants, ce qui en fait la 13ème ville suisse (30% de la population est étrangère). Si l'horlogerie tient une part importante, des sociétés faisant appel à la mécanique de précision sont venues ces dernières années afin de profiter d'un personnel compétent.
Le gros point faible de la ville, tout de même, c'est le froid (brrrr...). Des moyennes négatives durant tout l'hiver, avec des printemps et des automnes pas chauds non plus. Il faut dire qu'à 1000 m d'altitude, y a pas de miracle...
Il faut vivre avec la neige. Durant l'hiver, les voitures ne peuvent se garer la nuit sur les axes de circulation histoire de laisser les chasse-neige faire leur boulot.
Dans la fontaine d'origine, il y avait de belles naïades dénudées. Les bourgeois étant choqués, elles ont été remplacées par des tortues plus politiquement correctes (mais qui auraient un sens caché que j'ignore).
Je suis allé à la Poste avec l'ami Laurent. Et là, surprise : la Poste vend des objets inattendus : téléviseurs LCD, ordinateurs, four à vapeur ... Inimaginable pour l'instant en France, mais allez savoir ce qui va se passer dans les prochaines années (ils commencent déjà à vendre de plus en plus de babioles).
Vous avez été patient jusque là à supporter mes bavardages. Place à la gourmandise : pour avoir exactement la même fondue que sur la photo ci-dessus, il faut suivre la recette qu'indique mon hôte d'un soir. Si ce n'est que ce ne sera pas facile de trouver les fromages (surtout le vacherin fribourgeois et la chaux d'Abel). Va falloir adapter.
Idem pour les vins suisses, quasi introuvables en dehors du pays. Il faut dire que la production est relativement confidentielle et très appréciée par les autochtones. Du coup, tintin pour les français. Et c'est bien dommage, car les rouges comme les blancs valent le détour.
Et puis il y a les liquoreux, d'une qualité souvent exceptionnelle. On en était pas loin avec cette marsanne (= ermitage) des frères Dutruy. Il est très rare de trouver en France des liquoreux issus de ce cépage dévolu aux vins secs, et c'est regrettable, car la palette aromatique navigant entre la truffe blanche et l'olive verte est fascinante.
Bon, je sais : je tourne autour du pot
alors qu'une question trotte dans vos têtes :
"Vas-tu t'exiler en Suisse ?"
Réponse toujours en suspens..