Entre les buildings de Shinjuku, un mégaphone grésillant se fait entendre. Cette fois, il ne s’agit pas de vendre un appareil photo dernier cri ou de vous attirer dans un bar à hôtesses. Le ton est agressif et des mots à consonance nationaliste résonnent. Trois types, habillés comme des Yakusas (cheveux plaqués en arrière, lunettes fumées et fines moustaches), beuglent leur haine des étrangers devant un drapeau aux couleurs du parti ISSUIKAI.
Issuikai a été formé en 1972 et se revendique de « nouvelle droite ». Contrairement à la droite traditionnelle, Issukai se dit « internationaliste ». Son leader, Mitsuhiro Kimura, preuve de son internationalisme sincère, a rendu visite en 2003 à Jean-Marie Lepen en France, comme l’évoque cet article du Japan Times.
L’ouverture du débat sur le droit de vote des étrangers a déchaîné l’opposition. Quelques bribes du discours entendu mardi : « les Japonais ne pourront plus exister dès lors que les Coréens et les Chinois présents sur le territoire pourront voter. »
Ce parti a par ailleurs tendance à réviser quelques pans de l’Histoire japonaise, comme le massacre de Nankin en 1937 ou autres atrocités commises par l’armée japonaise pendant la guerre. Alors que pendant la guerre froide, tous les partis de droite étaient farouchement anti-URSS et proaméricains, ce parti a toujours été américain… et antichinois. Aujourd’hui, alors qu’Hatoyama multiplie les efforts pour s’émanciper des Etats-Unis en renforçant les liens avec les pays d’Asie, Issuikai « ne veut pas avoir à s’incliner devant la Chine communiste ». Quelques images de cette étrange rencontre.