Sarkozy, le 08 décembre 2009

Publié le 10 décembre 2009 par Juval @valerieCG

Le 08 décembre, Sarkozy a donc commis une tribune dans le Monde en partant du référendum suisse.

Réactions excessives, parfois caricaturales, à l’égard du peuple suisse, dont la démocratie, plus ancienne que la nôtre

Rappelons quand même qu’il n’y a pas à caricaturer ce qui n’existe pas. Si la Suisse applique cette votation, elle sera sans aucun doute en contradiction avec la CEDH. Affaire classée.

Je me souviens des paroles parfois blessantes qui ont été proférées contre cette majorité de Français qui avait choisi de dire non“.
C’est sûr que les actes n’étaient, eux, pas du tout blessants.

Pourquoi en Suisse, pays qui a une longue tradition d’ouverture, d’hospitalité, de tolérance, un tel rejet peut-il s’exprimer avec tant de force ?
Peut-être a cause de ceci ?
Notons au passage que l’un des membres de l’UDC, parti qui a lancé la votation sur les minarets, a dit du rapporteur “J’accepte qu’un représentant de l’ONU nous fasse des critiques puisque nous sommes maintenant Membres de l’ONU, mais c’est quand même le comble que ces remarques viennent d’un Sénégalais“.

Les peuples d’Europe sont accueillants, sont tolérants, c’est dans leur nature et dans leur culture. Mais ils ne veulent pas que leur cadre de vie, leur mode de pensée et de relations sociales soient dénaturés. ”
Il faudra un jour que l’on m’explique ce besoin de mettre le mot “nature” à toutes les sauces. Lorsqu’on emploie le mot “dénaturé”, je me permets de m’inquiéter d’ailleurs. Sarkozy présupposerait-il qu’il y aurait un cadre de vie, un mode de pensée qui n’auraient pas changé depuis quelques centaines d’années ? Et qui seraient, en quelque sorte encore à l’état de nature ?.

La clé de cet enrichissement mutuel qu’est le métissage des idées, des pensées, des cultures, c’est une assimilation réussie“.
Dans un système assimilationiste, Sarkozy aurait sans doute du s’appeler Dupont (et Zemmour aussi d’ailleurs).  Nous n’assimilons plus les gens, faut-il le répéter ; nous nous contentons que le contrat social soit respecté ; tu fais ce que tu veux dans le cadre de la loi (et ca vaut évidemment pour tout le monde).

Respecter ceux qui arrivent, c’est leur permettre de prier dans des lieux de culte décents.”
Pour Sarkozy, celui qui arrive, est, on l’aura compris, musulman. Et on l’aura compris, le musulman ne fait qu’arriver. Peu importe qu’il soit là depuis 30 ans, il arrive. Peu importe qu’il soit français ET musulman, il arrive.

C’est un principe de neutralité, ce n’est pas un principe d’indifférence.
Totalement faux. La laïcité ne fonctionne que lorsqu’on est indifférent à la religion. Je n’ai pas besoin de m’interroger pour savoir si Marie était vierge, si Mahomet a demandé aux femmes de porter le voile. Tout ceci est du dogme et je n’ai pas à m’en mêler. Nous avons juste à nous préoccuper de la légalité des actes. Si je m’enchaîne à une table d’hôpital parce que dieu est contre l’avortement, si je brûle  une femme car dieu est contre la lapidation, il n’y a pas à discuter de ce que dieu a dit ou pas. On juge les actes.

C’est faire siennes l’égalité de l’homme et de la femme, la laïcité, la séparation du temporel et du spirituel.”
On est d’accord. On attend donc que Sarkozy fasses respecter dans son parti la loi sur la parité au lieu de préférer payer des amendes (et donc se mette en accord avec la loi et le principe de l’égalité hommes femmes).
On attend donc aussi de lui, représentant du temporel, qu’il renonce à son poste de chanoine d’honneur de Latran ; il y a confusion des genres.
E évidemment il peut aussi dire que le discours de latran a dépassé sa pensée et qu’il n’a pas, ce jour là respecté la laïcité.

Mais je veux leur dire aussi que, dans notre pays, où la civilisation chrétienne a laissé une trace aussi profonde, où les valeurs de la République sont partie intégrante de notre identité nationale, tout ce qui pourrait apparaître comme un défi lancé à cet héritage et à ces valeurs condamnerait à l’échec l’instauration si nécessaire d’un islam de France qui, sans rien renier de ce qui le fonde, aura su trouver en lui-même les voies par lesquelles il s’inclura sans heurt dans notre pacte social et notre pacte civique.
Sachant que Sarkozy partait des minarets suisses, qu’entend il par “tout ce qui pourrait apparaître comme un défi” ?

Chrétien, juif ou musulman, homme de foi, quelle que soit sa foi, croyant, quelle que soit sa croyance, chacun doit savoir se garder de toute ostentation et de toute provocation et, conscient de la chance qu’il a de vivre sur une terre de liberté, doit pratiquer son culte avec l’humble discrétion qui témoigne non de la tiédeur de ses convictions mais du respect fraternel qu’il éprouve vis-à-vis de celui qui ne pense pas comme lui, avec lequel il veut vivre.
On attend donc bis repetita, que Sarkozy renie certains de ses discours sur le catholicisme.

Enfin il est bien gentil de ne parler qu’aux croyants ; on n’est pas tous dans ce cas et beaucoup d’ entre nous en ont copieusement marre des religions de tout poil.