L'éveil

Voir sa vraie nature, c'est tout à coup avoir sa conscience retournée comme un gant.
Le centre de la conscience se vide alors du moi et un espace vacant et intensément vivant se révèle.
Ce n'est pas à proprement parler une expérience, même si cet événement parait tel à la pensée, du moins dans les premiers temps.
C'est plutôt la découverte du fond immuable sur lequel le monde et notre psychisme apparaissent. C'est l'être sans lequel il n'y a rien, et c'est le rien sans lequel il n'y a pas d'être.

Voir sa vrai nature est naturel, c'est-à-dire simple. C'est juste la prise en compte d'un fait  : personne ne regarde le monde et la vie se déroule dans la non-dualité.

C'est simple mais, en même temps, c'est au-delà du simple, car ce n'est jamais ennuyeux. D'abord parce que personne n'est là pour s'ennuyer et ensuite parce que la vision est toujours nouvelle.

L'éveil a toujours lieu maintenant, dans l'instant, pour la première fois.

Dans ce regard, qui n'appartient à personne, le monde s'envole soudainement dans un bruit d'ailes comme un couple de perdrix que le chien vient surprendre.

S'éveiller, c'est ainsi se tenir à l'origine de l'être, dans la Source et voir les choses venir de ce rien et y retourner.

Un émerveillement et une énigme.

josé le roy

(photo Ludovic)